Le Temps-Agences - Le gouvernement afghan a été accusé hier par l'opposition et un haut responsable électoral de chercher à modifier à son avantage les résultats des élections législatives du 18 septembre, marqués par un recul du camp présidentiel selon les analystes. Le principal opposant au président Hamid Karzaï, l'ex-ministre Abdullah Abdullah, qui avait été le dauphin de M. Karzaï lors de l'élection présidentielle de 2009, a notamment dénoncé une instrumentalisation de la justice par le camp présidentiel. La veille, le procureur général afghan, Mohammad Ishaq Alko, avait annoncé l'ouverture d'une enquête criminelle sur les fraudes lors du scrutin, et convoqué quatre responsables de la Commission électorale indépendante (CEI) et de la commission électorale des plaintes (ECC), qui ont validé les résultats. «Si ces accusations, pour la plupart desquelles nous avons des preuves, sont avérées, la légitimité de ces élections va être sérieusement entamée», avait déclaré l'adjoint de M. Alko, le procureur Rahmatullah Nazari, disant disposer de preuves solides contre plusieurs responsables incriminés. M. Alko considéré comme proche de M. Karzaï, avait également critiqué la CEI pour avoir proclamé mercredi les résultats définitifs de manière «prématurée». «Le procureur général a prouvé depuis un mois qu'il n'est pas indépendant et qu'il roule pour le palais présidentiel», a réagi hier Abdullah Abdullah. «Le gouvernement voulait faire annuler l'élection. Mais il a échoué, et il utilise maintenant le parquet pour faire pression sur les commissions électorales» et changer les résultats, a-t-il dénoncé. Quant au président Karzaï, qui a appelé jeudi les candidats battus mécontents du résultat à porter plainte, «il fait juste semblant de défendre les droits de ces candidats», estime M. Abdullah. M. Abdullah a affirmé cette semaine que ses partisans avaient remporté plus de 90 sièges, soit plus d'un tiers des 249 sièges à pourvoir à l'Assemblée nationale (Wolesi Jirga). Les candidats pachtounes, alliés traditionnels du président Karzaï, en auraient remporté 88. Le président Karzaï est lui même issue de cette communauté, la plus importante du pays. ------------------- Dialogue avec les talibans Karzaï et les SSI britanniques, bernés par un imposteur Le Temps-Agences - Des agents des services de renseignement britanniques ont été bernés par un homme qui négociait avec le président afghan Hamid Karzaï en tant que chef des taliban mais s'est révélé être un imposteur, écrit hier le quotidien britannique The Times. Les agents du SIS (Secret Intelligence Service) ont versé des sommes au mollah Akhtar Mohammad Mansour à partir du mois de mai dernier, croyant avoir réussi une «percée historique» en établissant une ligne de contact entre les taliban et le gouvernement afghan, précise le journal. «Loin d'être un ancien ministre du temps où les taliban étaient au pouvoir, l'individu en question serait un petit commerçant, ou un chef taliban sans importance, ou tout bonnement un filou bien informé, originaire de Quetta, ville frontalière pakistanaise», écrit le Times. «Les Britanniques étaient persuadés de sa bonne foi et ont fait venir à de nombreuses reprises ‘Mansour' de Quetta à Kaboul, à bord d'un avion de transport britannique C-130», rapporte le quotidien. Des journaux américains, dont le New York Times, ont écrit pour leur part cette semaine qu'un individu présenté comme un «dirigeant des taliban», ayant participé à des «négociations de paix secrètes» avec le pouvoir afghan, était en fait un imposteur. Mardi, le Washington Post rapportait que deux hauts responsables afghans pensaient que l'individu était en fait un «petit commerçant» de Quetta, ville du Pakistan où les dirigeants taliban avaient fui fin 2001 lors de l'invasion américaine. Prié de réagir aux informations du Times, un porte-parole du Foreign Office s'est borné à cette déclaration: «Nous ne pouvons ni confirmer ni démentir les détails des opérations». Hamid Karzaï a assuré que les membres de son gouvernement n'avaient rencontré personne du nom de Mansour.