La culture de l'échec ; l'exaltation de la médiocrité ; le déni, la condamnation même de l'histoire et un monstrueux parjure : voilà comment on somme l'équipe nationale de football de s'immoler sur l'autel du ridicule ! Nous sommes en plein surréalisme. Alors que tout avance dans ce pays ; alors que tous les moyens sont consacrés à la vitalité de la jeunesse, voilà que dix millions de Tunisiens sont pris de court par une sélection qui va à reculons. Et pourtant le miracle sportif tunisien est bien là ; il est bien réel. Infrastructure que beaucoup de pays développés nous envient ; instituts sportifs hautement performants ; filières et stratégies visant toutes, l'affirmation d'un véritable sport d'élite selon les standards internationaux. Tout cela passe inaperçu quand l'Equipe Nationale se met en retrait par rapport à cette dynamique. Or l'équipe nationale engage le prestige de la nation. C'est notre emblème. Et elle est – chez nous comme ailleurs – la face émergée de l'Icerberg. Sinon, elle représente l'arbre qui cache la forêt, quand tout va pour le mieux pour elle et que les autres composantes du sport boitent. C'est justement à cause de cet impact qu'elle exerce sur l'imaginaire collectif, sur un certain équilibre et une cohésion sociale que l'équipe nationale est aussi une affaire de politique. Et si un bureau fédéral n'en intègre pas l'extrême délicatesse, l'extrême sensibilité (politique), eh bien il n'est pas dans l'objectif. Au point où nous en sommes, il est clair que l'Equipe Nationale est quelque part instrumentalisée et qu'autour d'elle gravitent des espèces de flibustiers de l'enfer comme dans la Comedia del Arte de Dante ; l'exutoire des opportunismes ; le défilé de la vanité des choses, en fin de compte. De qui se moque-t-on ? Alors que la Tunisie sportive est dépitée, le bureau fédéral nous annonce que Marchand a tout juste été sermoné ! Camouflage. Saupoudrage pour le moins ridicule. On sait que pour licencier Marchand, il faut l'indemniser avec quelque chose comme un million de dinars ! Dans les deux cas de figures, qu'il reste (avec désastre à la clé) ou qu'il s'en aille, c'est la somme à payer. C'est-à-dire l'argent du contribuable. Pourtant les Tunisiens feraient des folies pour le rayonnement de leur équipe nationale. L'Etat et eux y mettent le prix qu'il faut. Mais pas pour implanter la culture de l'échec !