• Les cadres et autres agents des bureaux d'emploi et du travail demandent des précisions - Logiquement débordés, en ce moment, par le nombre grandissant des demandeurs d'emploi s'adressant à leurs services, les cadres et agents des bureaux d'emploi et du travail indépendant nous ont dit craindre, toutefois, de faire les frais de l'opacité qui continue de caractériser la ligne et la politique officielles en matière d'emploi. Mr Kaïs Bakkai, conseiller à l'emploi au sein du bureau de l'emploi et du travail indépendant de Khéreddine, dans la banlieue nord de Tunis, nous a confirmé l'augmentation sensible du nombre des demandeurs d'emploi qui s'adressent aux bureaux d'emploi, ces derniers jours. « La raison en est le grand espoir suscité par la Révolution chez les jeunes et les demandeurs d'emploi, en général, en ce qui concerne la réhabilitation du principe de transparence dans le traitement des dossiers, a-t-il dit. Puis, le règlement impose aux demandeurs d'emploi de toutes les catégories de passer obligatoirement par les bureaux d'emploi et de travail indépendant et d'y déposer leurs dossiers afin de pouvoir avoir des réponses officielles et bénéficier des avantages accordés dans le cadre de la promotion de l'emploi et du travail indépendant. Cependant, comme ses collègues, Mr Kaïs Bakkai préconise des éclaircissements précis à propos des nouvelles orientations de la politique d'emploi du gouvernement intérimaire pour mieux gérer les dossiers et savoir ce qu'on doit et ce qu'on peut faire. Lors d'un mouvement de protestation pacifique organisé le 10 février à Tunis, les cadres et agents des bureaux d'emploi et du travail indépendant ont clairement réclamé des précisions en matière de politique d'emploi. Ils ont notamment demandé au ministre du développement local et régional de fournir des éclaircissements précis sur les modalités et les conditions d'octroi de l'indemnité de chômage décidée au profit des diplômés de l'enseignement supérieur ‘'afin de préserver la crédibilité des bureaux d'emploi et du travail indépendant'' ont –t-il affirmé, dans une déclaration rendue publique à cette même occasion. Plus important encore, les cadres et agents des bureaux de l'emploi et du travail indépendant ont réclamé ‘'un débat officiel à travers la presse et les médias sur le sujet en vue de clarifier le rôle des bureaux d'emploi et du travail indépendant dans leurs rapports avec les demandeurs d'emploi et les entreprises économiques de manière à lever tout malentendu de nature à porter atteinte à la sécurité et à la sûreté des cadres et agents des bureaux d'emploi et du travail indépendant.'' Dans ce contexte, Mr Kaïs Bakkai a indiqué que l'emploi a été le catalyseur de la révolution tunisienne du 14 janvier et il demeure la priorité absolue de la Tunisie. ‘'Pour le moment, a-t-il ajouté, le rôle assigné aux bureaux de l'emploi est de faire la jonction et le trait d'union entre les demandeurs d'emploi et les entreprises économiques , en recueillant et en communiquant publiquement, par voie d'affiches internes, les demandes et les offres d'emploi. Nouvelles orientations Toutefois, un appel est lancé pour l'adoption de nouvelles orientations propres à conférer davantage d'efficacité à l'action des bureaux d'emploi, en s'inspirant de l'expérience des pays développés d'Europe, à l'instar de la France et de la Suède. En France, chaque préfecture (gouvernorat) possède sa propre agence de l'emploi, alors qu'en Tunisie, la gestion des demandes et des offres d'emploi est assurée par les bureaux de l'emploi sous l'égide d'une seule structure nationale, en l'occurrence l'Agence nationale de l'emploi et du travail indépendant relevant du ministère de la formation professionnelle et de l'emploi. En Suède, chaque conseiller à l'emploi est chargé d'un petit groupe de demandeurs d'emploi (23 demandeurs) qu'il accompagne systématiquement et en permanence jusqu'à ce qu'ils soient embauchés et recrutés. Ainsi, le traitement des dossiers est personnalisé. A cet égard, l'accent a été mis sur la nécessité de veiller plus spécialement à la préservation des emplois créés menacés par les licenciements et les difficultés économiques conjoncturelles. Tout en poursuivant l'encouragement et l'incitation à l'investissement privé et public par tous les moyens en vue de la création de nouveaux emplois, un souci particulier devrait être porté, à cet effet, au soutien des entreprises économiques en difficultés. Dans cette perspective, se référant à l'expérience française dans ce domaine, Mr Kaïs Bakkai a proposé la création d'une banque étatique chargée du rachat des entreprises économiques en difficultés, puis après l'assainissement de ces entreprises et la préservation des emplois qu'elles offrent, l'Etat peut les vendre à des tierces personnes à des prix convenables à travers des appels d'offres transparents, en rupture totale avec les ‘'bradages systématiques'' du secteur public enregistré, en Tunisie, sous les anciens gouvernements, depuis les années 1970 et jusqu'au triomphe de la révolution populaire du 14 janvier 2011.