«Il n'ya aura plus de pain demain…», annoncent sur des pancartes qu'ils brandissaient telle une oriflamme, des boulangers qu'on a croisés, hier, lorsqu'ils sillonnaient les rues et les ruelles de Tunis. Ils étaient une centaine d'employés de boulangeries qui demandaient plus d'équité dans l'exercice de leur métier et revendiquaient leurs droits que reconnaît le code du travail et que leurs employeurs transgressent. « Nous avons toujours été en bas de l'échelle quand il s'agit de revoir notre situation. Alors que pendant la révolution nous étions les premiers à soutenir ce soulèvement du peuple, en travaillant dans une situation sécuritaire très précaire. On a travaillé et assuré le pain quotidien des citoyens. Le nôtre, qui va l'assurer ? » nous dit M. Mehdi Azzouz qui travaille dans une boulangerie du côté de Sidi Hassine. Les manifestants qui venaient de Hamma, de Mornaguia, de la Manouba et de plusieurs régions du pays nous ont informé que leur rassemblement a été déclenché de bouche à oreille, puisque la Fédération générale de l'alimentation, du commerce et de l'artisanat relevant de l'UGTT ( Union générale tunisienne du travail) les a floué en leur annonçant dans un communiqué en date du 5 février ce qui peut être traduit par « … Les employés des boulangeries sont appelés à s'unir pour revendiquer ce qui leur revient de droit, en appelant les personnes concernées à appliquer la convention sectorielle des boulangeries qui consiste, entre autres, à respecter les employés et leur droit à appartenir à un syndicat. » Le même communiqué appelle les employés à contacter leur fédération dans un délai ne dépassant pas une semaine. « Mais en contactant cette institution, M. Brahim Salmi , le Secrétaire général des employés de boulangeries nous a donné une réponse vague pour nous empêcher de revendiquer nos droits. » nous dit Hassine Dhabi boulanger à Mornaguia qui continue « Nous avons une situation financière très précaire et nos emplois le sont aussi. On travaille sans couverture sociale et avec un salaire qui ne couvre pas nos dépenses mensuelles , alors que nous avons des familles à nourrir, des loyers à payer, etc. Aujourd'hui on manifeste et on a peur aussi d'être sanctionné par nos employeurs. Mais on va comme même continuer sur cette même lancée. Car c'est le ras-le-bol total pour nous. » Doléances des boulangers Côté revendications les employés des boulangeries ont mis noir sur blanc leurs doléances lesquelles sont inspirées du texte des conventions collectives du 28 juillet 2009, qui prescrit les normes de production au sein des boulangeries. « Il y a une véritable domestication des boulangers qui font des heures supplémentaires sans pour autant être payés en conséquent. On ne peut en aucun cas recevoir une prime de rendement, de déplacement ou encore une prime pour avoir un uniforme décent. » nous dit M. Hédi Ben Abderrahman Ennasri qui énumère les demandes des employés qui consistent, par ailleurs, à inciter les employés à fournir des fiches de paie aux employés, à leur verser leurs salaires via une banque ou la poste. On revendique également le droit à une retraite à l'âge de 55 ans et à verser des primes supplémentaires au regard de l'ancienneté de tout un chacun. Les manifestants nous ont confié que cette grève sauvage sera observée à partir d'aujourd'hui. Une situation qui va continuer jusqu'à ce que leurs demandes soient satisfaites.