De Mustapha Zoubeidi - Après avoir nourri excessivement l'espoir et immobilisé les énergies, le derby n'a pas manqué, de donner libre cours aux regrets et aux réclamations plus ou moins justifiés. Du déjà vu et entendu au rythme des saisons tout au long des décennies. Cette fois, cependant, alors que les appréhensions étaient autrement plus inquiétantes du fait que depuis quelques temps, plus la qualité baisse, plus les arguments sont fantaisistes pour accuser, souvent sans raison où justifier ce qui ne peut l'être, le derby s'est passé dans des limites plutôt acceptables. On eut droit aux fumigènes mais on nous a épargné la casse. On eut droit aux buts et au suspense sans que cela ait pu donner aux réactions, ce caractère déplacé qu'habituellement le derby amplifie. Dans le contexte actuel qui hélas ! n'offre comme fond de décor qu'intolérance, suspicion et violence, le premier des deux derbies de la saison nous a plus satisfaits que déçus. Les raisons à cela sont multiples. Car s'il y a eu des erreurs d'arbitrage elles n'étaient nullement le résultat de sombres calculs. S'il y a eu rivalité féroce l'animosité, devenue rituelle, fut absente. De tout ces faits positifs qui nous paraissaient illusoires, on retiendra deux attitudes hautement significatives : les accolades des occupants des deux bancs de touche après le match et cette phrase glissée dans la déclaration de l'entraîneur de l'espérance « l'adversaire était meilleur ». Il y a vingt ans la même phrase a coûté sa place à un technicien étranger lors d'un derby du même genre. Faut-il alors croire que nous venons d'entamer une nouvelle ère avec une thérapie nouvelle ? Fait-il s'étonner que puisque c'est du bord de touche que généralement part l'étincelle qui embrase l'ensemble, c'est de ce lieu que l'apaisement a le plus de chance d'atteindre le brasier pour l'éteindre. Quand de pyromane involontaire on devient pompier convaincu, c'est que dans l'air du temps quelque chose va changer.