Pour commencer, disons, assez de surenchère, de démagogie et d'opportunisme ! Cette révolution qui a renversé la dictature est celle du peuple. Aucune organisation ni parti politique ne peuvent prétendre qu'elle est la leur même en partie ; Tout le monde a été courcircuité par les évènements qui ont conduit à la chute d'un régime depuis très longtemps honni par les Tunisiens. Mais, que voit-on, aujourd'hui ? Une course effrénée de la part de tous pour se positionner sur le nouvel échiquier consécutif à cette révolution dont le prix fort a été payé par des jeunes qui se sont soulevés contre l'injustice et le déni de liberté. A travers ce qui se passe dans la rue et de ce que nous voyons sur les chaînes de télévision, ce que nous entendons à la radio et nous lisons sur les journaux, nous constatons avec consternation que les opportunistes d'hier, sont ceux-là même qui s'agitent le plus, faisant de la surenchère un moyen pour se faire remarquer et faire oublier leurs forfaits. Ils sont devenus tous parrains de cette révolution, pour en devenir les dépositaires. Or, l'éthique et la morale exigent de ceux-là de faire tout d'abord, leur mea-culpa et de présenter leurs excuses à tous les Tunisiens qui ont souffert des années de plomb qu'a vécues le pays. La gente intellectuelle dans son écrasante majorité, les organisations, toutes ont été complices du régime abject qui a sévi pendant vingt trois années. Le point commun entre eux tous était la lâcheté et rien que la lâcheté dont nous voyons aujourd'hui, le résultat avec ces images ahurissantes, que nous transmettent les télévisions sur l'état de misère de pans entiers de la société tunisienne et l'injustice que subissaient des centaines de milliers de jeunes et moins jeunes qui faisait d'eux des sous-hommes dans leur propre pays. Ayant pris le train en marche, les opportunistes d'il y a deux semaines cherchent à se faire une certaine virginité morale à travers des comportements le moins qu'on puisse dire indécents. Non au hold-up ! Cette catégorie de gens qui embrasse une vaste et large frange de la société ne s'embarrasse pas aujourd'hui à dénier ce qu'elle avait adulé il y a très peu de cela, sans gêne aucune, elle a changé de veste pour devenir une sorte d'avant-garde de la révolution du peuple allant jusqu'à vouloir imposer ses vues au reste de la population à travers des discours et des prises de position jusqu'au boutiste au risque d'entraîner le pays dans l'anarchie, de compromettre son avenir et d'enterrer les acquis du soulèvement salvateur. Prendre tout un pays en otage pour des desseins qui n'échappent à personne est condamnable parce qu'il est non seulement irresponsable mais aussi et surtout criminel. Les activistes de quelque bord qu'ils soient doivent cesser leur entreprise destructrice pour que notre pays puisse vraiment se relever et bâtir son avenir sur les bases d'une démocratie réelle, et une liberté sans entrave mais tolérante. Ne confisquons pas au peuple sa révolution pour de nouveau lui imposer la pensée unique. L'idée du parti omnipotent interdisant toute voix contestataire, nous sommes entrain de la revivre aujourd'hui, à travers les agissements de certaines personnes qui se sont autoproclamées défenseurs des aspirations des Tunisiens pour enfin les déposséder de leurs acquis. Faut-il rappeler aux dirigeants de l'UGTT que leur centrale n'est pas exempte de reproches, faut-il leur dire qu'ils ont été dans leur majorité complices du PSD avant qu'il ne redevienne RCD, auquel ils ont apporté leur soutien en contrepartie d'interdire la naissance d'un syndicat concurrent ? Ils ne peuvent en aucun cas nier de tels faits et ne sont pas par conséquent en droit de se faire les justiciers au détriment de toutes les autres composantes de la société. L'UGTT est un syndicat et doit le rester, à moins qu'elle ne se transforme en parti politique. Dans ce cas, elle devra abandonner la scène syndicale pour qu'il n'y ait plus confusion dans les rôles ; Sinon, l'organisation patronale et celle des agriculteurs (qui sont très nombreuses) peuvent elles aussi se faire prévaloir du même droit que l'UGTT s'est arrogé. L'UGTT, l'UTICA et l'UTAP étaient toutes les trois et au même degré de responsabilité alliées et complices du pouvoir déchu. Certes, la première est plus encline à la contestation de par la catégorie sociale de ses adhérents, mais ceci ne lui confère aucun droit de veto pour décider du futur du pays pour imposer le gouvernement qu'elle veut, d'autant que cette position n'est nullement partagée par tous au sein de cette centrale soumise aujourd'hui à une forte pression de la part de ses deux ailes extrémistes qui cherchent à renforcer leurs rangs pour imposer leur loi. Tout ceci n'a rien à avoir avec la démocratie, que nous voulons et le droit de tous à la liberté d'expression qui doivent être le dénominateur commun régissant la société qui a tout souffert du poids de la pensée unique et du diktat d'un parti qui a exercé une mainmise sans partage sur la vie du pays. Lutter contre un nouveau diktat d'où qu'il vienne est du devoir de tous pour que la page soit vraiment tournée et à jamais.