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Les paradoxes de l'habitat
Question de l'heure
Publié dans Le Temps le 21 - 11 - 2010

• Près d'un demi-million d'appartements vides dans le Grand-Tunis car les propriétaires font pousser les surenchères. - Un proverbe bien de chez nous dit en substance : « mieux vaut une maison vide qu'une location problématique. » Et les propriétaires de maisons, d'appartements et de locaux commerciaux l'appliquent avec beaucoup de zèle, préférant les laisser vides, plutôt que d'avoir à supporter un nombre infini de problèmes inextricables, si d'aventure ils les louent…
Une attitude qui crée de la suspicion, de la spéculation et qui fait augmenter les prix au centre ville et dans la proche banlieue. Enquête dans un univers où on n'est pas très bavard, où la méfiance est reine…
Selon une source proche de la municipalité de Tunis, « il y a trois catégories d'appartements : ceux qui appartiennent aux particuliers, les appartements relevant de la Municipalité de Tunis et ceux qui sont du domaine de l'Etat. Or il y a près de deux millions et demi de maisons et d'appartements dans la capitale, dont une majorité habités par des familles depuis de longues années. Mais il y a surtout près d'un demi-million de maisons, d'appartements et de locaux commerciaux vides, car leurs propriétaires ne veulent pas les mettre sur le marché ou pour des problèmes juridiques et nous n'y pouvons rien… »
Pourtant, de nombreux Tunisiens rêvent d'habiter au centre-ville, dans ces appartements qui ont su garder une architecture séduisante, souvent de style colonial, avec des escaliers en marbre blanc, de rampes en fer forgé, des plafonds hauts et des balcons ornés de bas reliefs finement ciselés. Un rêve qui n'est pourtant pas accessible à tous et souvent pas accessible du tout…
Situation financière inexplicable
Un avocat explique la situation foncière de ces maisons : « il y a les titres gelés, généralement ceux appartenant à des étrangers qui ont quitté le pays au lendemain de l'Indépendance. Il y a aussi un grand nombre de contentieux portant sur des titres fonciers qui n'ont pas été apurés, pour cause de conflits entre les héritiers. Il y a des sociétés commerciales qui ont abandonné leurs locaux pour cause de faillite et ceux-ci restent fermés en attendant les décisions des tribunaux. Et il y a enfin des habitations et des boutiques que leurs propriétaires refusent de louer à des prix qu'ils estiment trop bas… ».
L'un des rares propriétaires rencontrés à l'occasion de cette enquête nous a affirmé : « il y a de moins en moins de gens honnêtes qui règlent leur loyer sans tergiverser, sans reculer la date du payement à demain, puis à après demain… Entre temps, il faut revenir, les trouver à la maison, avec la somme complète. C'est un vrai calvaire… Bien sûr il y a la loi qui me permet de mettre dehors ceux qui ne payent pas, mais elle n'est pas toujours facile à appliquer et les délais sont trop longs… ».
Et de nous raconter les mille et une mésaventures qu'il a vécues avec ses locataires indélicats : « il y a celui qui disparaît littéralement sans laisser d'adresse et sans rendre la clé. Allez porter plainte dans ce cas, c'est impossible à régler avant de longs mois où vous ne recevez pas de loyer... Il y a celui qui est mécontent parce qu'on l'a mis dehors et qui casse tout avant de partir, causant des dégâts dix fois plus élevés que la caution qu'il a abandonnée… ».
La mésaventure la plus pénible qu'il ait eu à vivre a été cette « famille qui ne pouvait plus payer le loyer, parce que le père avait été mis en prison pour une histoire de chèques sans provision. C'était un dilemme, car il fallait déloger la femme et les enfants, alors qu'ils n'avaient pas où aller… Mais moi je vis du loyer de cet appartement et j'avais mes propres problèmes financiers ».
Locataire fiable
Résultat : des centaines d'appartements restent fermés, en attendant un locataire qu'il jugera fiable, de préférence quelqu'un qui a des revenus réguliers. En outre, cette rareté des logements fait monter les prix de façon exponentielle, pour des appartements vieux d'un siècle et qui n'ont pas été restaurés depuis cette lointaine époque. D'ailleurs certains balcons continuent de s'effriter et on voit des pierres tomber à chaque forte pluie.
Un jeune couple évoque sa situation : « nous travaillons tous les deux en centre ville, moi dans les souks et ma femme dans une boutique et on n'a pas de voiture. Nous cherchons donc un deux pièces à Tunis, mais les prix qu'on nous propose sont démentiels, entre trois cents et quatre cents dinars par mois, en plus de la caution, de la commission des intermédiaires… C'est pratiquement impossible à payer avec nos deux salaires, ou alors on ne mange plus, on s'habille à la fripe… ».
Certains propriétaires ont trouvé la parade : ils louent leurs appartements à des étudiants, et surtout à des étudiantes, « parce qu'elles dégradent moins que les garçons ». Partageant le loyer élevé en trois, quatre ou cinq, la probabilité d'être payé régulièrement est plus grande et les conflits moins nombreux. D'autres ne louent qu'à des étrangers, essentiellement dans la Médina de Tunis, avec son air exotique…
Logements abandonnés
Il faut évoquer également ces logements qui donnent l'impression d'être totalement abandonnés depuis des années : portes fermées avec des chaînes et des cadenas, vitres cassées, volets délabrés, amas de poussière sur le rebord des fenêtres… La zone la plus touchée par le passage des années, c'est le quartier de Lafayette où des immeubles entiers sont fermés.
Des ateliers anciens avec leurs tuiles rouges caractéristiques se sont vidés au fil du temps des mécaniciens, tourneurs, tôliers et autres petits artisans… Parfois cet espace est rasé et remplacé par un immeuble flambant neuf, mais personne ne sait de quelle manière se font ces transactions, ni quel prix est payé pour acquérir un terrain central, si bien situé.
Et les prix ?
Il y a aussi ces centaines d'espaces qui ont connu leurs heures de gloire, qui ont servi de lieu de vie ou de travail et qui ont périclité au fil des années. Il suffit d'ailleurs de quitter les grandes avenues de Tunis pour s'en convaincre.
Quoiqu'il en soit, la municipalité de Tunis est en train de faire le maximum pour trouver des solutions adéquates et obliger les propriétaires de logements vacants à les louer ou à payer des taxes plus élevées pour raison de vacuité. Il faudrait aussi que la loi soit plus sévère envers les locataires indélicats, les arnaqueurs, les mauvais payeurs…
Quant aux prix des loyers, c'est dans l'ensemble du grand Tunis qu'il faut agir, car il est anormal de payer des centaines de dinars par mois, voire des milliers, pour une maison, si luxueuse soit-elle. Sans oublier ces appartements d'Ennasr qui sont loués 100 ou 200 dinars par jour, par des gens qui profitent de la rareté pour se remplir les poches, accélérant une valse des prix qui n'a rien de viennois…


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