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“Les pays de l'OCDE ont une grande part de responsabilité dans la situation actuelle”
Finances : Patrick Artus, professeur à l'Ecole Polytechnique, professeur associé à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne et directeur des études à la banque “Natixis”
Publié dans Le Temps le 28 - 09 - 2010

Propos recueillis par Kamel BOUAOUINA - “L'onde de choc n'a pas touché les pays du Maghreb” - Alors qu'il y a trois mois, on agitait l'épouvantail de l'inflation, c'est aujourd'hui le spectre de la déflation qui plane sur les économies occidentales qui présentent toutes les caractéristiques d'une économie en déflation : faiblesse de la demande ; activité économique au ralenti ; inefficacité des politiques économiques pour faire repartir l'activité ; chômage et sous-utilisation des capacités conduisant à une inflation très faible.
De ce fait, les taux d'intérêt réels (une fois l'inflation prise en compte) sont anormalement élevés, ce qui augmente l'endettement et renforce le recul de la demande. Comment en est-on arrivé là ? Cette déflation risque-t-elle d'annihiler toute tentative de relance de l'activité économique ? Y a t-il un risque de transmission de la déflation au pays du Maghreb ? Les explications de Patrick Artus professeur à l'Ecole Polytechnique, professeur associé à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, membre du Conseil d'analyse économique, du Cercle des économistes et membre de la Commission économique de la Nation. Il est également ancien administrateur de l'INSEE.Spécialiste en Economie internationale et en Politique monétaire, Patrick écrit régulièrement des chroniques et points de vue dans Le Monde et Les Echos. Il est actuellement directeur des études à la banque Natixis.
Le Temps : Qu'est-ce que la déflation ?
P.Artus : La déflation est une situation où la faiblesse de la demande (consommation, investissement, achats de logements) conduit à une inflation négative. De ce fait, la politique monétaire devient inefficace et même déstabilisante puisque les taux d'intérêt nominaux devant rester positifs, les taux d'intérêt réels (corrigés de l'inflation) augmentent, ce qui fait reculer les prix de l'immobilier, les prix des actifs financiers.
L'économie mondiale présente-t-elle toutes les caractéristiques d'une économie en déflation?
L'économie mondiale se rapproche d'un équilibre déflationniste à cause de la situation de pays de l'OCDE, malgré la croissance forte des pays émergents et des pays exportateurs de pétrole. Aux Etats-Unis et en Europe, on observe maintenant la même configuration qu'au Japon depuis la fin des années 1990 : les ménages et les entreprises se désendettent, donc la consommation et l'investissement s'affaiblissent, le chômage monte ce qui freine les salaires et conduit vers une déflation.
Cette déflation risque-t-elle d'annihiler toute tentative de relance de l'activité économique ?
Le problème avec une déflation est que les politiques économiques traditionnelles sont très inefficaces pour en sortir. La politique monétaire, on l'a vu, ne fonctionne plus lorsque l'inflation est très faible ou négative, puisqu'on atteint un seuil pour les taux d'intérêt nominaux en-dessous desquels ils ne peuvent plus diminuer (aujourd'hui de 0,1 à 1% pour les taux d'intérêt à court terme ; de 1% à 2,5% pour les taux d'intérêt à long terme). La politique budgétaire (les déficits publics) peut-être substituée à la demande des ménages et des entreprises pendant de courtes périodes de temps (1 an), pas pendant la longue période de désendettement qui est en train d'apparaître (déjà plus de 2 ans) en raison de la hausse qui devient insupportable de déficits publics et des dettes publiques. C'est bien la situation observée aujourd'hui en Europe et qui force les gouvernements à passer à des politiques de réduction des déficits publics.
Comment sortir de cette dynamique déflationniste ?
Les gouvernements et les Banques Centrales peuvent alors passer à des "politiques non conventionnelles" : injections massives de liquidités, achats de titres financiers par les Banques Centrales pour faire baisser les taux d'intérêt sur tous les types d'actifs, les primes de risque. L'expérience récente et celle, depuis 15 ans, du Japon ont montré le caractère peu efficace de ces politiques. Il faut sans doute se résigner d'une part à ce que le moteur de la croissance dans les pays de l'OCDE devienne les exportations vers les pays émergents, d'autre part, à attendre que le désendettement des ménages et des entreprises soit suffisant pour qu'ils puissent à nouveau accroître leurs dépenses.
Y a-t-il un risque de transmission de la déflation au pays du Maghreb?
Nous cherchons à savoir si le choc qui a touché à des degrés divers la quasi-totalité des économies dans le monde est de nature à provoquer un épisode déflationniste dans les pays du Maghreb. Le choc subit par l'économie mondiale a eu des répercussions moins violentes dans les pays du Maghreb. Malgré la crise financière, la croissance est demeurée assez robuste notamment grâce au dynamisme de la demande intérieure. Malgré la baisse d'activité, le choc ne s'est pas traduit par une baisse des prix à la consommation. L'inflation est demeurée conforme aux tendances pré-crise, hormis au Maroc. Dans ce dernier pays, l'inflation a davantage été guidée au cours des trois dernières années par l'évolution des prix des produits frais (eux-mêmes très dépendants du niveau des récoltes et de la pluviométrie). Enfin, la baisse des droits de douane a contribué à la baisse des prix des produits d'importation. L'évolution du prix des actifs financiers a également été moins violente que dans les pays développés. Les bourses de Tunis et de Casablanca ont largement surperformé les principales bourses européennes. Contrairement aux pays les plus développés, les économies du Maghreb n'ont pas subi de credit-crunch. Le rythme de croissance du crédit au secteur privé progresse encore à des rythmes de plus de 10% en glissement annuel malgré le ralentissement enregistré au cours des 18 derniers mois. Les systèmes financier et bancaire peu exposés aux risques internationaux n'ont été que peu touchés par les problèmes de refinancement. Ils ont pu continuer, et continueront, d'assurer leur rôle de financement de l'économie. Le marché du travail devrait se dégrader légèrement en raison du ralentissement passager de l'activité. Toutefois, une forte remontée du taux de chômage n'est pas attendue dans les conditions actuelles. Dans ce contexte, l'évolution des salaires resterait favorable à la demande.
Les économies sont protégées par un niveau d'ouverture assez faible.
Les conditions de la déflation ne sont-elles donc pas réunies ?
Si l'on définit la déflation comme la baisse durable des prix des biens, des services, des actifs, consécutive à un choc brutal sur l'activité qui s'auto-entretient via une boucle prix-salaire, alors il semble que les conditions nécessaires à celle-ci ne sont pas réunies dans les économies maghrébines. Les perspectives de croissance demeurent élevées en raison du dynamisme de la demande intérieure (consommation, investissement). L'état assez sain des finances publiques avant la crise a permis de mener des politiques budgétaires contra-cycliques. L'inflation sous contrôle depuis plusieurs années a permis de conserver des politiques monétaires accommodantes. Le choc sur l'activité n'a pas débouché sur une spirale récessive chômage-baisse des salaires-baisse des prix-baisse de l'activité. Même si ceux-ci sont encore limités, les effets richesses négatifs liés à l'évolution des prix des actifs sont sans
commune mesure avec ceux des pays développés. Le taux d'ouverture faible de ces économies les préserve de la transmission.


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