Le poste frontalier de Ras Jdir est sur le qui-vive, face à cette marée humaine qui déferle sans cesse depuis les premiers jours qui ont suivi le soulèvement béni du peuple lybien frère. Les interminables files de voitures de passage au territoire voisin en temps ordinaire ont cédé la place, circonstance oblige, à ce flux impressionnant de Tunisiens et de ressortissants étrangers, notamment des Egyptiens par milliers, tous fuyant un pays en détresse soumis à la pire des tyrannies vivant heureusement ses derniers jours. Un dispositif humain impressionnant, militaires, police, personnel du Croissant Rouge, membres de la Commission populaire pour la sauvegarde de la Révolution de Ben Guerdane, etc…, est à pied d'œuvre pour accueillir chaleureusement à leur arrivée à pied à la frontière ce flux de passagers, pour les orienter et les encadrer à bon escient. Des équipes de télévision multinationales sont sur place pour couvrir l'événement et recueillir à chaud les impressions des arrivants. Des bus chargés de ressortissants asiatiques, Chinois et Coréens, quittent incessamment Ras Jdir en direction de Djerba pour être logés dans des hôtels de l'île, à la charge de leurs ambassades respectives avant d'être rapatriés ; un Boing 777 de la China Airlines est annoncé pour demain samedi en partance de l'aéroport International de Djerba- Zarzis. Non loin de là, à Choucha à six kilomètres, une imposante unité hospitalière mobile est installée par l'armée pour renforcer la capacité d'accueil et d'assistance médicale, en prévision de l'affluence iminente des blessés libyens victimes de la répression. Mobilisation La mobilisation des citoyens tunisiens a pris des formes différentes, émanant toutes d'une solidarité qui n'est plus l'apanage exclusif d'un système politique, tributaire de la décision d'un état ou d'un gouvernement, ou l'œuvre d'un appareil administratif donné. Cette noble initiative engagée par les Tunisiens, concrétise aujourd'hui les valeurs des glorieuses révolutions que mènent nos peuples. Des caravanes de secours bénévoles ne cessent de secourir les refugiés. Des comités d'accueil se sont constitués dans toutes les bourgades et les cités, de Ras Jedir à Benguerdane, à Zarzis, à Médenine et Djerba, et bien au-delà, dans tous les confins du sud tunisien, des dons et un sens du volontariat témoignent du sincère engagement des Tunisiens dans le processus de la révolution dans sa dimension solidaire, un extraordinaire élan enfin de fraternité et de générosité incommensurables. A Djerba, les scouts, en concertation continue avec la commission issue de la Révolution de Benguerdane, prennent en charge la gestion du flux sans cesse croissant des ressortissants égyptiens (et d'autres nationalités), en leur offrant gite et nourriture, avec l'implication des citoyens et de certaines unités d'hébergement (maison des jeunes, auberge, hôtels, Ong…) qui ont ouvert leurs portes pour abriter nos hôtes. A Zarzis, cet élan n'est pas de moindre importance : le comité local relevant du Croissant Rouge s'est mobilisé pour garantir un accueil digne et susceptible de fournir toute l'assistance nécessaire. Des voitures munies de hauts parleurs sillonnent les artères de la ville pour exhorter la population à fournir dons, médicaments, sang, nourriture, moyens de transport, etc.