Il nous est arrivé de penser que le CHAN est une compétition de second ordre destiné à être une compensation pour les pays dépourvus de joueurs aptes à s'exprimer à d'autres niveaux de l'autre côté de la Méditerranée. Le fait que nous soyons qualifiés en finale, peut-être même à la veille d'un sacre africain ne doit pas changer grand-chose à ce jugement porté depuis longtemps sur ce tournoi du Soudan. Il est même urgent de ne pas nous griser abusivement si on croit devoir placer notre exploit sous l'angle d'une hiérarchie quelconque des valeurs. On tomberait alors dans le piège de l'autosatisfaction burlesque pour ne tromper que nous-mêmes. D'un autre côté il serait injuste de ne pas saluer ce succès qui vient à l'aube d'une nouvelle ère pour nous ouvrir d'autres horizons. Ce CHAN qu'on qualifiait de quelconque ici même il y a une semaine peut nous éclairer sur d'autres potentialités auxquelles nous pouvons y prétendre dont en particulier cette foi inébranlable de croire en nous-mêmes et au symbole qui détermine notre identité. De cette foi qu'inéluctablement c'est le contexte qui nous l'a insufflée ont découlé durant ce long séjour au bord du Nil bleu d'autres qualités humaines que nous voudrions garantes de notre avenir comme par exemple : la solidarité dans le groupe qui nous représente qui pour une fois n'a pas semblé surfaite ou le sentiment de fierté de porter des couleurs sans autre ambition que de les honorer ou encore l'humilité de jeunes capés et de leur staff technique pourtant démuni de tout renom et de prestige dans le passé. Et pour couronner ces états d'âme qui ne maquent pas d'élévation, ce refus sublime d'évoquer et encore moins de discuter de cette pomme de discorde figurée par les primes qu'habituellement on débat avec insolence avant toute compétition. Techniquement de seconde zone, ce CHAN aurait pu rester quelconque s'il ne nous a pas révélé ces trésors de sentiments nobles dont nous sommes capables de nourrir et que notre équipe nationale voulue locale et anonyme nous a fait découvrir ne nous grisons pas vite et rappelons-nous la Coupe d' Afrique qui nous a pris dans le piège de l'autosatisfaction et qui n'a réussi depuis sept ans qu'à nous faire faire du surplace quand on n'a pas régressé tout simplement. M.Z