• Abdelkrim Hamrouni, président du Conseil de l'Ordre des Pharmaciens : « Une pharmacie n'est pas un centre d'urgences…Sur les 2200 pharmacies qui se trouvent à Tunis et banlieue, il y a toujours un millier d'officines qui restent ouvertes…» - Il y a plusieurs pratiques aussi bizarres qu'inexplicables. Parmi celles-ci, il y a la fermeture des pharmacies, tous les jours de la semaine, entre 13 heures et 15 heures. Elles obéissent ainsi à ce rythme administratif qui est lui-même remis en cause par de nombreuses institutions et services publics, comme la poste, la STEG, la SONEDE ou encore quelques banques qui restent ouvertes entre midi et deux heures… Pourquoi une telle fermeture que certains jugent abusive ? Et surtout jusqu'à quand nos pharmaciens continueront-ils à ignorer leur rôle de service public ? Cela a commencé de façon anodine : un homme accompagnait sa femme dans le quartier de Lafayette pour faire quelques emplettes. Diabétique, sa femme a eu un malaise et il lui fallait immédiatement un médicament spécifique pour retrouver ses esprits et éviter une aggravation de son cas. Mais toutes les pharmacies de l'avenue de la Liberté sont fermées car c'est l'heure du déjeuner ! Listes illisibles Au fil de sa recherche, le mari trouve bien une liste de pharmacies ouvertes, sur une feuille écrite en très petits caractères et collée sur le mur de la pharmacie. Mais il faut d'abord savoir lire en français, ce qui n'est plus le cas de bon nombre de nos concitoyens. Ensuite la feuille avec les adresses est placée très haut et il faut être bien grand pour pouvoir la lire. « C'est pour éviter que les enfants ne la déchire », nous dira plus tard un pharmacien… S'est ensuite posé le problème de la recherche de l'avenue ou de la rue où se situe la pharmacie ouverte. Or en cas d'urgence, on imagine mal le malade en train de chercher une pharmacie dans un quartier compliqué comme ceux du centre ville ou du quartier de Lafayette… M. Abdelkrim Hamrouni, président du Conseil de l'Ordre des Pharmaciens nous a affirmé à ce propos que, « la Tunisie est l'un des rares pays au monde à avoir des pharmacies ouvertes 24H/24. Et concernant ce point précis de la fermeture entre midi et 14 heures, il y a un roulement qui permet de trouver une pharmacie à cinq ou dix minutes de celle qui est fermée… » Une réponse que nous retrouverons auprès de nombreux pharmaciens qui annoncent sur un ton naturel : « il faut bien qu'on aille déjeuner ! » Une réponse d'autant plus étonnante qu'une pharmacie n'est pas un commerce comme les autres, c'est un service paramédical qui doit être disponible à toute heure du jour ou de la nuit… Mais selon le président du Conseil de l'Ordre des Pharmaciens, « une pharmacie n'est pas un centre d'urgence, c'est un lieu de distribution de médicaments et éventuellement de conseil et d'orientation vers des médecins, des centres médicaux… Et de toute façon, sur les 2200 pharmacies qui se trouvent à Tunis et banlieue, il y a toujours un millier d'officines qui restent ouvertes… » Que faire alors en effet, en cas de crise, d'évanouissement ou de besoin immédiat d'un médicament ? Les témoignages sont édifiants : un homme de quarante ans qui vient régulièrement à Tunis pour soigner sa tension trop élevée raconte : « je suis souvent victime de perte de connaissance et j'ai besoin de médicaments rapidement. Si ça arrive à l'heure des repas, je ne trouve pas immédiatement de pharmacie. Moi je ne connais pas les noms des rues et encore moins où elles se trouvent… Alors faire des recherches et demander aux passants m'a fait perdre de longues minutes… » Un pharmacien nous affirmé de son côté que « le problème, c'est qu'il faut qu'il y ait toujours un pharmacien de garde tant que l'officine est ouverte. On ne peut pas se permettre un roulement du personnel en laissant des stagiaires seuls, avec les conséquences graves que cela pourrait avoir… » Il serait donc opportun que les responsables de ces officines se mettent au diapason de la société, en restant ouverts entre midi et 14 heures, afin de ne pas léser leur clientèle. Le problème du personnel pourrait être résolu en alternant les sorties des agents pour déjeuner et ne laisser qu'un minimum de personnel pour servir les clients qui viennent en urgence… Yasser MAAROUF ----------------------------- Le syndicat national des médecins et pharmaciens hospitalo-universitaires maintient son mot d'ordre d'arrêt des cours, dès le 17 janvier prochain «Cette double tutelle : ministère de la Santé publique/ ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, est gênante» • «Le dialogue est toujours ouvert avec le ministère de la Santé, mais nous n'avons pas d'autre interlocuteur dans l'autre ministère …» • Du côté du ministère de l'Enseignement supérieur, on affirme qu'une rencontre entre les deux parties aura lieu bientôt Le syndicat national des médecins et pharmaciens hospitalo-universitaires a annoncé le maintien de son mot d'ordre d'arrêt des cours dans les six facultés de médecine et de pharmacie, dès le 17 janvier 2011en signe de protestation contre le blocage des négociations sur l'amélioration de la situation matérielle de ses adhérents. «Nous avons décidé de maintenir le mot d'ordre de cessation des activités d'enseignement à compter du 17 janvier prochain pour exprimer notre mécontentement quant à la lenteur des négociations sur la revalorisation des indemnités de recherche et d'encadrement» , a déclaré le professeur Khélil Ezzaouia, secrétaire général du syndicat lors d'une conférence de presse tenue hier au siège de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Le Dr. Ezzaouia a, toutefois, précisé que en dépit de ce mot d'ordre d'arrêt des cours, qui constitue la deuxième activité revendicative après une grève observée mercredi et jeudi, le syndicat reste ouvert au dialogue avec le ministère de la Santé publique et le ministère de l'Enseignements supérieur et de la Recherche scientifique. «Parallèlement aux activités revendicatives, nous sommes prêts au dialogue avec l'administration en dépit du fait que la double tutelle des ministères de l'Enseignement supérieur et de la Santé publique est très gênante », indique le Dr. Ezzaouia. Et d'ajouter : «la porte du dialogue est toujours ouverte avec le ministère de la Santé publique, mais le problème c'est que nous n'avons aucun interlocuteur au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur en dépit du fait que le secteur de la santé contribue à hauteur de 40% à la recherche scientifique dans notre pays » Migration S'agissant de la grève, le syndicat estime que le taux de suivi du mouvement du débrayage, qui a concerné les services des soins non urgents dans les centres hospitalo-universitaires (CHU) a atteint plus de 80% sur deux jours. «La grève a enregistré un grand succès puisque les médecins et les pharmaciens hospitalo-universitaires sont conscients que la corporation est à la croisée des chemins», a souligné le Dr. Ezzaouia, qui a tiré la sonnette d'alarme sur la propagation du phénomène de la migration des meilleures compétences médicales exerçant dans les CHU vers le secteur privé, lequel est mieux rémunérateur. Le secrétaire général du syndicat national des médecins et pharmaciens hospitalo-universitaires estime que «seule une amélioration de la situation matérielle de ces cadres médicaux de haut niveau est en mesure de stopper l'hémorragie». Selon lui, une étude comparative des niveaux de rémunération des gens de la profession au Maghreb a montré qu'un médecin hospitalo-universitaire gagne en moyenne moins de 2000 dinars en Tunisie contre l'équivalent de 7600 dinars au Maroc et de 6660 dinars en Algérie », selon une étude comparative réalisée par le syndicat. Promesse Du côté du ministère de la Santé publique, on note qu' «aucun écho notable n'a été enregistré» quant à la grève qui a concerné les centres hospitalo-universitaires (Grand Tunis, Tunis, Sousse, Monastir, Sfax) ainsi que quelques services dans des hôpitaux situés dans les régions de Nabeul, Mahdia et Bizerte. « Le taux de suivi de la grève a atteint 10,30% mercredi et 5,9% hier», souligne M. Taoufik Zerelli, chargé de mission au cabinet du ministre de la Santé publique. M. Zerelli a également fait savoir que le ministère de la Santé publique reste « prêt pour un dialogue sérieux» avec le syndicat sur le relèvement des indemnités de recherche et d'encadrement qui relève plutôt des prérogatives du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Du côté du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, on révèle aussi que des négociations seront entamées bientôt avec le syndicat. Selon des sources concordantes, le ministre de l'Enseignement supérieur a déjà promis de rencontrer le Bureau exécutif du syndicat dans les plus brefs délais.