Raouf KHALSI - [email protected] - En mai 2006, le journaliste britannique d'investigation Andrew Jennings publiait un livre, plutôt un brûlot à l'endroit de la FIFA, avec pour titre : « Cartons rouges, les dessous troublants de la FIFA ». Les dignitaires de « l'honorable » institution – qui compte encore plus de pays affiliés que l'ONU – tentèrent de faire interdire la parution du livre. Et, à la veille de la Coupe du monde 2010, le documentaire diffusé par la chaîne ARTE : « Du Foot et du Fric », battit tous les records d'audience. Sepp Blatter a accédé à la présidence de la FIFA en 1998, avec la bénédiction, certes, de Joao Havelange (spécialiste du trafic d'influences) mais aussi, grâce à un programme ambitieux pour la FIFA. Confinée aux pôles Amérique du Sud/Europe, du temps de Havelange, la FIFA que redessinait Sepp Blatter jetait son dévolu sur l'Asie et encore plus sur l'Afrique, mais sans fausses promesses, car Havelange l'avait embobinée pour se faire élire en 74. De fait, la FIFA prenait encore plus d'envergure avec Blatter. Elle se mettait dans la logique de fonctionnement d'une multinationale, de sorte que les flux de fonds qu'elle brasse, aujourd'hui, résoudraient bon nombre de problèmes de famine et de précarité dans le monde. Plus curieux encore, plus intrigant même, à l'heure où toutes les industries battent de l'aile, l'industrie du ballon rond, elle, prospère. Montages, marketing, droits de télévision, les grandes firmes qui sponsorisent les joueurs : tout est quelque part contrôlé depuis le sanctuaire de M. Blatter à Zurich. Un Blatter pour lequel on déroule le tapis rouge, où qu'il aille, mais qui sait pouvoir compter sur des collaborateurs dévoués et justement dévoués par ce qu'ils se sucrent tandis que « le monarque présidentiel » de cette insondable FIFA, fait exactement comme Tartuffe : « Cachez ce sein que je ne saurais voir… ». Et pourtant, le scandale avait bel et bien éclaté en 2001, quand la société suisse ISL, celle qui s'occupait depuis près de 20 ans de l'attribution et de la vente des droits télés et marketings pour la Coupe du monde, faisait faillite. On s'aperçut très vite que de substantiels « dividendes » avaient été envoyés par ISL dans des paradis fiscaux à destination d'officiels de la FIFA. Pourquoi n'a-t-on pas beaucoup entendu parler de cette affaire ? Eh bien, tout simplement, parce que la FIFA régla rapidement les 1,5 millions d'euros demandés par le liquidateur et dus aux créanciers d'ISL. Il va sans dire qu'il ne s'agissait pas vraiment de cette somme. Mais de beaucoup plus… Puis, d'autres petits scandales éclatent, compromettant Blatter lui-même, mais, déjà, le tribunal de Lausanne qui était saisi de l'affaire ISL « avait garanti l'anonymat aux bénéficiaires des pots de vin qui rembourseraient l'argent »… Depuis, c'est du tac au tac. Blatter qui tirait le parapluie, lâche, aujourd'hui, ses protégés. Le jeu était devenu trop criard. Car, jusque là, il s'est maintenu grâce à un héritage de Havelange : la zone CONCACAF qui lui assure 35 voix tous les quatre ans… Sauf qu'il y a un certain Platini, qui dégage la face probe, immaculée et intègre du football. Déjà, il a promulgué une loi de transparence dans les finances des clubs européens… Un vent purificateur soufflera, sans doute, depuis l'UEFA sur la bâtisse hermétique de la FIFA… En attendant, qu'il prenne sa trajectoire vers la CAF où, depuis 88, M.Hayatou joue aux Blatter.