Fils d'un ancien cheminot, conducteur de train, en l'occurrence, que Dieu ait son âme, j'ai un intérêt particulier pour tout ce qui touche au transport ferroviaire. Un demi-siècle s'est écoulé déjà, et je garde encore avec nostalgie et émotion, des souvenirs vivaces, quand, je me trouvais de temps à autre dans la cabine où tenaient place le conducteur et son assistant. C'était généralement un autorail « Decauville » ou « Dietrich ». Le paysage qui s'offrait au regard du gamin que j'étais, me plongeait dans les plus beaux rêves. Depuis, je ne suis qu'un rêveur, contemplant éternellement la belle lune. Le hurlement de la sirène à l'approche de chaque gare ou au passage à niveau m'impressionnait. J'étais fier de mon père et son boulot. J'éprouve des sentiments très particuliers envers les cheminots. Il m'arrive aujourd'hui, d'entreprendre de petites évasions, en train, même s'il n'y a pas de motif pour que j'emprunte le chemin de la gare et prendre place dans le premier train que je trouve sur le point de partir, sans trop me soucier de la destination. En cette triste journée du vendredi 24 septembre 2010, j'aurais pu être dans l'un des deux trains sinistrés. Un accident peut survenir à n'importe quel moment et n'importe où. La fatalité, ne cesse de rappeler aux êtres humains, leur faiblesse. Un accident, c'est comme la foudre qui s'abat sans prévenir, ni laisser le temps de prendre une quelconque précaution. Il est donc vain de trop disserter sur les causes, en accablant – comme certains ont laissé entendre – le pauvre conducteur de l'un des deux trains « accusé » de ne pas avoir ralenti pour pouvoir arrêter la terrible machine à temps. C'est tout de même inconcevable, voire injuste. Les cheminots, sont les dépositaires d'une profession qui tire ses titres de noblesse du long parcours de générations successives dont la conscience professionnelle est exemplaire. Quant à la fiabilité technique, en l'occurrence le système de freinage, alors là, il ne faudrait pas oublier que les trains, depuis la génération de l'autorail « Decauville » et même les machines à vapeur, sont munis de freins de sécurité pour s'en servir en cas d'urgence. Quant aux intempéries invoquées, il est à préciser, qu'un train, ça roule sur des rails. Ce n'est donc guère comme une chaussée glissante pour les automobilistes. Il est donc évident que c'était une question de visibilité, et il reste à la commission d'enquête de tout vérifier. Communicateur de par ma formation et profession, je voudrais exprimer mon étonnement en lisant quelque part, je cite « Durant les premières heures qui ont suivi la collision des deux trains, le comportement des médias nationaux, a été encore une fois en deçà du minimum requis dans de pareilles circonstances ». Et c'est ainsi, que la communication est encore une fois, ce bouc émissaire de toujours. La communication peut-elle être à ce point, cause de toute la tristesse que tout le monde a ressentie en cette triste journée du 24 septembre 2010 ? Et qu'est-ce communiquer, sinon tenir l'opinion publique informée ? Et que pouvait-on communiquer au moment de la tragédie, puisqu'on était au stade du décompte des victimes ?! ça me rappelle un peu l'émeute de la faim de janvier 1984, quand le gouvernement, s'est acharné sur les médias et les journalistes, prétendant qu'ils n'ont pas bien fait leur travail d'explication et de sensibilisation auprès de l'opinion publique lors de la décision hâtive de doubler le prix du pain. Ce qui console, en fin de compte, ce que je viens d'apprendre d'une source informée à la Direction de la SNCFT, quant à la décision de procéder à une enquête sociale, au cas par cas pour les victimes, en vue de venir en aide aux familles endeuillées, et aux blessés qui, outre les frais de soin, seront dédommagés. Ainsi, seront soulagées les souffrances, mieux que de remuer le couteau dans la plaie, comme se plaisent à le faire les donneurs de leçons en communication.