Les noms des cinq lauréats ont été annoncés le 12 septembre par la Japan Art Association à Tokyo. Considéré par certains comme le prix Nobel dans le domaine des arts, le Praemium Imperiale revendique d'être la plus haute et la plus prestigieuse récompense au monde dans les disciplines artistiques Peinture, Sculpture, Architecture, Musique et Théâtre/Cinéma. Chaque lauréat recevra de la part du prince Hitachi, parrain d'honneur, une médaille et la somme de 15 millions de yens (150 000 euros) lors de la cérémonie officielle en octobre.
Les lauréats du Praemium Imperiale 2012 se nomment Cai Guo-Qiang pour la peinture, Cecco Bonanotte pour la sculpture, Henning Larsen pour l'architecture, Philip Glass pour la musique et la danseuse Yoko Morishita dans la catégorie Théâtre/Cinéma. Selon l'organisateur, les artistes ont mérité leur distinction « pour leurs réalisations artistiques, leur contribution au monde des arts sur le plan international et l'enrichissement qu'ils ont apporté à l'humanité dans son ensemble ».
Le peintre Cai Guo-Qiang est le premier lauréat chinois du Praemium Imperiale. Né le 8 décembre 1957 à Quanzhou, il décrit, dans le communiqué de presse, cette ville côtière de la manière suivante : « Toutes sortes de cultures y cohabitaient – la culture chinoise, la culture occidentale, la culture musulmane ou encore la culture bouddhiste. Le climat d'ouverture qui régnait sur ma ville natale a eu une portée considérable sur ma créativité. » Depuis 1995, Cai s'est installé à New York, tout en maintenant des relations étroites avec la Chine et le Japon. Il est devenu célèbre en utilisant de la poudre à canon pour provoquer des explosions sur ses toiles et, plus tard, de mettre en scène des explosions à grande échelle. Il a remporté un Lion d'or à la Biennale de Venise en 1999 et fut, en 2008, le premier artiste chinois doté d'une rétrospective au musée Guggenheim de New York. La même année, lors des cérémonies d'ouverture et de clôture des Jeux olympiques de Pékin, il a hissé la pyrotechnie au statut d'art à part entière.
Le sculpteur Cecco Bonanotte entretient depuis longtemps des relations intimes avec le Japon. Il a son propre atelier à Tokyo et s'inspire des jardins des temples Zen. Considéré comme « poète de la forme » et « maître de la sculpture figurative », Bonanotte définit sa démarche artistique ainsi : « Les abysses de la psyché humaine sont parcourus d'émotions profondes, telles que la joie, le chagrin et l'amour. Je voudrais donner par la forme un prolongement de ces émotions profondes de l'homme ». Né le 24 août 1942 à Porto Recanati, une petite ville du centre de l'Italie, il a créé en 2000 la Porta Nuova pour la nouvelle entrée des Musées du Vatican. En 2006 il a réalisé le portail de bronze du musée du Luxembourg à Paris avant de se concentrer sur l'Apocalypse pour le baptistère de l'église Santa Croce de Vinci, inauguré en 2010.
L'architecte Henning Larsen est le premier Danois à se voir attribuer le Praemium Imperiale. Aujourd'hui âgé de 87 ans, il encourage beaucoup les jeunes générations avec sa Fondation Henning Larsen. Au cœur de Copenhague, il règne en « maître de la lumière ». Sa manière spécifique de travailler la lumière s'explique, selon lui, de la situation géographique de sa ville natale Videbaek, situé dans une région faiblement peuplée à l'ouest du Danemark : « Le temps change constamment au Danemark et crée un véritable théâtre de la lumière. Tantôt de larges rayons de soleil viennent percer les nuages, tantôt c'est une lumière presque horizontale qui domine le ciel du soir sous un toit de nuages gris. » Parmi ses plus grandes réalisations architecturales se trouvent le ministère des Affaires étrangères d'Arabie Saoudite à Riyad (1984), la Bibliothèque de Malmö (1997) et l'opéra de Copenhague (2005).
Le musicien et compositeur Philip Glass figure parmi les compositeurs les plus influents de la musique contemporaine. A l'origine d'œuvres révolutionnaires comme One Plus One, créée en 1968à New York, ou l'opéra Einstein On The Beach, coproduit avec Robert Wilson lors du Festival d'Avignon en 1976, il a été aussi récompensé en 1999 avec un Golden Globe pour la Meilleure Musique originale pour le film The Truman Show de Peter Weir. Glass réfute le label « musique minimale » et préfère parler d'une musique basée sur des structures répétitives. Né le 31 janvier 1937 à Baltimore, aux Etats-Unis, Glass part en 1964 étudier Bach, Mozart et Beethoven au conservatoire américain de Fontainebleau, près de Paris, sous la direction de Nadia Boulanger. C'est aussi à cette époque qu'il voyage en Afrique du Sud, en Asie, en Himalaya et en Inde où il rencontre la personne et l'univers de Ravi Shankar : « J'ai appris comment la structure rythmique de la musique pouvait à elle seule déterminer la forme entière de la musique ».
La danseuse japonaise Yoko Morishita est la lauréate dans la catégorie Théâtre/Cinéma. Surnommée « danseuse étoile du monde », elle a été ovationnée sur les plus grandes scènes du monde. La petite danseuse d'un mètre cinquante a partagé plus que 200 fois la scène avec Rudolf Noureev avant de devenir la partenaire de Jorge Donn dans le ballet Light du chorégraphe Maurice Béjart. La légendaire Margot Fonteyn était son professeur particulier. Née le 7 décembre 1948 à Hiroshima, Morishita a fait ses études à Tokyo et aux Etats-Unis avant de gagner la Médaille d'or au concours international de ballet de Varna en Bulgarie et étudier à Monaco. Elle était la première Japonaise à danser à l'Opéra de Paris et à s'imposer sur la scène internationale. Depuis 2002, elle est membre de l'Académie japonaise des Arts.
Parmi les 119 artistes décorés lors des précédentes 23 éditions se trouvent aussi de nombreux Français comme les peintres et plasticiens Daniel Buren, Pierre Soulages, Christian Botanski, les architectes Jean Nouvel, Renzo Piano, le chef d'orchestre Pierre Boulez ou le cinéaste Jean-Luc Godard.
La cérémonie de remise de prix aura lieu le 23 octobre à Tokyo. (RFI)