C'était un tout petit jardin triangulaire entouré d'un muret en pierre calcaire sécurisé par une installation en fer carré. Au milieu du jardin trônait la statue de celle que nous appelions la Maria Africaine. Enfants nous ne connaissons pas son histoire mais cette statue bédouine « Samba » va donner son nom à tout le quartier où elle avait pris racine. Vers les années 70 - 80, la statue disparut on ne sait pour quelle raison. Certains disaient que parce qu'elle était un symbole du colonialisme, d'autres parce que les icônes étaient contraires aux principes de l'Islam. Peu importe! Un beau jour, notre professeur d'histoire, le très regretté Si Lahbib Hamza remarqua un drôle de manège devant l'entrée de la Médina (La Skifa El Kahla). Deux hommes s'échinaient à faire monter la statue de la bédouine dans un camion. Il arrêta net l'action de deux gaillards qui se révélèrent, après quelques questions, être des escrocs de bas étage, en supposant qu'il y a un haut niveau pour ce genre de lascars. Le premier, petit fonctionnaire à Mahdia, avait conclu un marché avec l'autre qui était de Monastir. Cela consistait à céder à ce dernier la samba pour trois mille dinars. Si Lahbib leur prit leur butin et l'installa dans le petit musée de Dar Himma à quelques cinquante mètres de la Skifa. Il m'informa que l'un des bras de la statue était cassé. Quelques années, plus tard, cherchant après la Samba, on m'informa qu'elle était déposée dans la fourrière municipale. Au mois de juillet 2010, je sus qu'elle est censée demeurer encore dans la fourrière (ou le parc) municipal mais que ses deux bras étaient cassés. Heureusement qu'elle n'en avait pas trois. J'eus à la même période l'occasion de découvrir par un membre de la famille l'héritage de deux fameux instituteurs du siècle dernier. Si Ali Sghir et Si Moncef Sfar. Parmi les livres, les photos et les papiers qu'ils ont laissés, il y avait le texte suivant signé par le Maréchal Pétain et révélant la véritable histoire de la statue de la bédouine qui est, à notre connaissance, la seule icône offerte à un pays musulman par la France. « Discours prononcé lors de l'inauguration de la statue d'une femme Tunisienne à Mahdia par le Maréchal Pétain, chef d'Etat français, gouvernement de Vichy en 1940 (Mahdia le 11 octobre 1924 à 11 heures du matin). Tunisiens, Français, amis sincères de la France et résidents en Tunisie. Suis envoyé spécial par Monsieur Raymond Poincaré, président de la République, l'assemblée nationale et le gouvernement, pour vous apporter le salut et les remerciements de toute la France. Tunisiens, Français, Je vous remercie de l'accueil chaleureux que vous m'avez réservé. Ce jour reste dans l'histoire de cette ville de toute l'Afrique, le gouvernement français a décidé de construire dans cette ville seulement, la statue d'une femme tunisienne habillée à la mode traditionnelle du pays, à la mémoire de ses fils qui sont morts glorieux étant été placés en ligne première, ont fait brèche en avant des troupes françaises et alliées d'après la dernière offensive que j'ai lancée le 30 octobre 1919, avec leurs canons 75 et ont écrasé les armées allemandes qui ont reculé jusqu'à la frontière étant demandé par l'armistice signée le 11 novembre 1919. Je m'incline devant les tombes de ceux qui sont morts à Verdun. Vive la France, vive la Tunisie, L'amitié Franco-Tunisienne. La ville et le Caïdat de Mahdia à leurs morts glorieux de la grande guerre 1914-1918 Dicté par le 1er médecin de Mahdia M. Germain Marini, 2ème vice président de la municipalité de Mahdia (1945-46) Rapporté par l'historien : Ahmed Ben Rejeb Khouadja – Mahdia Statue des femmes : Mabrouka et sa sœur Mbarka, de la région d'El-Jem, les deux ont perdu leurs enfants dans la bataille de Verdun » Qui sortira la statue de sa fourrière ? Il paraît qu'il y a un Musée à Mahdia. Elle aimerait bien y habiter.