A la crise économique aiguë que vit le Royaume-Uni, s'est probablement ajoutée, une autre, mais cette fois-ci d'ordre politique. Les élections législatives du 6 mai n'ont pas permis de dégager une majorité absolue permettant à l'un des partis concurrents de constituer le futur cabinet. Les conservateurs sont certes majoritaires à l'issue de cette consultation, mais ils ne peuvent à eux seuls gouverner. Les travaillistes quant à eux, ils sont parvenus à limiter les dégâts. Ils ont perdu, mais ils ont bien résisté évitant ainsi la débâcle qu'on leur promettait. Pour les libéraux démocrates, le résultat est loin d'être celui qu'ils attendaient. Dans les sondages d'opinion, ils étaient donné second juste derrière les Tories, mais le verdict des urnes n'a pas confirmé la tendance. Tout ceci pour aboutir à une situation d'incertitude que la Grande-Bretagne a vécue en 1974. Celle d'aujourd'hui promet d'être plus difficile à gérer avec la récession que connaît le pays. Mais dans tous les cas de figure, le pays s'achemine vers la constitution d'un gouvernement de coalition où les libéraux - démocrates - en dépit du nombre réduit de sièges gagnés - sont la pierre angulaire. Ils sont courtisés par les deux grands partis, ce qui leur permet d'avancer au plus loin leurs pions dans l'optique de tirer le maximum davantage quant à l'adoption par leurs futurs partenaires de plusieurs points faisant partie de leur programme politique. Etant les arbitres, ils savent qu'on a besoin d'eux. Certes leur préférence va au parti vainqueur de l'élection - en l'occurrence celui des Tories -, mais il n'est pas exclu qu'ils concluent une alliance avec le Labour. Ce dernier comme l'avait déclaré son leader, le premier - ministre sortant est disposé à gouverner avec eux. Pour le moment, c'est le parti conservateur qui est en négociation avec le parti libéral-démocrate, et tout dépendra de l'attitude de Nick Clegg, son secrétaire général qui tout en étant disposé à former une alliance avec David Cameron, pour gérer les affaires du pays, fait preuve d'une grande fermeté sur ses positions qui avaient fait l'objet de promesses durant la campagne électorale durant laquelle une bonne partie des Britanniques a jugé son discours, réaliste et convaincant. Cela étant, le problème qui se pose, au-delà des questions économiques et sociales auxquelles est confronté le pays est plutôt d'ordre politique : les libéraux démocrates exigent, une réforme du mode de scrutin mi-nominal, qu'ils jugent défavorable à leur parti, les privant d'une plus grande représentativité au parlement. La consultation du 6 mai les a confirmé dans cette conviction. Ainsi, le programme politique qui sera celui de la future coalition gouvernementale devra clairement indiquer un changement du mode de scrutin pour introduire la proportionnelle, qui sans doute changerait davantage le paysage politique lors des prochaines élections. Mais, les travaillistes, comme les conservateurs, ont préféré jusqu'ici ne pas se prononcer sur la question, d'autant que le scrutin uninominal est à leur avantage. Y aura-t-il compromis sur le sujet ? De la réponse à cette interrogation dépendra, l'émergence ou non d'une coalition gouvernementale. Car il n'est pas aussi exclu de voir David Cameron décider en cas d'échec des négociations la formation d'un gouvernement minoritaire au risque de faire entrer le royaume dans une crise politique aux conséquences imprévisibles par ces temps de crise. En face le Labour est-il prêt à des concessions ? Rien n'est moins sûr, d'autant qu'après la défaite dans les élections, il lui sera difficile d'aller sur le terrain voulu par les libéraux-démocrates et qui n'arrange en rien ses affaires.