Par Malek Slim - L'Euro en tant que monnaie unique adoptée par seize des vingt sept pays de l'UE est pour beaucoup d'Européens à l'origine de la flambée des prix. Pour les couches les moins favorisées si leur pouvoir d'achat s'était laminé au fil des ans c'est à cause de l'Euro. Un point de vue que beaucoup d'économistes partagent même s'il leur arrive de nuancer ce jugement et ce au gré des conjonctures. Pour les politiques, l'Euro constitue la plus grande avancée du Continent aussi bien sur le plan économique que politique. La monnaie unique est le plus grand symbole de la volonté de faire de l'Europe une véritable entité politique après avoir consolidé sa complémentarité économique. Mais force est de constater que parmi les vingt sept, onze pays ont choisi de garder leur propre monnaie et semblent ne pas le regretter au vu de la crise qui secoue les pays de la zone Euro, les uns après les autres. Après la Grèce qui a évité de peu la faillite grâce à l'intervention énergique de ses partenaires européens et du FMI le tour est venu sur l'Irlande qui se trouve actuellement en plein dans l'œil du cyclone. Le même programme qui a sauvé les Hellènes est mis en place pour secourir Dublin qui doit de son côté se serrer la ceinture. Toutefois et en dépit des efforts entrepris par les pays de la zone et des discours rassurants des dirigeants européens le scepticisme est loin d'être dissipé, d'autant que d'autres candidats à la chute avancent à pas rapide vers le précipice. C'est le cas du Portugal et de l'Espagne qui subissent désormais ce qui est communément reconnue, comme une crise de l'Euro. Ce dernier fait l'objet d'une spéculation à la baisse sans précédent. Il est attaqué de toute part sur les marchés au point qu'il est au plus bas depuis que le plan de sauvetage de la Grèce a été déclenché et qui a permis à la monnaie unique de retrouver sa courbe haussière par rapport aux autres devises de référence. La tendance baissière du moment est d'autant plus préoccupante pour les pouvoirs publics et les décideurs économiques qu'elle frappe de plein fouet les banques dont certaines ont vu leurs actions chuter d'environ 8%. Et si demain, l'Espagne ou le Portugal ou les deux à la fois trébuchent, l'impact d'un tel événement ne manquera pas d'ébranler tous les pays de la zone Euro qui sont sur le qui vive et dont certains songent déjà à doubler de 440, milliards d'euros à 880 milliards le fonds européen de stabilité financière ! Mais une telle politique ne fait pas l'unanimité parmi la communauté des économistes et de beaucoup de politiques. Certaines voix s'élèvent pour s'interroger sur l'opportunité de continuer avec la monnaie unique, qui, pour elle est devenue source de problèmes plus qu'une solution. Les nostalgiques des monnaies nationales se sont engouffrés dans la brèche pour exiger le retour au « bon vieux temps » du Franc ou du Deutschemark. Pourtant au pic de la crise financière qui a ébranlé la planète on ne tarissait pas d'éloges sur les bienfaits de cet Euro aujourd'hui décrié, qui grâce à sa solidité face, notamment face au dollar a permis à l'Europe de résister pour éviter de sombrer davantage dans la récession ! C'est de nos jours dans l'air du temps de contester le maintien de la monnaie unique, mais force est de constater que les avis émis ça et là sont pour l'essentiel conditionnés par la volatilité des marchés qui chahute – à n'en point douter – les esprits marqués par une crise à plusieurs facettes et dont la page est loin d'être tournée. Plusieurs analystes et observateurs prédisent des lendemains encore plus difficiles au vu de l'austérité adoptée par la plupart des gouvernements européens et du poids de la dette publique et des déficits budgétaires, dont l'Euro n'est sans doute pas responsable.