Par Bourguiba BEN REJEB - Un représentant des Nations Unies a été récemment dépêché au Pakistan pour juger de l'aide apportée aux sinistrés des inondations de Juillet et Août derniers dans ce pays. Ses commentaires sont ce qu'on appelle alarmistes. Avec l'arrivée de l'hiver, 7 millions de personnes devraient rester sans abri. Déjà que sans ça les temps sont rudes, il ne va pas être très pratique de circuler les pieds dans l'eau, en particulier dans la province du Sind, là où l'eau ne veut décidément pas se dégager. L'envoyé des Nations Unies s'en désole d'autant plus que les aides promises aux sinistrés n'ont guère atteint 40% du volume nécessaire. Le monde s'était bien ému des malheurs d'une population rattrapée par toutes les colères de la terre et du ciel, mais les émotions de ce type ne sont pas faites pour durer. La guerre qui ne dit pas son nom a habitué le monde aux morts pakistanais pour des causes obscures, la nature a en quelque sorte complété le travail. Et puis, finalement, pour un pays qui manipule le nucléaire, on se demande si vraiment il y a urgence à envoyer des couvertures et des vivres. Les Américains ont bien commencé à le faire, relayés ou concurrencés par des organisations caritatives du coin, mais jugées de mèche avec le terrorisme anti américain. On se disait qu'on allait vers l'abondance d'aide, on se retrouve dans la pénurie. On fera plus tard le bilan des morts et des épidémies. Au total, le plus gros du spectacle de désolation se joue à ciel ouvert, mais loin du grand public. Il manque beaucoup d'argent, mais pas autant qu'on aurait dépensé pour une équipe de foot ou pour les folies d'un trader. Les choses sont ainsi faites que les foules, et les généreux donateurs, se passionnent pour les spectacles à vedettes ou les massacres qui font monter l'adrénaline. Le choléra qui peut sévir fait honte quelque part, on se hâte donc de l'ignorer. Les morts de Gaza sont faits comme des rats, on se presse de remettre le couvert, quitte à gesticuler pour gagner du temps sur les promesses de paix qu'on sait ne pas devoir, ou ne pas pouvoir tenir.. Pour rendre justice, quelques dégourdis dans le lot continuent à rameuter ce qui reste de conscience universelle. Pour Gaza, l'Unesco a bien tenté de sauver quelques meubles laissés par les bombardements intensifs de la superpuissante aviation israélienne. Mal lui en a pris, l'ordre d'oublier tout ça est venu d'Israël, ce qui, par les temps qui courent, est un ukase. On a déjà remarqué que les prises de position venant de ce côté-là sont irrévocables, pour tous les démocrates et pour les autres, ceci étant. Circulez, il n'y a rien à voir, encore moins à négocier.