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Blessure du non-dit… Paroles d'écrivain : « Les souffrances ont donné vie aux plus grandes âmes, les personnages les plus éminents portent en eux des cicatrices » de Khalil Gibran
Que cache notre visage, notre silhouette, notre comportement lorsque le monde nous entoure ? Quels souvenirs, quels maux nous traversent quand nous sommes seuls, face à notre miroir ? Les traits qui se reflètent sont si réguliers, si calmes et détachés alors que nous nous prenons au jeu du bien-être factice, de la quiétude feinte. Nous nous protégeons derrière nos masques et nous inventons mille et un artifices pour échapper au souvenir. Mais dans notre course frénétique contre l'oubli, nous nous forgeons un caractère, nous fondons notre vie, nous définissons notre destinée à travers nos souffrances passées. Nul ne peut nier son origine, son histoire ou son appartenance. Les blessures d'antan forgent les hommes. Les cicatrices demeurent pour leur rappeler leur point d'ancrage : déclencheur de toute trame de vie. Abdelkébir Khatibi écrira « la Mémoire Tatouée » où la blessure du nom propre (celui de la servitude) revient comme un leitmotiv, illustrant le choix de vie. Dans « Avenue de France », Collette Fellous se remémore sa vie d'enfant et d'adolescente dans la capitale tunisienne jusqu'à son départ à l'âge de dix-sept ans. Elle remonte le temps pour expliquer, implicitement le dessein de l'écrire : celui de comprendre pour être en paix avec soi. Pour Gustave Flaubert, « Madame Bovary » était un alter ego qui traduisait les sentiments de désenchantement et la mélancolie de l'auteur. « Les Fleurs du Mal » était une insurrection contre l'hypocrisie sociale, les modèles ataviques de la poésie. Tant d'autres personnalités, artistes sont-ils ou politiciens, ont essayé de contourner leurs souffrances en cherchant à parfaire le monde ou le transformer. Leurs faits et leurs œuvres demeurent dans les esprits et les traces dans les « plis du temps ». Les cicatrices ne se cicatrisent jamais, elles nous collent, scandent nos vies et dictent consciemment ou non nos actes. Nous accomplissons nos entreprises dans l'espoir de faire bouger les choses et calmer nos douleurs indicibles. Mais nos plaies se rouvrent imperceptiblement nous incitant ainsi à soulager notre âme pour qu'à nouveau le soleil brille…
