Par ce froid qui sévit dans le pays depuis la fin février, le port d'un couvre-chef est d'un grand secours pour les têtes dégarnies. C'est pour cela, semble-t-il, que chez nous, deux chefs de partis d'opposition en mirent deux au lieu d'un, en allant tenir des réunions partisanes quelque part en Tunisie, là où justement l'ambiance était surchauffée. Hélas, leur « casquette » doubles ne leur servit pas à grand chose; et c'est heureux qu'ils soient rentrés avec leurs têtes sur les épaules. Mener une campagne électorale déguisée, qui plus est sous une double identité politique, ne passe plus désormais sans éveiller quelques soupçons, ni sans donner quelques frissons aux militants doublement masqués! Dernière de la classe Maya Jéribi est une militante démocrate connue. On lui doit beaucoup d'actions et de déclarations courageuses du temps de Bourguiba et sous Ben Ali. Cependant, sa dernière participation, sur le plateau de Nessma TV, au débat autour de la situation de crise que vit le pays, fut des plus décevantes. Elle a même inspiré à certains observateurs un parallèle surprenant et méchant avec le président déchu. Maya, Selon eux, patauge encore dans le noir sur certaines questions, en dépit de ses longues années de militantisme politique. Elle dit par exemple n'avoir pas compris pourquoi l'on n'a retenu de notre désormais ancienne constitution que l'article 57 ; elle reconnaît ensuite qu'elle ne voit pas pourquoi l'on souhaite que les nouveaux ministres du gouvernement provisoire soient interdits de participation aux élections et se demande encore pourquoi des groupes de Tunisiens qu'elle qualifie de « fascistes » ont empêché son parti de tenir une réunion sous la présidence de Mohamed Néjib Chebbi, alors ministre dans le gouvernement de Ghannouchi. Pourtant, son interlocuteur principal, et pour lequel elle était spécialement envoyée, (il s'agit d'Abid Briki, porte-parole de l'UGTT) tenait un discours des plus clairs et des plus cohérents. Au lieu de lui tenir tête intelligemment et de manière à convaincre le public des téléspectateurs avec des arguments aussi forts que ceux du responsable syndical, Maya restait évasive et visiblement sans assurance. Elle a même tremblé et battit en retraite, lorsqu' Abid Briki la menaça de poursuites judiciaires pour diffamation si elle continuait à porter contre Abdessalem Jrad des accusations infondées. Savoir raison garder Ne valait-il pas mieux pour elle garder le silence sur les sujets délicats au lieu de s'enliser dans des terrains minés que les autres invités du plateau ont su éluder ou seulement survoler. Elle a rarement abordé l'essentiel et s'est trop dépensée dans des règlements de comptes auxquels elle était nettement mal préparée que ses, ou plutôt que son vis-à-vis Abid Briki. Ahmed Brahim, lui, a évité l'affrontement avec le représentant de l'UGTT et préféra jouer la carte de l'apaisement et de la concorde. Il fut d'une admirable habileté. Ce ne fut pas le cas de Maya qui était lamentablement maladroite. Franchement, nous nous attendions à une meilleure prestation de sa part ; mais il semble que le sentiment de frustration, manifestement contagieux au sein de son parti, l'ait emporté mercredi soir sur la lucidité, le calme et l'intelligence de Maya Jeribi. Dommage ! Espérons tout de même qu'elle ne mettra pas trop longtemps pour les retrouver !