La médecine scolaire doit s'adapter aux transformations de la société, et donc, aux nouveaux besoins des populations scolaires. Santé et milieu scolaire, deux termes indissociables qui préoccupent de plus en plus les parents, les spécialistes et même les autorités de tutelle. Les milieux scolaires pourraient être le terrain propice à la transmission et à la propagation de plusieurs maladies, d'où l'importance d'un suivi permanent et périodique pour mieux protéger cette tranche d'âge fragile. Toujours un sujet d'actualité, la santé scolaire suscite l'intérêt des médecins spécialisés dans le domaine, c'est ce qui les stimule d'ailleurs à mieux décrire cet environnement ainsi que la prise en charge des élèves à différents niveaux. Tout un recueil a été consacré à ce sujet. Rédigé par le Docteur Ahmed Ben Mahmoud, médecin major de la Santé publique et intitulé « Le pari de la santé scolaire en Tunisie. Réalité et perspectives », l'ouvrage traite la question avec pertinence. Le docteur a résumé la santé scolaire en Tunisie en huit chapitres, tout en parlant des acquis de la médecine scolaire et l'école ainsi que le nouveau contrat pour la santé. La planification sanitaire a été analysée par le spécialiste qui a aussi évoqué les nouveaux besoins et surtout la nouvelle approche des problèmes de santé à l'école. Par ailleurs, le Dr Ben Mahmoud, a expliqué dans les chapitres (V et VI) comment mieux adapter les réponses de santé à la population scolaire et mieux adapter le système de soins à la santé des adolescents et des jeunes sans oublier un autre point qui ne manque pas d'importance : l'éducation à la santé et la démarche pour l'adaptation des contenus. En fait, les élèves inscrits dans les écoles primaires ou dans les lycées souffrent de plusieurs maladies. La première est celle de « la carie dentaire ». « La seconde pathologie est constituée par les troubles de réfraction » ou les défauts visuels, d'après le Dr Ben Mahmoud qui précise aussi que les souffles cardiaques y compris les souffles fonctionnels sont dépistés chez 1 % des élèves inscrits dans les écoles. Ce chiffre est stable depuis des décennies. Et « si l'on considère la prévalence globale de la morbidité parmi les élèves de l'école primaire, c'est-à-dire la proportion des élèves porteurs d'une quelconque maladie, on constate que sur les dix dernières années, ce taux est en moyenne de 35 %. Si l'on excepte la carie dentaire et les troubles de la réfraction, la proportion des élèves porteurs d'une quelconque autre maladie chute aux alentours de 7 % », explique le spécialiste. Se basant sur ces indicateurs, le Dr Ben Mahmoud précise que « le caractère systématique de la visite médicale perdure en dépit de la réalité épidémiologique ». Toutefois, « elle n'est pas orientée » et « peut-être ne correspond-elle pas tout à fait aux besoins de santé prioritaires des élèves concernés ». Aller plus loin Un constat le moins que l'on puisse dire inquiétant. Car ces visites risquent de ne pas apporter des solutions pertinentes aux problèmes enregistrés dans le secteur. Elles doivent dépasser le simple diagnostic de maladies pour atteindre un aspect plus large et ce en mettant l'accent sur « les problèmes d'adaptation scolaire et sociale ». Citant des exemples dans ce sens, et pour mieux prendre en charge les élèves de la 3ème année de base, le spécialiste propose notamment de mettre l'accent sur « les possibilités d'adaptation psychosociale et scolaire ». « On devrait réfléchir sur les modalités de détection et surtout de prise en charge des troubles instrumentaux (la dyslexie…) et de l'apprentissage », recommande le Dr Ben Mahmoud. Il insiste par ailleurs sur l'importance d'accompagner les élèves en difficultés tout en restant vigilant aux signaux d'alerte tels que l'absentéisme, la baisse des résultats scolaires, les comportements violents, le repli sur soi, les problèmes relationnels avec les adultes et les pairs. « Un programme de prévention, devrait alors être négocié avec l'équipe éducative » pour remédier à cette situation et apporter un soutien aux élèves en difficultés. Il s'agit en fait de l'un des sujets analysés dans ce livre où l'écrivain fait à la fin une lecture dans les perspectives de la médecine et de la santé scolaire dans notre pays. « La santé scolaire qui a déjà acquis un droit de cité peut se développer », fait remarquer le Dr. Ben Mahmoud. Cependant, « les progrès enregistrés sont à approfondir et à moduler en fonction des transformations de la société et donc des nouveaux besoins des populations scolaires », recommande-t-il. Sana FARHAT --------------------------- Et les perspectives ? Le développement de la médecine scolaire en Tunisie est tributaire de plusieurs facteurs. A cet égard, le Dr, Ahmed Ben Mahmoud propose, notamment de mettre en œuvre des nouvelles modalités de travail fondées sur l'approche de santé publique et communautaire…comme il insiste aussi sur la formation des enseignants et du personnel de l'éducation en général dans le domaine de la prévention, de l'intégration de la santé dans la vie de l'école. « C'est même un impératif dont il faudrait tenir compte ». « L'éducation à la santé devrait essayer de prendre le pas sur l'information sur la santé. Et les équipes de santé scolaire doivent faire en sorte que l'éducation à la santé soit intégrée à la vie de l'école et des écoliers. Des efforts devraient être consentis sur les plans de la formation des personnels de la santé scolaire et de l'éducation, de la qualité des outils et des supports pédagogiques, de l'encouragement d'expériences locales prometteuses… ». Par ailleurs et « pour mieux adhérer à sa vocation éducatrice et promotrice de santé des élèves, l'école devrait se doter d'une capacité d'ouverture aux parents ainsi qu'aux autres partenaires et partant de là, à développer la volonté de passer des « contrats » avec eux, toujours dans le cadre du projet d'Etablissement… ».