Issu d'une famille de juristes et de médecins, Eugène Fromentin (1820-1876) était destiné au droit. Mais, cédant à la passion du dessin, il vient étudier le paysage à Paris, s'y lie d'amitié avec une jeune fille dont la mort brutale le bouleverse. C'est cet événement qui est à l'origine de Dominique, l'un des romans les plus originaux du XIXe siècle, dégagé des influences de la mode, des écoles. Tardivement publié, Dominique compose une autobiographie remaniée qui, dans un décor réaliste, présente des émotions nuancées et le désir d'une sagesse mélancolique soumise aux habitudes morales et à la fatalité de l'existence. Même s'il se dit plus à son aise en littérature et se tourne vers l'écriture pour exprimer ce que la toile ne peut montrer, pour ses contemporains, E. Fromentin qui vit de la vente de ses tableaux, est peintre davantage qu'écrivain. Flaubert et les Goncourts ne s'y sont pas trompés : ils soutiennent sa peinture, mais ce sont ses écrits qu'ils admirent. Le Salon de 1847 Attiré par l'Orient, E. Fromentin saisit l'opportunité de s'y rendre en 1846, et parcourt surtout l'Algérie où il accumule les dessins et les notes. Dès son retour, il expose au Salon (1847) une série de vues algériennes et une vue de la campagne rochelaise. E. Fromentin signale déjà qu'il ne sera pas seulement un peintre de scènes orientalistes. Ni par le sujet, même si les séries algériennes ou égyptiennes dominent sa production, celle-ci contient également des toiles mythologiques ou des paysages vénitiens. Ni par le traitement toujours éclectique qui prolonge les leçons des maîtres hollandais. Deux nouveaux voyages en Algérie, en 1847 et 1855, vont lui donner la matière de ses premiers livres publiés d'abord en feuilletons dans Le Pays : Un été dans le Sahara (1857) et Une année dans le Sahel (1859). Artiste recherché et décoré, Fromentin s'en tient à une peinture aisée et paisible. La guerre de 1870 et plus encore la Commune heurtent ses sentiments d'homme modéré, ordonné, catholique.