La tendance diététique nouvelle consiste à éviter la dénutrition et à se donner du plaisir en mangeant - Notre corps nous rappelle à l'ordre : il faut l'hydrater à raison de 2,5 l par jour voire plus si l'on est un sénior ou que l'on vive dans un pays chaud. Mais quelles boissons doit-on privilégier, sans jeter son dévolu sur des produits qui n'ont pas jusque-là tenu leurs promesses en tant que substituts alimentaires ou encore sans se priver complètement et d'assumer par la suite les conséquences de la frustration ? Va-t-on pour autant innocenter des produits longtemps stigmatisés et montrés du doigt par les spécialistes de la nutrition ? Les réponses à ces questions ainsi que les clés d'un régime alimentaire équilibré ont été l'objet d'un colloque, tenu hier à Tunis, dans un hôtel de la place ayant pour thème « Les boissons rafraîchissantes, hydratation et nutrition du corps ». L'eau, en fait, n'est pas la plus attirante des boissons, même si elle est la plus respectueuse de notre équilibre hydrique qui tend à flancher à mesure qu'on avance dans l'âge « Le rein ne régule plus de la même manière l'équilibre de notre métabolisme quand on est un sénior. Autant s'hydrater pour assurer les besoins de son corps en nutriments et oligo-éléments. Mais justement comment peut-on s'hydrater d'une manière adéquate. Même si aujourd'hui, une étude française a montré qu'on peut boire un verre de soda par jour sans que notre santé n'en pâtisse. », remarque le Pr. Abdallah Aouidet le président de l'Association tunisienne des sciences de la nutrition (ATSN) . Repenser notre équilibre alimentaire Aujourd'hui, le débat sur l'équilibre alimentaire a changé. Les spécialistes de la nutrition deviennent quelque peu permissifs quant à la manière dont on devrait procéder pour garder l'équilibre de son organisme. Le Dr Pascale Modaï, médecin nutritionniste a, dans la foulée, présenté une communication ayant pour thème, « Equilibre alimentaire, activité physique et santé ». Selon elle, ‘'manger'' remplit trois fonctions : biologique, hédonique et une autre symbolique liée à l'histoire familiale et culturelle de tout un chacun. « On a beau donner des repères de consommation mais d'après mon expérience à Paris, les Français sont perdus. Par exemple pour ce qui est de la consommation de cinq fruits et légumes par jour, mes patientes se demandent si cinq fraises suffisent pour subvenir aux besoins quotidiens de notre corps ? A mon sens il faut arrêter de stigmatiser certains aliments comme le pain les céréales, les pommes de terre et les légumes secs. On peut en consommer à chaque repas et selon son appétit. Il y a même une campagne en France anti laitage. Les produits laitiers on peut en consommer trois fois par jour et pour les boissons on peut boire l'eau à volonté même si on a envie parfois de boire un soda ou un jus. » Et c'est permis, car les spécialistes sont persuadés aujourd'hui du fait que tout le monde ne peut pas vivre d'Amour et d'eau fraîche et que l'envie nous vient parfois de consommer des boissons auparavant accusées d'être la cause de surpoids voire même d'obésité. ‘'Un verre de soda c'est bon, deux verres, bonjour les dégâts'' Mais il ne faut pas se leurrer, car il est question, ici, de la quantité des aliments et non pas de leurs qualités. Mis à part le rapport nutritionnel de certains aliments, on planche aujourd'hui sur leurs apports en calories. « Il n'y a pas de bon ou de mauvais glucides car, qu'ils soient complexes ou simples les glucides ont la même teneur en calories : 4 calories pour 1 gr. C'est donc la même chose. Dans un régime alimentaire équilibré, il faut tout juste éviter la dénutrition, et se donner du plaisir en mangeant « Pour manger équilibré, il ne faut pas se priver. Le sport n'est pas indispensable, il faut tout juste bouger pour éviter la sédentarité» souligne le Dr Modaï qui explique le fait qu'une politique nutritionnelle ne peut être efficace que si elle fait fi du discours moralisateur. Selon elle, on doit changer aussi l'idée qui nous fait penser que certains aliments font grossir. « Il faut diminuer les calories sans frustrations et penser un régime qui soit compatible avec la vie quotidienne de chacun. On doit se faire à l'idée qu'aucun aliment ne rend obèse. On croit à tort, que le ketchup par exemple doit automatiquement être banni de l'alimentation de son enfant en surpoids, alors que la même quantité d'huile d'olive s'est avéré plus calorique (900 cal pour l'huile d'olive contre 110 calories pour le ketchup). Idem pour le jus de fruit ou le soda (un verre moyen apporte 40 cal alors qu'un jus de fruit a pratiquement la même teneur calorique). Il ne s'agit pas d'éliminer le gras ou le sucre, l'important est de réduire les apports caloriques, quelque soit le type de régime qu'on suit», souligne-t-elle. Les aliments light ne le sont pas pour autant Nos spécialistes de la nutrition donnent un autre son de cloche. Pour le Pr Samira Blouza, chef de service à l'Institut national de nutrition et de technologie alimentaire, « Il faut privilégier une alimentation raisonnable, cela va de soi, mais il faut se mettre à l'esprit que les aliments dits ‘'lights'' ne le sont pas pour autant sur la balance. Le chocolat light est plus gras que le chocolat normal. Et notre fameuse ‘'Chamia light'' donne envie d'en consommer plus et donc de tomber dans le piège du surpoids. Il faut éviter le piège des messages publicitaires car la mention light n'a aucune définition légale et aucune garantie de composition. » le Pr Blouza a présenté un exposé portant comme titre « Les édulcorants dans l'alimentation et les boissons ». Elle élucide les différents types d'édulcorants, qui ne sont autre que des substances ayant un goût sucré utilisées pour remplacer le sucre. « Pour l'heure, les édulcorants font l'objet de polémique. Dans la réalité il n'y a aucune étude sérieuse qui a montré qu'ils sont des produits cancérigènes. Les édulcorants ne représentent pas de réels dangers mais ont des inconvénients. En plus il y a plusieurs types d'édulcorants qui sont plus ou moins nocifs pour notre santé. Ils peuvent occasionner des diarrhées ou encore en être la cause directe de surpoids», explique-t-elle. Cela n'empêche, et toujours selon notre spécialiste, les édulcorants ont du bon aussi, en ce sens où ils sont une alternative intéressante si on les utilise d'une manière adéquate dans le cadre d'un régime, en lisant attentivement les étiquettes des aliments qui en contiennent. « La législation alimentaire européenne oblige les industriels à préciser sur l'étiquetage des denrées alimentaires le nom du ou des édulcorants utilisés et la composition exacte des aliments qu'on consomme. » conclut-elle. Et ça c'est une autre question.