Par Malek Slim - Le verrouillage des frontières des pays occidentaux et plus que jamais de rigueur. La question de l'immigration illégale est souvent avancée comme justification des mesures de plus en plus draconiennes pour rendre difficile la circulation des gens du sud vers le nord. Ce recul dans la perception de la libre circulation ne peut-être expliqué par l'état de crise que vivent ces pays. D'autres crises non moins graves dont celle consécutive à l'embargo pétrolier de 1973 n'avaient jamais suscité une telle mobilisation pour rejeter l'étranger. Ce qui se passe aujourd'hui dans les pays riches est un véritable repli sur soi entretenu par une psychose savamment dosée par les groupuscules extrémistes, et dont les pouvoirs en place sont de plus en plus réceptifs à leurs thèses. Cette attitude de rejet est devenue, par ailleurs, un phénomène social. Les sondages d'opinions effectués le confirment. Les chiffres publiés montrent à quel point les autochtones sont allergiques à l'égard de tous ceux qui viennent d'ailleurs. On n'hésite plus à avancer comme argument, la thèse de la différence des cultures. Les écrits à ce sujet abondent. Les prises de positions partout en Occident convergent pour insister sur l'importance de cette différence. Il n'est plus rare de nos jours d'entendre des voix s'élever partout en Europe, pour que l'on fasse référence à l'héritage judéo-chrétien du Vieux Continent. Il y a deux années le Pape lui-même avait souhaité voir l'Union européenne faire sienne cette référence. Pour l'immigré, le choix est clair comme vient de l'affirmer la chancelière allemande samedi 16 octobre en préconisant d' « exiger de ce dernier de s'intégrer totalement dans le moule culturel germanique », faute de quoi il n'a pas sa place en Allemagne où « l'option multiculturelle fut un échec ». Dans les autres pays de l'UE, le discours est le même sinon plus explicite et davantage musclé. En parallèle de ce raidissement à l'égard des immigrés, les mesures dissuasives se multiplient pour restreindre au maximum le nombre des voyageurs et visiteurs du sud dans les pays du nord. Du coup on a l'impression qu'il y a une remise en question totale de tout ce qui avait été jusqu'ici prôné sur la libre circulation des hommes qui devait logiquement accompagner la libre circulation des marchandises dans le cadre de la globalisation qui met au devant le concept du libre-échange. La contradiction est d'autant plus frappante quand on sait que ce concept est épargné par la critique et l'OMC veille scrupuleusement sur son application par les pays signataires des accords y afférents. Frontières ouvertes pour les produits mais fermées devant les hommes – ceux du Sud, bien sûr – étant donné que ceux du Nord ne font l'objet d'aucune restriction dans ce sens. Et quelles que soient les raisons invoquées pour justifier la fermeture des frontières, il n'en demeure pas moins qu'elles sont en porte à faux avec les principes onusiens figurant dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme, ce qui constitue un déni de droit flagrant et un revirement des engagements pris par les Etats ayant aujourd'hui recours aux actions d'expulsions ou de refus sur leurs territoires de visiteurs ou de voyageurs. Les lois votées récemment ne font que renforcer cette tendance et sont souvent condamnées au sein même de ces pays. Mais les voix qui s'élèvent ici et là pour dénoncer de telles politiques se perdent face à la montée en puissance de la xénophobie chez de larges franges de la population et au populisme des dirigeants qui pour des raisons ou pour d'autres suivent le mouvement et rangent aux placards tout ce qu'ils avaient signé comme engagements.