Par Malek Slim - L'agitation autour de l'immigration en Europe prend une tournure alarmante ces derniers temps. On n'est pas très loin de la chasse aux sorcières. Tout ce qui se dit et s'écrit au sujet de l'étranger (notamment celui dont l'origine n'est pas européenne) relève d'un regain de xénophobie rarement vérifié depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Ce ne sont plus les partis d'extrême droite dont le fonds de commerce a toujours été le discours haineux envers les immigrés, qui s'en prévalent ces derniers temps, mais une bonne brochette d'intellectuels et de politiciens qui sont au pouvoir dans leurs pays et qui de par leur responsabilité sont appelés à ne pas faire dans l'amalgame pour éviter d'ajouter à la tension déjà exacerbée et dont les risques sont réels. La crise aidant, le chômage qui atteint des proportions inquiétantes touchant toutes les catégories de la société occidentale, la précarité voire la pauvreté qui pèsent de tout leur poids sur les plus démunis, font que ce discours qui met en cause l'immigré et pris pour argent comptant. Presque partant en Europe des projets de lois restrictives à l'égard de l'immigré et touchant directement ou indirectement ce dernier, sont, soit en discussion par les parlements, soit en gestation dans les chancelleries. En France le projet de loi est voté. L'Allemagne habituellement très prudente sur la question, quelque soit le gouvernement en place, sort de son côté de sa réserve, pour y mettre du sien. La chancelière venait de déclarer récemment que tout candidat à l'immigration dans son pays devra désormais connaître la langue allemande et faire siennes les valeurs du pays en vue d'une parfaite intégration. C'est dans l'air du temps ! Mais cela peut préfigurer à des mesures visant à restreindre davantage le nombre de candidats à l'immigration. En parallèle de ce qui est mis en place comme dispositifs pour fermer encore les frontières et aussi chasser les indésirables, il y a un phénomène encore plus grave qui gagne du terrain et donne une légitimité certaine aux actions entreprises par les gouvernements. Il s'agit bien sûr de ces études et ces enquêtes qui se multiplient et qui traitent de l'immigration et de son impact sur le pays d'accueil. L'un des chercheurs du C.N.R en France venait de publier un livre à l'intitulé évoquateur. « Le déni des cultures », où il est clairement affirmé que « la délinquance et les difficultés d'intégration ont en partie une origine culturelle ». De telles thèses, qui sont d'ailleurs en croissance sont étayées par les statistiques fournies par la police et les autorités judiciaires et qui montrent que le taux de délinquance parmi la population immigrée est beaucoup plus élevé que celui de celle autochtone. Les chiffres avancés ne peuvent être en aucun cas contestés, mais leur publication ne peut être innocente aussi. Ceci a tout l'air de donner une justification aux mesures qu'on prend et aux lois qu'on s'apprête à décréter d'une part. A un autre niveau, ceci rend le plus grand des services aux extrémistes qui font de la chasse à l'étranger leur raison d'être puisque cela les conforte dans leurs idées. Tous ces éléments associés donnent la nette impression qu'on est à la recherche des pièces à conviction et des témoignages à charge pour faire le procès de l'immigré.