Théoriquement, il relève du devoir médical et paramédical, outre l'action de traiter et atténuer la maladie sous toutes ses formes, de réconforter le malade et de lui prêter une oreille attentive via une relation fondée sur la confiance, la gratitude et la générosité humaine. Ce rapport s'est émoussé avec le temps, desservi qu'il est par l'ampleur grandissante des cas à traiter, d'une part, et la responsabilité de plus en plus lourde dont se chargent médecins et infirmiers, de l'autre. Le malade se trouve, ainsi, contraint à une relation purement médicale, voire même « scientifique». Les médecins, eux, envahis par leur mission fondamentale, relèguent ainsi l'aspect humain au plan facultatif. C'est là qu'une spécialité associative s'avère nécessaire et fort salvatrice: l'association humanitaire d'aide aux malades hospitalisés «Esmaâni» figure sur la liste des ONG qui œuvrent afin d'apporter aux malades le réconfort psychologique et l'appui dont ils ont besoin et de compléter ainsi le maillon manquant. Active depuis près de quatre ans, cette association n'a vu, officiellement, le jour qu'en juillet 2011. L'idée étant de rassembler et de former des bénévoles animés par cette cause et disposés à encadrer les malades dans le milieu hospitalier. « Nous comptons actuellement quelque 80 bénévoles qui se répartissent en trois équipes de terrain, dont la première est active à l'hôpital Charles-Nicolle, la deuxième à l'hôpital Salah-Azaiez et la troisième à l'hôpital régional de Jendouba», indique Mme Monique Vassart, vice-présidente de l'association. Ces équipes de bénévoles sont chargées, chacune, d'une mission bien particulière. L'équipe chargée de l'hôpital Charles-Nicolle s'y rend journellement durant les heures de repas. Elle apporte aux malades un réconfort psychologique grâce à la conversation. Mais aussi un coup de main fort utile, qui consiste à aider les patients invalides, surtout les seniors, à prendre leur repas, à changer leurs vêtements et à faire la petite vaisselle personnelle. « Nous distribuons également des journaux pour les distraire un peu. Les bénévoles sont également appelés à faire la lecture en cas de demande», ajoute Mme Vassart. Pour ce qui est de l'équipe qui se charge des enfants hôspitalisés à Salah-Azaiez, c'est durant les après-midi que leur mission prend toute sa splendeur: animation au chevet des enfants, soutien scolaire afin que les chérubins préservent leurs connaissances et leurs niveaux scolaires respectifs et que le séjour sous chimiothérapie n'influe point sur leur besoin en éducation. Cette équipe vient également au secours des mamans qui ne trouvent pas toujours une oreille attentive leur permettant d'exprimer leur angoisse quant à la maladie de leur progéniture. Certaines d'entre elles profitent de ces visiteurs bienveillants pour prendre une petite pause avant de reprendre l'assistance de leurs enfants. Quant à l'équipe active dans l'hôpital régional de Jendouba, le travail s'avère double: les visites sont à raison de deux fois par jour. Les bénévoles sont fort conscients de l'impératif d'éradiquer la mortalité maternelle. « Nous sommes trés impressionnés par la collaboration du cadre administratif et médical des hôpitaux avec lesquels nous traitons. D'ailleurs, nous comptons prochainement élargir notre champ d'action en consacrant une équipe pour l'hôpital d'enfants de Bab Saâdoun ainsi que le service cardiologie à Charles- Nicolle», renchérit notre interlocutrice. Outre l'assistance des malades, l'association «Esmaâni» s'engage dans des interventions sociales et humanitaires, dont la collecte de vêtements, de couvertures, de nourriture et de réchauds pour des personnes vivant dans la précarité dans les régions du Nord-Ouest. Toutes ces actions sont assurées grâce à des dons collectés soit auprès de certaines institutions, soit auprès de particuliers. « Nous avons reçu, indique la vice-présidente de l'association, une enveloppe de 28 mille dinars de la part d'un opérateur de téléphonie mobile, ce qui nous a permis de booster nos actions. Cet été, un avocat nous a octroyé mille dinars, une somme que nous avons investie pour acheter des frigos pour les patients de l'hôpital Charles-Nicolle. Certes, ces dons suffisent à nos interventions. Toutefois, nous aspirons d'ici la fin de l'année à toucher d'autres hôpitaux dont ceux situés dans des régions prioritaires comme Sidi Bouzid ou encore Le Kef. Pour ce, nous avons besoin d'un plus grand soutien financier de la part des Tunisiens et d'étoffer nos équipes grâce à l'adhésion d'un plus grand nombre de bénévoles».