L'emploi est l'un des plus grands défis que doit relever la Tunisie. L'augmentation du nombre des diplômés, la spécialisation, la mondialisation, la crise économique confèrent davantage d'acuité à la question. Consciente de l'importance de l'intégration des diplômés dans le domaine de l'emploi, des défis économiques et sociaux qu'il enduit et de l'impact de l'immigration, l'Organisation Arabe du Travail a présenté hier et en collaboration avec l'Union Générale Tunisienne du Travail, son deuxième rapport de l'emploi. Le rapport porte sur la réalité socio-économique arabe en se basant sur les données du chômage, des moyens à mettre en œuvre pour le limiter à travers une collaboration arabe qui concentrerait ses dispositifs et ses capacités en matière de ressources humaines. Il comprend par la même occasion neuf thèmes dont la crise économique et son impact sur l'emploi et le chômage dans le monde arabe et le travail commun arabe sur la législation et les procédures. Les défis, l'impact et les solutions contre la pauvreté font également partie des thèmes évoqués dans le rapport. On y retrouve aussi le thème de la production dans le monde arabe et celui de la classification des tâches pour l'année 2008 et l'action commune arabe dans la qualification et les normes professionnelles. Le rapport porte également sur la formation professionnelle et l'enseignement dans les pays arabes et sur le marché du travail dans le monde arabe. Le dernier thème évoqué est celui de « la culture du travail » dans le monde arabe. Il est essentiel de noter par ailleurs que l'impact de la crise économique est passé par trois étapes consécutives. La première étape est une crise des prix de consommation notamment pour les aliments, huile, riz et blé, ainsi que pour les énergies et minéraux, en outre l'iron. La deuxième étape est celle de la crise financière globale et pour finir, la réduction des prix standards du pétrole en marge de la crise financière mondiale. Le taux de croissance mondiale a baissé de 5.2% en 2007 à 3% en 2008 et il est probable qu'il atteigne 1.1% en 2009. Il sera néanmoins suivi d'une montée – en douceur – en 2010 pour se situer à 1.3%. En Afrique, le taux de croissance a atteint 6.3% et chuté à 5.2% en 2008. En 2009 le taux de croissance était de 1.7% et il est attendu qu'il remonte à 4% en 2010. L'impact de la crise sur la globalité des pays arabes a par ailleurs été amorti, grâce, entre autres, au « boom pétrolier » des années 2003 – 2008. La crise financière a suscité beaucoup d'études et d'analyses surtout après sa transformation rapide en crise économique et ensuite en une crise de l'emploi. Les pays arabes ont fait face à la crise en procédant de la même façon mais la coordination manquait, à l'opposé des pays européens ou ceux de l'Amérique Latine. Le sommet du Koweït a alors eu comme objectif de fixer le mode de collaboration minimale pour faire face ensemble à la crise. La pauvreté est déterminée selon le critère de la nourriture, à voir consommer moins de 2400 calories par jour et de 1800, en cas de pauvreté extrême, mais également en se basant sur les critères des vêtements, de l'habitat, du transport, de l'eau, de l'électricité, de l'éducation, des soins médicaux… En Tunisie, le seuil de la pauvreté est atteint quand le salaire est au-dessous de 360 dinars. Le taux de pauvreté a diminué de 1.2 millions de pauvres en 1975 à 376.000 en 2005. La classe moyenne connaît par ailleurs une expansion. En 2005, elle brassait les 81.1% de la population. Hajer AJROUDI L'impact de la crise mondiale sur la Tunisie
- 4213 employés ont perdu leur travail à cause de la crise. Néanmoins, aucune perte n'a été enregistrée depuis juin 2009. - 10927 ouvriers travaillant dans 42 entreprises ont connu le chômage technique pour une durée entre 10 jours à deux mois, et ce de janvier jusqu'à décembre 2009. - 70116 ouvriers se sont vu diminuer leurs heures de travail de 5 à 24 heures par semaine pour une durée d'un mois à 3 et ce, dans 195 entreprises - Bizerte, Monastir, Sousse, le Grand Tunis, Nabeul et Zaghouan sont les régions les plus touchées par la crise. Notons que les sociétés tunisiennes totalement exportatrices ont été les plus affectées (le nombre a augmenté de 2 en 2008 à 97 en 2009). Bizerte vient en tête des zones affectées avec 58 entreprises – d'un total de 287 – ensuite vient Monastir avec 44 entreprises, Ben Arous avec 31 entreprises, puis Nabeul avec 29 entreprises, 28 entreprises à l'Ariana, 18 à Tunis, 17 à Zaghouan et 13 à Manouba (…). - Les secteurs les plus touchés sont le textile, avec 143 entreprises affectées, l'électronique et les fils électriques avec 55 entreprises, le recyclage du plastique – 22 entreprises – le cuir et la fabrication des chaussures avec 21 entreprises.
Le plan de riposte
Le 30 décembre 2008, une loi a été décrétée en Tunisie pour faire face à la crise de l'emploi. La dite loi a été modifiée en 2009 et stipule que l'Etat participe aux frais de la caisse sociale dans le remboursement que versent les entreprises aux travailleurs. Il participe de 50% en cas de diminution d'heures de travail et verse 100% en cas de chômage technique. Cette procédure a été appliqué pour 69095 employés d'une totalité de 724549 travaillant pour 209 entreprises et ce jusqu'au 11 décembre 2009. Le textile et l'électronique sont les secteurs qui ont profité le plus de cette loi. Source : Union Générale Tunisienne du Travail.