Par Bourguiba BEN REJEB - Résumons la situation pour les gens qui ne se tiennent pas au courant : Les députés irakiens ont touché, ensemble il faut dire, 40 millions de dollars pour avoir siégé 20 minutes en huit mois. Ca peut paraître cher payé, mais cela fait un temps que les guerres ont cette délicate attention d'enrichir ceux qui multiplient les clauses de rhétorique et les effets de jambe pour pousser aux massacres. Et puis, il y avait de l'argent à ramasser. Les premiers informés se sont servis, grassement, mais il n'y a pas de petit profit. On se demande donc pourquoi des ONG du coin crient au scandale et insinuent que les revenus nationaux du pétrole ont été engloutis dans cette affaire de parlement. Les députés ne sont pas les seuls à se servir dans la cagnotte, loin s'en faut. On ne va donc pas leur reprocher de se sucrer sur le dos de la princesse, cette République dont ils sont les élus, les élus de l'argent à défaut du cœur. En vingt minutes de palabres, ils ont en effet voté le principe de la session ouverte, subterfuge habile qui les déclare en charge des affaires de la Nation, quand ils vaquent à leurs propres affaires. Dans la hâte, ils ont «libéré» 25 millions de dollars pour les voitures blindées qui leur facilitent, avec les gardes du corps, la circulation dans un pays dévasté. Pour l'heure, ils n'ont pas poussé le zèle jusqu'à coopter un gouvernement. C'est à croire que le flou artistique et meurtrier arrange tout le monde. Les chiites tuent des sunnites, et vice versa. De temps à autre, des Chrétiens sont massacrés quand les Kurdes ne font pas l'objet de menées vengeresses d'un quelconque forfait opportunément sorti du chapeau. Et il est vrai que dans ces conditions, les représentants de la Nation ne sont plus que les représentants de leur secte ou de leur tribu. Il est donc beaucoup plus question de régler des comptes, pour certains sonnants et trébuchants, que de se préoccuper des soucis quotidiens de l'Irakien de base. L'insécurité génère des rentes pour les plus dégourdis. Les pirates l'ont toujours su et mis à profit. En Somalie, pays dévasté par des luttes qui n'en finissent plus, les pirates s'enrichissent à vue d'œil et au nez et à la barbe de tout le monde. Les levées de fonds qu'ils assurent sont mal connues, et pour cause. Mais on apprend de temps à autre que des millions de dollars sont versés aux flibustiers des temps modernes. L'argent soutiré leur donne plus de moyens de perpétuer leurs forfaits. Dans le langage des faucons et des éperviers, on appelle ces escrocs des oiseaux de haut vol. Et ils ne sont pas vraiment drôles.