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Crime et châtiment
Publié dans Le Temps le 26 - 03 - 2010

Cette affaire concerne un crime crapuleux commis dans la banlieue Sud de Tunis à Radès exactement à proximité de la cité sportive.
Quatre inculpés ont été accusés de meurtre et de complicité.
Un tribunal pour enfants a déjà condamné le tueur principal à une peine de cinq ans de prison ainsi que son complice condamné également à la même peine.
Les deux autres inculpés sont adultes et c'est devant la chambre criminelle du tribunal de 1ère instance de Tunis qu'ils ont comparu en état d'arrestation.
Les deux sont âgés de 19 ans.
MB est élève en 3ème année secondaire dans un lycée libre
N est le gérant d'une salle de jeux.
Evoquons d'abord le cas de la victime.
Il s'agit d'un jeune homme ayant terminé ses études supérieures. Il a quitté l'université du Kef en 2006. Il est issu d'une famille nombreuse. C'est en arrivant près de sa famille dans la capitale qu'il a essayé de trouver du travail. Malgré ses diplômes il n'est pas arrivé à être embauché ce qui l'a poussé à accepter n'importe quel travail pourvu qu'il arrive à aider ses parents. Il a été recruté par une société située à la nouvelle Médina près de la cité sportive en tant que gardien de nuit. Il a pu s'acheter un vélo qui lui permettait de se déplacer à son travail.
Les inculpés
Le jour des faits MB a reçu un appel téléphonique de la part d'une de ses connaissances. MA c'est le meurtrier et qui a été déjà condamné par le tribunal pour enfants. Il lui a demandé de venir le rencontrer dans un café de la place. Il lui a demandé également d'amener avec lui un couteau. MB était étonné de cette demande et a carrément refusé. Il s'est présenté au lieu du rendez vous. Il a trouvé MA. Ce dernier était armé d'un couteau. MB et MA se sont dirigés à pieds vers une allée menant à la cité sportive. Un lieu ou quelques citoyens s'y rendent pour pratiquer la marche.
Le lieu était désert. Les deux amis discutaient à propos du manque de moyens matériels et qu'ils n'arrivaient même pas à trouver de quoi acheter une cigarette. Au même moment, ils voyaient un jeune qui venait en leur direction. Il conduisait son vélo. Arrivé à leur hauteur, les deux jeunes ont décidé de lui prendre son portable qu'il tenait en main. Ils l'ont donc obligé à s'arrêter. Pendant que MA lui parlait MB a essayé de lui enlever le portable. Il n'est pas arrivé car le jeune homme était assez costaud pour se laisser faire. C'est pendant cette querelle que MA lui asséna un coup de couteau en pleine poitrine. Le coup était tellement fort que le pauvre jeune homme a perdu connaissance. Il n'a pas mis longtemps pour passer de vie à trépas. Entre temps les deux agresseurs ont pris le portable. L'un d'eux a fouillé une des poches du pantalon de la victime, il a trouvé un billet de 20.Dinars qu'il a subtilisé et tout de suite après ils ont quitté la scène laissant leur victime gisant dans une mare de sang.
MB avait le portable. Le jeune tueur a pris les 20 Dinars. MB s'est dirigé vers N le gérant de la salle de jeux. MB lui devait la somme de 50 Dinars. Il est allé le voir dans la salle de jeux, l'a prié de le suivre dans un coin loin des regards et lui a remis le portable sans l'avoir informé de son origine. Il voulait le lui remettre en contrepartie de la somme qu'il lui devait. Poussant plus loin l'arrogance, il lui a demandé de lui remettre une somme d'argent. Cette demande a mis N hors de lui. Il a jeté le portable. Une dispute éclata entre eux. MB a pris le portable, l'a brisé en deux et est allé le jeter dans une bouche d'égout.
Le lendemain, MB a su que le jeune tueur ainsi que celui qui lui a donné le couteau ont été arrêtés. Il a de suite contacté N lui a donné un compte rendu des évènements et lui a demandé de l'accompagner pour quitter le pays en direction d'un pays voisin. Arrivés à Sfax, la mère de MB a prié son fils de se rendre à la police.
Cette dame a du accompagner les auxiliaires de la justice à Sfax où ils ont arrêté MB
Devant le tribunal MB a relaté les faits tels qu'ils se sont produits. N a nié toute implication dans ce meurtre. Il n'était pas présent. C'est MB qui est venu le voir pour lui proposer de prendre le portable en contrepartie de la somme qu'il lui devait, ce qu'il a refusé.
Quatre avocats se sont succédés pour défendre chacun son client.
Le premier avocat représentait les parents de la victime, qui s'étaient constitués partie civile.
L'avocat a mis en exergue les qualités du jeune disparu. Il a expliqué au juge les efforts consentis par toute la famille pour que le jeune homme accède au plus haut rang de l'université. Malgré le fait qu'il soit diplômé, il n'est pas arrivé à trouver du travail. Cela ne l'avait pas empêché d'accepter un métier harassant qui est celui de veilleur de nuit. L'avocat a demandé l'application de la loi et d'infliger aux tueurs la sanction qu'ils méritent.
L'avocat de MB, s'est dit infiniment attristé par la perte du jeune homme. Il comprend l'amertume et le chagrin des siens. Mais ceci n'empêche que l'accusé ne peut pas être seul devant les juges. La défense est appelée à éclairer certaines choses. L'inculpé MB bien qu'il soit impliqué dans cette affaire doit bénéficier des circonstances atténuantes. Il a refusé de prêter un couteau. Lors de l'altercation avec la victime, MB n'avait jamais pensé que Le jeune tueur allait utiliser le couteau pour tuer. Il était dans une situation assez perplexe qu'il ne savait plus ce qu'il devait faire. Le vrai reproche qu'on pourrait lui faire c'est d'avoir volé la victime. Pour ces raisons, l'avocat a prié les juges de prononcer une peine équivalente au délit de vol. La complicité dans le meurtre n'a pas été prouvée.
Deux avocats se sont succédés pour défendre N. Ils étaient unanimes pour disculper leur client des deux délits qui lui sont reprochés à savoir complicité dans le meurtre ainsi que dans le vol.
Rien dans les déclarations des accusés ni dans les faits réels ne pourrait être considéré comme étant une preuve de culpabilité. N est innocent. Il n'a pas participé au meurtre, ni au vol, par conséquent les deux avocats ont demandé l'acquittement.
Après les délibérations le tribunal a rendu son verdict :
MB a été condamné à une peine de 20 ans de prison ferme
N a été acquitté.


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