Raouf KHALSI - Une récente déclaration du président de la FTF laisse tout le monde sur sa faim. Gêné, il s'est contenté de débiter des formules inintelligibles pour esquiver une question d'ordre éthique : pourquoi n'étiez-vous pas aux côtés de Issa Hayatou pour remettre le trophée ? On sait qu'un certain protocole – une pratique et non une règle – veut que les responsables du pays hôte remettent le trophée au vainqueur. Là, nous sommes beaucoup plus dans la bienséance qu'autre chose. Mais, il y a aussi la rage, la frustration du public espérantiste et il était logique que les membres fédéraux et les hauts responsables du ministère – en dehors de M. Haddad pour la fédération et du directeur général des sports pour le ministère – ne s'exposassent pas à la vindicte espérantiste. Etait-ce pour autant une méprise à l'endroit de Hayatou ? Repartons justement à partir de Hayatou. Succédant au mythique Tessema, Issa Hayatou est depuis trop longtemps président de la CAF. Il aura donné une forte impulsion à la confédération, scellé d'excellents rapports de partenariat avec la FIFA – et surtout depuis le départ de Havelange et l'arrivée de Blatter -, dans son genre, on peut dire qu'il a su médiatiser, valoriser et mercantiliser le football africain. Mais dans son esprit, il y a toujours eu trois Afrique : l'Afrique du Nord, le Centre et l'Afrique du Sud. En bon Camerounais, il ne pouvait tourner le dos à ses racines, sinon les grands tribuns de la négritude émancipée grâce aux retours aux sources, l'auraient fustigé. L'Afrique du Sud, elle, il n'y touche pas parce qu'il considère qu'elle ne se meut pas dans le champ de ses compétences et, surtout, face au mythique Mandela. Que reste-t-il ? Nous. C'est-à-dire, l'Afrique du Nord, y compris l'Egypte. Sitôt, foule-t-il les pieds dans cette zone qu'il devient comme nous : passionnel, mais également distant. Parfois, nous avons même l'impression qu'il distille un message : « vous êtes trop nombrilistes et, en football, vous vous prenez pour les maîtres de l'Afrique ». Or, il y a trop d'enjeux qu'arbitre Hayatou. Enjeux électoraux pour l'exécutif de la CAF et c'est là qu'il a découvert nos divisions nord-africaines, ne cachant pas au passage, sa fascination pour l'habileté égyptienne dans les coulisses. Qu'il ne tarisse pas d'éloges sur le football tunisien ceci est à son honneur. Ce ne sont pas des formules de circonstances, c'est évident. Mais nous aimerions connaître ses impressions en constatant cet impressionnant dispositif de sécurité pour juguler et canaliser sans heurts majeurs, la rage des Espérantistes. En tous les cas, il ne pouvait que constater. Car la finale de Lubumbashi, au-delà de ce qu'a sciemment fait l'arbitre a révélé de dangereuses carences sécuritaires. Et quelques années en arrière, ce fut le même cas, et en sa présence. Pourquoi – lui et les siens – restent-ils passifs et ne prennent-ils pas les dispositions nécessaires ? Pourquoi ferment-ils les yeux là où, au contraire, il faut bien les ouvrir… Et à la fin des fins, la CAF n'a-t-elle pas besoin d'un sang nouveau et d'une perception plus équitable de cette Afrique que personne ne peut prétendre connaître ?