Le Temps-Agences - Le Parti socialiste a réclamé hier la démission de la ministre française des Affaires étrangères après les révélations sur ses rapports avec l'ancien régime tunisien, qui ont semé le trouble à droite. Michèle Alliot-Marie a confirmé avoir voyagé avec son compagnon, le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Ollier, dans le jet privé d'un homme d'affaires tunisien entre Tunis et la station balnéaire de Tabarka fin 2010, en pleine révolte populaire en Tunisie. L'homme d'affaires Aziz Miled, "nous a proposé de faire le vol avec lui plutôt que de faire (...) deux heures de voiture", a-t-elle déclaré hier à sa sortie du conseil des ministres. "Il n'a pas mis son avion à disposition", a-t-elle ajouté en précisant qu'elle avait "toujours payé (ses) vacances". Selon Michèle Alliot-Marie, Aziz Miled n'était pas un proche du président déchu Ben Ali. Le Canard enchaîné, qui a donné l'information hier, assure que c'était le cas. "Ce Monsieur est surtout une victime du clan Ben Ali", a-t-elle dit en refusant catégoriquement d'envisager de démissionner. "Pour des choses qui sont fausses, pour des assertions qui sont fausses ? Non, pas du tout." Aziz Miled a cosigné l'an passé une tribune appelant Ben Ali à se présenter à l'élection de 2014, a fait partie de ses comités de campagne électorale et figure sur la liste des personnes dont la Suisse a gelé les avoirs après la fuite de Ben Ali sous la pression de la rue, le 14 janvier. Victime ou allié de Ben Ali ? Selon la ministre, l'homme d'affaires a été spolié par Belhassen Trabelsi - beau-frère de Zine Ben Ali - qui lui aurait pris 20% de sa compagnie aérienne, qu'il possédait totalement. Aziz Miled, aujourd'hui en exil au Canada, a retrouvé, après le départ de Ben Ali, la présidence de l'entreprise qu'il avait cédée à Belhassen Trabelsi, signe selon l'entourage de Michèle Alliot-Marie qu'il est plus proche du nouveau régime que de l'ancien. La ministre avait déjà été critiquée pour avoir proposé l'aide de la France à la police tunisienne au moment où celle-ci réprimait des manifestations et validé l'envoi de grenades lacrymogènes en Tunisie deux jours avant la fuite de Ben Ali. Le chef de file des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault, dont le parti entendait interroger Michèle Alliot-Marie hier lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale, a demandé sa démission. "La ministre des Affaires étrangères est aujourd'hui totalement disqualifiée pour représenter la France. Elle n'a plus sa place au gouvernement et doit donc démissionner", a-t-il dit aux agences de presse. Une partie de la droite a également demandé des comptes. "Vous n'aurez pas (...) de réaction de ma part tant que je ne l'aurai pas entendue s'exprimer", a déclaré lors d'un point de presse le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, ajoutant: "On va voir ce qu'il y a dans cette affaire". Le chef de file des sénateurs UMP, Gérard Longuet, a jugé que "la ministre des Affaires étrangères aurait pu passer ses vacances en France". Mais le gouvernement français soutient Michèle Alliot-Marie. "Il y a quelque chose de dérisoire à voir le Parti socialiste demander la tête d'un ministre chaque semaine pour mieux marquer, en creux, son absence de contre-proposition sur le fond de la politique que nous menons", a déclaré son porte-parole, François Baroin, lors du compte rendu du conseil des ministres.