De Hatem Belhaj - C'est avec trente ans de retard que le « rap » tunisien se fait une place au soleil sur l'agora des temps modernes qu'est le facebook. Et comme tous les raps qu'ont connus les sociétés occidentales, au menu des lyrics de la rue les mots se veulent durs et blessants. A l'ère de la polémique gratuite, le rap tunisien ne sait plus à quels saints se vouer. Les saints de la pensée unique ? Ceux de la pensée extrême ? Ceux du déni ? Au fait, le rap actuel se veut violent. Personne n'est épargné et le conflit dégénère. Certains rappeurs se livrent à des guerres des mots violentes, à la limite diffamatoires. Des noms d'artistes, de penseurs cathodiques ou de polémistes agréés par l'état des choses sont jetés en pâture musicale. L'attaque est frontale et l'auto-défense est de rigueur. Ceci prouve encore une fois que notre culture sociale a horreur du dialogue « posé » et conceptuel. La réactivité intelligente n'est pas inscrite dans le code génétique de l'échange spirituel. Nos artistes ne se tolèrent pas entre eux et bâtissent leur notoriété sur les remblais de leurs compères. Dis-moi qui tu « descends », je te dirai qui tu veux être…