Lotfi OUENNICHE - 600 soldats étrangers sont morts en Afghanistan en 2010. C'est dit-on, le bilan le plus lourd enregistré en une année depuis la présence des forces de l'OTAN dans ce pays. Il sonne l'alerte sur le rythme vertigineux du nombre de soldats tués (2 par jour) et confirme surtout les difficultés qu'éprouvent les forces de la coalition et leur enlisement dans ce que plusieurs observateurs n'hésitent pas à qualifier de bourbier. Voilà un mot qui fait frissonner plus d'un dirigeant occidental et rappelle, aux Américains notamment, de sombres souvenirs liés à leurs déboires au Vietnam. On comprend dès lors leur panique et leur empressement à retirer leurs troupes dans les plus brefs délais, convaincus qu'il est impossible de gagner cette guerre par la seule force militaire. Le Président américain a fait de la guerre contre le terrorisme l'une de ses principales priorités. De ce fait, et parallèlement au désengagement d'Irak, comme promis lors de la campagne électorale, il a renforcé la présence militaire de l'OTAN en Afghanistan pour intensifier la lutte contre les talibans et leurs alliés d'Al Qaïda. Mais sa nouvelle stratégie montre aujourd'hui des signes d'essoufflement et n'est pas loin de subir un échec retentissant. Car contrairement au but escompté, la guérilla a gagné en force et en combativité. De sorte qu'il est impossible aujourd'hui de prétendre la vaincre et d'ignorer son rôle dans la recherche d'une issue honorable à ce conflit. Et c'est justement la raison qui incite la classe politique afghane et même les Etats-Unis à discuter avec les talibans dits « modérés ». Inconcevable hier, cette politique de la main tendue fait de plus en plus son chemin aujourd'hui. Mais la paix en Afghanistan n'est pas aussi simple que peuvent le croire certains esprits crédules. La situation est plus compliquée et ne dépend pas de la seule volonté d'une partie. D'énormes intérêts sont en jeu. Ils concernent les pays du voisinage, les seigneurs de la guerre et tous ceux qui tirent profit des multiples trafics qui sévissent dans le pays. Une situation inextricable, propre à un pays au passé, au présent et au futur tumultueux.