La courte défaite de l'Espérance Sportive de Tunis contre Al Ahly continue à susciter les commentaires de tous les sportifs. Partis avec la ferme intention de s'imposer au Caire même, les « sang et or » s'en sortent finalement avec une petite défaite, surmontable à Radès dans 15 jours selon la conviction générale prévalant du côté de la grande famille espérantiste. De retour au bercail, Sabeur Khalifa a bien voulu nous livrer son analyse du match et nous dire comment il voit venir la deuxième manche à Radès. Entretien : Le Temps : Première demi-finale continentale, première apparition pour vous et pour la plupart de vos jeunes coéquipiers devant 80 mille supporters et de surcroît en déplacement. Comment avez-vous perçu mentalement cette épreuve ? Sabeur Khalifa : Au risque de vous étonner, je vous répondrais que nous étions concentrés sur notre sujet en ignorant totalement toutes ces considérations que vous veniez d'évoquer. Juste après notre victoire de Béja, la préparation psychologique a été rapidement entamée par le staff technique sans oublier tout le staff administratif avec particulièrement des conseils en aparté du président du club. Donc mentalement nous étions au point. Soit, comment expliquez-vous alors ce recul inexplicable après une entame de match des plus prometteuses ? Je ne m'explique pas encore ce jeu en retrait car si Al Ahly est parvenu à nous acculer dans nos derniers retranchements, cela est de notre faute. C'est nous qui leur avions donné confiance en leurs moyens et leur avions permis de sortir la tête de l'eau. En un mot nous leur avions donné l'impression que nous les surestimions. Du coup nous avions perdu pratiquement tous nos repères, tous nos duels et la possession du ballon avec un recul inexplicable de notre part. Sur le but de Mohamed Fadhel de la main, vous vous êtes tous attroupés autour de l'arbitre et de son premier assistant, que vous ont-ils répondu ? Adel Erraï nous invitait à reprendre le jeu, alors que son assistant était dans ses petits souliers, très dubitatif et comme qui dirait rongé par le remords se réfugiant dans un silence éloquent et qui en disait long sur son désarroi… Quelles ont été les consignes dans les vestiaires ? Nous calmer, jouer notre jeu habituel, maintenir l'esprit de groupe et que rien n'était perdu. Oui mais à (0-2), nous avons craint le pire, sous forme d'une véritable correction, un Waterloo en somme surtout avec la déferlante ahlaouie sur votre camp et une main mise totale sur le match ? Au contraire, le deuxième but a eu l'effet de nous libérer, de nous faire sortir de notre torpeur et de notre léthargie. Peut-être avions-nous en ce moment réalisé la gravité de la situation et que nous étions vraiment au bord du précipice. Par enchantement, nous avions repris nos esprits avec ce but de Darragi venu très rapidement et au bon moment. Nous aurions pu aspirer à mieux mais ce n'est que partie remise. Vous faites allusion au match retour et on sent chez vous une conviction inébranlable de remonter la pente et de vous qualifier en finale. Pareille approche ne pourrait-elle pas se révéler nocive si d'aventure, vous fouleriez la pelouse de Radès avec l'idée de la qualification déjà en poche ? Je n'ai jamais dit ça ! Entamer le match retour avec cette conviction en tête serait le meilleur moyen de nous faire éliminer. Al Ahly est une grande équipe et qui ne se présentera pas devant nous en victime expiatoire, la fleur au fusil. Non, nous allons nous préparer avec tout le sérieux qui a toujours caractérisé notre travail en accordant à l'adversaire tout le respect qui lui sied. Mais sans la moindre crainte ou « surestimation ». Par ailleurs nous n'allons pas tabler sur le (1-0) avec le risque d'un retour de manivelle toujours possible. Nous allons développer notre jeu habituel en tâchant de marquer le plus de buts possibles nous permettant de nous mettre définitivement à l'abri. Avec le soutien de notre cher public, et la lourde logistique mise à notre disposition, nous y parviendrons. L'absence de pas moins de 10 internationaux ne risque-t-elle pas de perturber votre préparation ? Le moyen de faire autrement ? Nous devons nous y plier et faire avec ! Une promesse ferme d'un but ce 17 octobre à Radès de votre part, votre premier cette saison ? Je l'attends avec impatience et je ferai tout mon possible pour y parvenir. Mais l'essentiel pour nous est de gagner et de nous qualifier sans tenir compte de ceux qui vont marquer. Je dis « ceux » car nous gagnerons par un score supérieur au minimum requis (1-0). J'en suis intimement convaincu. Un mot sur vos relations avec le public « sang et or » qui n'ont pas été par le passé un modèle du genre ? C'est du passé désormais. Nos relations sont parfaites, mes coéquipiers et moi ferons tout pour rendre le sourire à nos inconditionnels et leur offrir ce trophée qui fuit le club depuis 1994. Le mot de la fin ? Nous allons tout mettre en œuvre dans l'immédiat pour nous qualifier à la finale. Ce ne sera pas une partie de plaisir mais nous réaliserons notre objectif avec l'aide, de notre public, de nos staffs et l'assistance de si Hamdi au vu des sacrifices énormes qu'il ne cesse de consentir pour nous. Entretien conduit par Mohamed Sahbi RAMMAH