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Correspondance avec David Black
Brigades d'Intervention Plastique
Publié dans Le Temps le 03 - 03 - 2011

Je reçus du peintre new- yorkais une série de questions se rapportant à la création des Brigades d'Intervention Plastique (BIP), de mes rapports avec le regretté Bouabana, de l'Ecole de Tunis, de l'Union des Plasticiens, etc... Et surtout de la révolution tunisienne.
Voilà quelle fut ma réponse

You have a big a problem because you are a big man. Cette phrase est uniquement pour toi, et elle n'a rien de spirituel. Elle pose juste la problématique d'arriver à faire plaisir à la mission, dont chaque être humain est chargé.
La tienne est de parfaire ton art. Et cela demande l'apprentissage secret de ce qu'est le temps. Facteur essentiel pour la destruction de ce qui existe et l'amorce de la reconstruction de ce qui n'existe pas encore mais qu'on juge bon d'exister. L'art est rebelle à toute forme de justice. Il est subjectif. Donc, d'essence divine.
Si ma rencontre avec Bouabana, comme beaucoup d'autres plasticiens tunisiens, date de l'année 1986, elle n'a rien à voir avec l'idée et la naissance des BIP, qui étaient et qui ont demeuré absolument étrangères à Bouabana. En cette période-là j'écrivais, et publiais dans la presse tunisienne. Je m'intéressais donc aux artistes, dans toute leur diversité, qu'ils soient du domaine du théâtre, du cinéma, de la peinture, de la musique, de la poésie, de la littérature, ou de la danse. Bouabana m'a attiré comme certains autres, parce qu'il était délaissé, marginalisé, réduit à l'état de presque rien.
J'ai fais ce que j'étais appelé à faire pour l'aider à continuer son chemin. Au niveau de la petite vie de tous les jours, de la survie au quotidien, mais surtout à le défendre au niveau de l'écrit, comme un artiste qu'on ne doit pas écraser. Quelle influence à t-il eu sur moi par rapport aux BIP ou pour le combat pour la suprématie subjective de l'art sur la vie ? Pratiquement aucune ! Je le regardais comme un passage du désert, que moi et certainement beaucoup d'autres ont déjà vécu.
Ceci n'empêche que j'avais décelé en lui, un grain de folie qui pouvait le rapprocher des génies. Cette sensation est-elle réelle, ou juste une fausse impression ? C'est à l'Histoire de décider de ce que j'avais ressenti, et de, ce pourquoi il a vécu. Nous fûmes quand même des Amis. Séparés et réunis, confiants ou méfiants, gagnants ou perdants. Mais nous fûmes surtout deux grands ennemis qui, pouvaient vivre l'un sans l'autre, en toute impunité, et en toute liberté. Je ne lui ai jamais rien donné, lui non plus.
Les BIP ont commencé en 1989. La première action à Mehdia, cité marine où je suis né. Avec la présence d'une dizaine de peintres, représentatifs de la troisième génération des plasticiens tunisiens depuis l'indépendance. Et dont certains avaient pris en main, la destinée de l'Union des artistes plasticiens tunisiens (UAPT), jusque-là, terrain de chasse-gardée de la fameuse Ecole de Tunis.
Il n'est nul besoin ici, de raconter l'histoire de cette institution qui fut créée, à l'instar de l'Ecole d'Alger et celle de Paris, vers le milieu du siècle dernier. Donc à l'époque du protectorat français en Tunisie. Avec la fin du protectorat et le départ des français, un groupe d'artistes tunisiens va prendre en main le destin de cette école, et ses membres vont s'ériger en maîtres absolus de la destinée des arts plastiques dans le pays, rejetant tous les autres. Avec la force de décision que l'Etat de Bourguiba leur a offerte.
Bouabana, ainsi que Néjib Belkhodja et beaucoup d'autres étaient victimes de cette main-mise totale de l'Ecole de Tunis, sur la réalité des arts plastiques dans le pays. L'Union ayant été investie par les plasticiens de la troisième génération, a donné un nouveau souffle à l'aventure de la modernité dans le domaine des arts plastiques.
Au service d'une œuvre commune. Cette première expérience à Mahdia était une véritable fête. Les peintres étaient heureux de se retrouver ensemble, même s'ils ont travaillé chacun de son côté. Il y a ceux qui sont allés dans le port, sur les places publiques, et ceux qui sont restés dans l'atelier, mais il était évident qu'ils étaient heureux de se retrouver dans le même espace-temps. Ils découvraient pour la première fois qu'ils pouvaient s'aimer.
C'est-à-dire aimer l'œuvre de chacun d'entre-eux. Et c'est peut-être à ce moment-là que m'est venue l'idée, que l'idéal serait qu'ils puissent créer une œuvre commune, à travers laquelle tous seront présents, et qu'ils pourraient aimer, comme étant la partie essentielle d'eux-mêmes, mélangée à la partie essentielle chez l'autre. Comment faire d'une dizaine de peintres, un seul peintre au service d'une œuvre commune, et surtout unique.
Donc, après le facteur temps dont je parlais plus haut au début de ce texte, j'en étais amené au facteur de l'action commune, donc de son unicité et de l'unicité de l'espace. Une seule toile. Exactement comme au théâtre.
Plus tard, je me suis rendu compte que cet art, généralement exercé en solitaire depuis près de deux sicles, pouvait être ramené à ses débuts, donc à un art du groupe.
Quant à la révolution et ses rapports avec l'art, ce sont tout simplement deux thèmes qui expriment la même chose. Parce que assujettis à un seul acte : celui de créer. La révolution commence par détruire, c'est-à-dire par réduire à l'état de virginité, le terrain sur lequel elle va s'accomplir et procréer. L'art commence toujours à partir du point d'anéantissement total ; c'est-à-dire celui de la mort de l'artiste. L'acte de créer permet à celui qui l'accomplit de ressusciter pour de nouveau mourir. C'est peut-être pour cela, que les génies échappent à la mort.


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