• L'exemple type est cet arbre de la place de la Monnaie, arbre «amazonien» et dont l'ombrelle peut couvrir 1000m2… L'incivisme de quelques écervelés (habituels ou occasionnels) l'a transformé en urinoir. - Chez nous, il existe, paraît-il, des arbres «heureux» et des arbres « malheureux »; des arbres chanceux et d'autres malchanceux. Le 14 novembre dernier, à l'occasion de la Fête nationale de l'arbre et de l'année internationale de la forêt, l'Association des Amis du Belvédère (AAB) a organisé une campagne de plantation avec pour slogan « Plantez et parrainez un arbre au Belvédère ». Il s'agit de restaurer le couvert végétal du parc et de préserver deux arbres représentatifs de la végétation originelle du parc, en l'occurrence l'olivier et le caroubier. L'occasion était excellente aussi pour initier les jeunes aux techniques de plantation et d'entretien des arbres. Mais la nouveauté par rapport aux années précédentes, c'est l'instauration de la tradition du parrainage des arbres : celui qui plante un arbre au Belvédère l'adopte et le prend personnellement en charge. Il l'achète, le plante, l'arrose, l'entretient d'une manière durable pendant un an et l'arbre portera son nom. Un certificat de parrainage est délivré à toute personne qui s'engage à prendre en charge un arbre de son choix (olivier, caroubier, laurier, ficus, grenadier, genévrier ou thuya). C'est une chance, diriez-vous, que chaque nouvel arbre du Belvédère ait son parrain ou sa marraine. Encore faut-il que ces derniers honorent jusqu'au bout leur engagement et ne suivent pas l'exemple de nombreux parents démissionnaires qui procréent des enfants et les abandonnent à leur sort. Nous craignons également que tout en prenant soin de leur arbre protégé, ils ne se montrent vandales avec les autres. C'est en effet, dans les coutumes de certains concitoyens de nettoyer devant chez eux et de déposer leurs détritus devant la maison du voisin. En tout cas, si la campagne de l'AAB réussit, nous pourrons nous féliciter du sort réservé aux futurs arbres « chouchoutés » du parc et regretter que des initiatives pareilles ne soient pas généralisées dans l'ensemble du pays. On sauverait sans doute ainsi des dizaines de milliers d'arbres plantés chaque année et laissées à l'abandon après les cérémonies officielles de la Fête de l'arbre. Vandalisme ingrat Nous pensons aussi à tous ces arbres plantés à l'intérieur de nos villes et auxquels beaucoup de citadins jeunes et moins jeunes font subir toutes sortes de sévices et de mutilations. Pour illustrer ce comportement incivique, nous avons choisi de décrire le sort quotidiennement visible réservé à deux des arbres les plus vieux, les plus grands, les plus beaux, et les plus exotiques de la capitale. Ils se trouvent Place de la monnaie en allant vers la rue des Salines. L'endroit donne aussi sur la rue de Malta Sghira. Ce sont deux ficus macro fila géants qui furent plantés au début du XXème siècle (il y en a une trentaine au Belvédère). Ils nous viennent d'Amazonie et contrairement à d'autres, ils se sont bien acclimatés au pays. Nous apprenons que l'ombrelle que forme un arbre de ce type peut couvrir 1000 m2 ! En effet, les habitués de la Place de la monnaie savent combien l'endroit est ombragé grâce à ces deux arbres colossaux dont les branches inextricablement enlacés dessinent une belle fresque géante dont seule la nature est capable. Il suffit de lever les yeux au-dessus de leurs troncs à multiples embranchements pour mesurer et l'énormité et la beauté du tableau. En revanche, nous ne vous conseillons pas de regarder vers le bas : surtout, parce que vous risquez d'avoir la nausée et de perdre connaissance tant l'endroit sentant l'urine et tout le reste. Ce n'est pas seulement la nuit que les troncs sont arrosés à l'urine ; même de jour, l'endroit se transforme en vespasiennes pour les passants et certains commerçants des lieux, notamment parmi les vendeurs à la sauvette. Il faut souligner néanmoins qu'aucune clôture, ni aucun gardien n'empêchent ces derniers de satisfaire leurs besoins pressés à l'ombre des deux arbres. On comptait sans doute sur la vigilance des riverains pour les protéger. Mais qui aujourd'hui ose réprimander quelqu'un pour le mal qu'il cause aux plantes ? Même un écolier de 6 ans raillerait un tel scrupule écologique s'il ne vous fait pas entendre les monstruosités de son lexique de malappris ! C'est triste, mais la municipalité dont relève l'endroit peut tout de même agir plus efficacement contre le vandalisme subi par les arbres et les espaces verts d'une manière générale. Le jardinet qui entoure la statue d'Ibn Khaldoun sur l'Avenue Habib Bourguiba, voit chaque saison sa clôture se fragiliser un peu plus sous le poids des promeneurs qui s'y adossent et qui se permettent en toute circonstance de l'enjamber et d'aller s'assoupir aux pieds du grand savant ! »