Le Temps-Agences - Le président yéménite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a annoncé hier renoncer à briguer un nouveau mandat et fait des concessions à l'opposition, sous la pression de la rue influencée par les exemples tunisien et égyptien. "Je suis contre un renouvellement de mon mandat, et contre la transmission héréditaire du pouvoir", a déclaré Saleh devant le Parlement qu'il avait convoqué pour une réunion extraordinaire. Les députés de l'opposition, qui a appelé à une "Journée de colère" prévue aujourd'hui, ont boycotté la séance. Le chef de l'Etat yéménite a en outre annoncé le report des élections législatives prévues pour le 27 avril et dont la tenue en l'absence d'une réforme politique était contestée par l'opposition. Saleh a précisé qu'il avait décidé le "gel des amendements constitutionnels dans l'intérêt national". Les députés devaient examiner le 1er mars une révision constitutionnelle proposée par les parlementaires du Congrès populaire général (CPG, au pouvoir) susceptible d'ouvrir la voie à une élection à vie du président. Un amendement visait à supprimer la limitation à deux du nombre des mandats consécutifs du président. L'opposition le soupçonne en outre de vouloir transmettre le pouvoir à son fils aîné Ahmed, chef de la garde républicaine, unité d'élite de l'armée. Saleh a appelé l'opposition à "geler les manifestations" et à reprendre le dialogue avec le CPG, interrompu depuis la décision des autorités d'organiser des élections législatives le 27 avril. Des milliers de Yéménites, inspirés par la Tunisie et l'Egypte, avaient déjà manifesté jeudi dernier à Sanaa à l'appel de l'opposition pour réclamer le départ du chef de l'Etat yéménite. Le président Saleh a également appelé à la formation d'un "gouvernement d'union nationale". Le chef de l'Etat yéménite a déjà multiplié les mesures sociales et économiques, dont une augmentation des salaires, face à la montée de la grogne populaire dans ce pays pauvre de 24 millions d'habitants. Il avait ainsi annoncé lundi la création d'un fonds pour l'emploi des diplômés de l'université et l'extension de la couverture sociale à un demi-million de personnes, ainsi qu'une réduction de l'impôt sur le revenu. Quatre tentatives d'immolation par le feu, dont un cas mortel le 20 janvier, ont été signalées au Yémen, à l'instar d'un acte similaire d'un jeune homme en Tunisie, à l'origine de la révolte qui a conduit à la chute de Ben Ali le 14 janvier. Le Yémen, l'un des pays arabes les plus pauvres, est la seule république de la péninsule arabique.