La fameuse réplique du prince de Lampedusa (Guiseppi Tomasi), reprise par Visconti dans son adaptation du « Guépard » (El Gatto Pardo), parce que constituant la clé de voûte d'un roman, qui pourrait parler à toutes les époques, la nôtre aussi plus que jamais, sous nos latitudes qui respirent, qui espèrent, et qui comptent les jours, après avoir compté leurs morts, par dizaines, garde toujours son mystère trouble et l'impact équivoque de sa ténébreuse prophétie. Et c'est là un questionnement nécessaire par où le bât pourrait blesser. Et par où il blesse il faut le concéder, en attente d'une meilleure visibilité. Car si le plus gros des nuages en ont été chassés, il reste quelques embruns persistants et tenaces, qu'il faudra bien pouvoir éparpiller, de préférence sans avoir besoin d'allumer un feu d'artifice quelque part, en veillant surtout à bien séparer le bon grain de l'ivraie. Dans la mesure où il s'avère toujours vrai que l'on ne bâtit pas sur du vide, la nature l'ayant en horreur, et dans la mesure aussi où ne pas faire preuve de discernement en ce cas de figure serait une erreur de calcul, dont on payera tous le prix, à court ou à moyen terme, le cas échéant. Il va de soi que chacun devra verser son dû, cela est un fait, mais il faudra être pourvu d'un sérieux strabisme pour se tromper de cible et oublier les priorités. Le pays a besoin de retrouver la paix, et la stabilité, pour pouvoir avancer, et passer à autre chose, car la démocratie n'est pas une abstraction qui passerait comme une lettre à la poste, sans coup férir, mais un devenir en perpétuelle édification. La transition est nécessaire, certes pas à n'importe quel prix, mais nécessaire quand même. S'il y a nécrose quelque part, le corps entier s'en ressentira, alors, pas de panique : notre jeunesse nous a montré la voie. A partir de là, prendre des vessies pour des lanternes après tout ce qui s'est passé, ce ne sera pas joli, joli, mais ne nous trompons pas de combat…