Les événements tragiques qui viennent d'endeuiller la ville de Sfax se sont soldés par un bilan très lourd : 07 morts et 32 blessés dont certains seraient dans un état critique. Le recoupement de témoignages permet d'imputer le drame à la mauvaise organisation. Selon des témoignages concordants, la fête avait commencé trop tôt et plus précisément vers le coup de 20 h 53 mn. A ce moment-là, le théâtre de plein-air de Sidi Mansour était déjà à la limite de sa capacité d'accueil, estimée à 9000 places, alors qu'une marée de gens, estimée à quelque sept mille personnes, dont bon nombre était en possession de leur billet,n'avait pu accéder à l'enceinte de l'espace.
Pourtant, rien ne présageait une telle catastrophe. En effet, la fête débuta dans une ambiance de liesse. Le public était quasiment sous le charme, voire pris de délire lorsque le groupe des vedettes entonna « Jina Nghanni » avant de conquérir les cœurs avec la chanson :« Messinakoum y a Ahl Eddar ». La foule compacte allait par la suite vibrer au son d'une chanson d'Assala Nasri, interprétée par la jeune irakienne Chadha qui céda les micros au trio Maroua, Thina et Saly lesquelles interprétèrent une chanson empruntée au répertoire de Nancy « Y a tabtab » avant de céder la place à leur tour au duo Ahmed et Carlo qui n'eurent pas le temps de finir leur spectacle à cause des événements tragiques sus-mentionnés. Il serait utile de préciser que le désordre et l'anarchie sont à l'origine de la tragédie avaient déjà commencé vers le coup de 21 h10 mn , lorsque le trio Maroua, Thina et Saly donnaient leur représentation, pour aboutir à ce qui allait être le comble de l'horreur. En effet, pendant que la foule très dense estimée à plus de 9000 personnes suivait le spectacle, une marée humaine estimée à quelque 7000 ou 8000 personnes dont bon nombre était muni de son billet restait dehors faute de places. Déjà à bout de patience en raison du long bouchon et de la longue attente car l'entrée se faisait par une seule porte , pour canaliser le flot de spectateurs, le public, déjà dépité de ne pas être de la fête a vite fait d'enfoncer une deuxième porte pour se ruer en masse sur les gradins. La bousculade monstre qui s'ensuivit allait être fatale, provoquant à son tour une dégringolade massive. Les corps allaient se précipiter dans une confusion totale donnant lieu à un spectacle de cauchemar. La scène faite de corps piétinés baignant dans des mares de sang, de sacs et de chaussures éparpillés, de corps inertes était pour le moins insoutenable. « C'était l'épouvante au vrai sens du terme », racontent unanimes nos témoins. En dépit des efforts fournis par les sauveteurs dépêchés sur les lieux, 6 personnes dont 4 jeunes filles, une femme d'une trentaine d'années et un garçon d'une douzaine d'années sont décédées sur le coup, alors que deux autres allaient succomber à leurs blessures sur le chemin de l'hôpital. « Le garçon dont j'ai su plus tard qu'il fêtait ce soir-là son douzième anniversaire était défiguré, complètement méconnaissable. Il avait, paraît-il, les cervicales rompues car sa tête pendait lamentablement », précise une jeune fille qui avait frôlé la catastrophe : « J'ai eu une chance inouïe parce que j'avais été miraculeusement inspirée de me déplacer de sorte à éviter d'être sur la trajectoire du flot déversé par la porte enfoncée », ajoute-t-elle. Aux dernières nouvelles, le nombre de personnes décédées s'élève à sept, et le nombre de blessés est de 31 dont 16 suivent encore des soins à l'hôpital alors que les 16 autres ont été autorisés à regagner leur domicile. Les personnes retenues au CHU Habib Bourguiba sont admises dans les services de réanimation de chirurgie générale et de chirurgie maxillo-faciale. D'autres blessés ont été acheminés vers des cliniques privées. Concernant les 16 personnes hospitalisées, M. Mustapha Harabi, directeur régional de la Santé Publique précise : « l'état de ces malades n'inspire aucune inquiétude à l'exception de trois patients dont une personne âgée, dont l'état sans être critique, nécessite une hospitalisation plus prolongée». Fortement secouées et encore sous le choc, les personnes présentes la nuit du drame pointent un doigt accusateur à l'organisation. Elles estiment que les dispositions prises n'étaient pas à la hauteur de l'événement. On déplorerait même certains accidents de la circulation qui seraient à l'origine de blessures plus ou moins graves. Certains témoins font également état de scènes déplorables de vols à la tire et d'autres actes immoraux tel le jet de canettes de bière. Mais ce qui est sûr, c'est que les accès au théâtre de plein-air demeurent insuffisants et gagneraient à être multipliés car tous les témoins s'accordent à dire que l'encombrement et les embouteillages suite aux événements tragiques ont contribué à aggraver la situation qui était déjà complexe. La visite, sur instruction du Président de la République, respectivement, des ministres de l'Intérieur et du Développement Local et de la Santé Publique a été appréciée à sa juste valeur par les citoyens, sachant qu'une enquête a été ordonnée pour jeter toute la lumière sur les causes du drame.