Le Temps-Agences- Dominique de Villepin a annoncé hier la création d'un mouvement politique en juin, affirmant encore davantage son ambition à deux ans de la prochaine présidentielle, en se livrant à un réquisitoire contre la politique de réformes "tous azimuts" de Nicolas Sarkozy. L'ex Premier ministre de Jacques Chirac, qui s'est posé depuis quelques mois en "alternative" au chef de l'Etat, a appelé à "un changement de politique" dans le pays, d'autant plus "indispensable" selon lui après la débâcle de la droite aux élections régionales. "J'ai le sentiment qu'au lendemain des élections, ce n'est pas une nouvelle politique, ce n'est pas un changement de politique qui a été choisi alors qu'il s'impose", a déclaré Dominique de Villepin lors d'une conférence de presse à Paris. "J'ai décidé de créer un mouvement politique, un mouvement libre et indépendant, ouvert à tous (...) au-dessus des clivages partisans, qui pourra rassembler toutes les bonnes volontés", a-t-il annoncé. "Servir la République, servir la France, c'est pour moi la clé de l'engagement politique", et "avec tous ceux qui nous rejoindront, nous porterons sur les fonts baptismaux ce mouvement politique le 19 juin à Paris", a-t-il ajouté. L'idée de ce "mouvement" n'est pas de proposer un programme "mais des pistes", a-t-il dit, d'apporter "une contribution tout au long de ces deux prochaines années", une manière de fixer l'échéance de la présidentielle de 2012 dans son viseur. Il s'agira "de défendre le moment venu nos idées et notre projet". Il a balayé toute une série de sujets allant de la nation, aux institutions en passant par la justice, et fixé "trois priorités" pour l'avenir : emploi, innovation, réduction des déficits. Pour lui la première partie du quinquennat de Nicolas Sarkozy a échoué à défendre la justice sociale. "On ne peut pas accepter de vivre dans un pays où des situations d'inégalité et d'injustice atteignent un tel niveau et c'est pour cela que je suis mal à l'aise dans la politique qui est menée par la majorité", a-t-il déclaré, ajoutant: "nous ne pouvons pas différer la réponse". Il a mis en cause "une politique de dispersion, de réformes tous azimuts incapable de choisir ses cibles et au bout du compte peu lisible". "Il faut avoir le courage quand on fait une politique à contre-temps de revenir dessus", a-t-il insisté. Dans le contexte de crise actuel, "quel est le sens du travail du dimanche (...) de l'exonération des heures supplémentaires", a demandé de Villepin, appelant aussi à "suspendre le bouclier fiscal", vilipendé à gauche, "augmenter la plus haute tranche de l'impôt sur le revenu, à 45%" et à "créer une surcote pour l'impôt sur les grandes sociétés de 10 à 15%... tout cela le temps de permettre aux Français de traverser une crise qui les éprouve les uns et les autres". Il a aussi proposé la "création d'une charte des salaires pour réduire l'écart entre les revenus". Il s'est posé en défenseur de l'Etat: "Un fonctionnaire sur deux ce n'est pas efficace (...) La politique du rabot n'est jamais, en ce qui concerne l'Etat, une bonne politique".