Un concours de voix d'opéra sera organisé les 26 et 27 juin au Centre culturel international de Hammamet. Cinquante heures de musique seront célébrées dans la ville côtière. L'évènement n'est qu'une des activités préparant l'ouverture de la Cité de la Culture de Tunis. Ce projet ambitieux de 49000 mille mètres carrés rassemblera une bibliothèque, une cinéthèque, un musée, un espace dédié au théâtre, des salles de débats, des ateliers de danse, de peinture, un opéra, etc. Tout ce qui relève du domaine de la culture et des arts serait à la portée des Tunisiens dans cet espace multimédia. Verra -t- on un jour proche les Tunisiens tenant une longue file afin de goûter à un Opéra ; les jeunes se donneront-ils rendez-vous un samedi soir devant le théâtre de la ville ? Ou alors prend-on le risque de nous trouver dans une ville fantôme où erreraient quelques âmes intellectuelles ? Le projet a mobilisé un important budget de la part de l'Etat. Il a également nécessité une sérieuse préparation de la part des responsables qui travaillent depuis deux ans sur les stages, les formations, les études, etc. afin de se donner les plus larges chances de succès. Mais voilà qu'un sondage effectué sur 1029 Tunisiens, dans le cadre d'une enquête officielle effectuée en 2009, démontre que 75% ne fréquentent jamais de bibliothèque ; et que 22.74% n'ont jamais lu un livre ; que 56% des Tunisiens consacrent moins de 30 dinars par an pour acheter des livres ! Quant au théâtre, nous avons certes quelques productions de One Man Show, mais il faut que ça fasse rire pour plaire aux Tunisiens... Nous comptons une riche production théâtrale et des artistes reconnus à l'échelle arabe et même mondiale, seulement on ne peut pas dire que le théâtre soit un art populaire dans notre pays. Seuls quelques initiés le savourent... Aussi, le piratage des DVD remplace largement les salles de cinéma qui sont dans un état de vétusté plus que critique… Certes, l'Opéra est magique pour certains, une musique synonyme de bon goût et de raffinement pour d'autres, mais c'est un genre qui demeure bien loin d'être populaire en Tunisie. Le Tunisien moyen débourserait plus que 30 dinars par semaine pour se nourrir, se vêtir ou pour les cafés... Il n'écoute pas l'Opéra ; n'a pas l'habitude d'aller ne serait-ce qu'une fois par mois au théâtre ou au cinéma. Il fréquente les musées en général dans son enfance… Cependant, loin de noircir le tableau, la Cité de la Culture pourrait réveiller la curiosité des Tunisiens, éduquer leur regard et aiguiser leur sens artistique. Le projet serait alors un pôle culturel non seulement à l'échelle de la Tunisie où il aura de toute façon beaucoup à offrir à nos concitoyens, mais également au-delà de nos frontières. A l'ère du tourisme culturel, c'est un pari gagnant.