On peut reprocher à la Commission d'achat beaucoup de choses mais on ne doit en aucun cas, exiger qu'elle se plie à nos désirs et qu'on la taxe d'être à l'origine de nos échecs successifs. Cette commission achète des œuvres d'art pour l'Etat. Elle gère donc des deniers publics. Elle ne peut en aucun cas donner à ses membres, la possibilité de détourner des fonds même s'ils le voulaient. Mais elle peut générer le copinage, le favoritisme ou leur contraire. C'est-à-dire, l'occultation, la non reconnaissance, l'oubli ou le mépris volontaire. Nous l'avons souvent répété, la constitution de cette commission doit lui permettre d'agir librement après délibération et ses membres doivent donc être représentatifs de plusieurs courants artistiques parce qu'ils doivent conseiller l'Etat. Ils doivent être libres de leur action, de leur pensée, de leur choix puisqu'ils ont en main des deniers publics. Seulement voilà ce que le milieu plastique reproche à cette commission : lors d'une telle manifestation, elle a acheté pour 25 000 dinars à un seul peintre et pour seulement 5000 dinars à partager entre plusieurs autres. Elle a acheté pour 50 000 D à tel galeriste tandis qu'elle refuse d'aller dans telle autre galerie. Tout cela est sûrement vrai. Cela arrive dans les commissions les plus honnêtes du monde. Ce qui n'empêche qu'on doit signaler tout acte qui ne gère pas au mieux les deniers publics. Mais il faut aussi signaler que cette commission, dont la fonction sera toujours bancale tant qu'on n'aurait pas créé un Musée National d'Art, a donné naissance à des réflexes pour le moins bizarres pour ne pas dire malicieux, chez les peintres ou chez les pseudo. Certains mettent la barre haute pour que la commission achète des œuvres (qui généralement coûtent de zéro à 1000 D) à 5000 ou 10 000 dinars. Il est arrivé à une certaine période que la commission ait acquis des œuvres de cette façon mais depuis quelques temps, il semblerait qu'elle revoit systématiquement à la baisse les prix indiqués sauf pour quelques “favoris”… paraît-il. Certains “peintres” qui n'arrivent pas à vendre à d'autres, à part la commission, voient rouge quand cette dernière leur achète une œuvre de 1500 D et non celle qui “coûte” 6000 D. Il y a même qui ont poussé le bouchon jusqu'à provoquer un sit-in. C'est très bien. Les artistes doivent faire entendre leur voix. Mais franchement quand on n'arrive pas à se faire un nom, une clientèle à quarante ou cinquante ou soixante ans il est peut-être trop tard… et on ferait mieux de changer de métier. Et puis quand on est mauvais peintre, militer ne fera jamais de nous des génies.