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Les rapaces sont toujours là
La forêt de Gammarth saccagée
Publié dans Le Temps le 16 - 03 - 2011

En parodiant une chanson folklorique, on pourrait ajouter : « Les arbres sont coupés ! » … au bois de Gammarth et il est littéralement saccagé.
Volonté délibérée ou négligence ? On a appris récemment qu'il avait été acheté. Par qui ? Et revendu aussitôt. A qui ? Aux prix des m? environnants, l'opération a dû être éminemment « profitable » mais pas pour la population de la banlieue Nord, en général ni pour les gens habitant Gammarth et La Marsa, en particulier.
Nous voulons croire que malgré les impératifs du moment, on n'oubliera pas que 2011 a été consacrée : « Année de la Forêt ». Le bois de Gammarth, même gravement mutilé par deux incendies successifs, est la dernière vraie zone verte de la banlieue Nord. Les parcs fleuris de Sidi Bou Saïd, aménagés à grands frais, ne sont que de « faux semblants ».
Nous avions eu un moment d'espoir quand, après avoir été débarrassée des arbres morts, couchés par le vent, la forêt, au début de l'automne dernier, avait été envahie par une horde d'ouvriers qui replantaient de très jeunes pins dans des trous creusés à l'aide d'une tarière mécanique. Sans doute était-ce en prévision soit du « 7 Novembre » soit de « La fête de l'Arbre » ! Mais nous avons très vite perdu nos illusions.
Cette opération de reboisement était faite avec une telle négligence que la tarière a creusé des trous, parfois, même dans l'axe des pistes et que les ouvriers ont planté les tout jeunes arbres, sans aucun soin, par poignées dans chaque trou ! Puis, tout a été abandonné, y compris, d'une part, les déchets engendrés par les campements des bûcherons, d'autre part, les emballages de plastique contenant les plants et enfin les branches des arbres, sans doute peu vendables, rassemblées en tas énormes à grands coups de bulldozers. Les insectes xylophages nuisibles, qui s'y installeront, tueront les arbres que les incendies ont épargnés ! C'est ainsi qu'au fil des semaines suivantes, une très grande partie – pour ne pas écrire : la majeure partie ! – des plants a été volée et une bonne part de ceux qui restaient, est morte faute d'avoir été arrosée.
Et maintenant ? Que faire ? Faut-il laisser la forêt disparaître pour le plus grand profit des promoteurs immobiliers. Ils ont déjà été largement servis dans la partie qui borde le littoral. Mais c'était certainement pour que les Résidences et le port de plaisance rapportent des devises au pays. N'est-ce pas ?
Pourquoi ne pas décréter ce qu'il reste du bois de Gammarth, « Zone inconstructible » ?
2011, l'année de la forêt
Tout en nous souvenant que 2010 avait été consacrée : « Année de la biodiversité » puis, de façon prémonitoire, « Année de la Jeunesse » – Nous avons vu de quoi elle était capable ! – pourquoi laisser à l'abandon le bois de Gammarth, qui est aussi un patrimoine ?
Les derniers sportifs, qui le fréquentent, suggèrent qu'on pourrait, sans grands frais, y installer un « parcours de santé » comme dans de nombreux autres parcs, tel le Belvédère.
Les « bons vivants », qui y reviennent régulièrement pique-niquer, prouvent qu'une guinguette sous les arbres, comme au Belvédère, est agréable et rentable.
L'existence, hélas, d'une piste pour motos tout terrain, fait penser que les V.T.T., bien moins polluants, pourraient y être accueillis, avec plaisir.
Quelques « écolos » pourraient créer une association des « Amis du bois de Gammarth », sur le modèle des « Amis du Belvédère ». Il existait naguère une « Association Internationale des Amis des Arbres de Tunisie ». N'existe-t-il plus un seul « Ami des Arbres » pour entretenir « la flamme » ? Pourquoi faire ? Déjà pour se promener, à l'écart des ronflements des moteurs et de la toxicité des gaz d'échappement. Avec les dernières pluies, les férules commencent à ériger leurs longues hampes florales. Les fleurs des oxalis parsèment de jaune citron les pelouses où pointent les premières feuilles du « chardon marie » et les petits soucis orangés annonciateurs du printemps. Les tourterelles se cherchent pour s'accoupler et recoulent dans les pins. Les caroubiers et les azeroliers ont reverdi. Les amandiers ont saupoudré de délicates fleurettes rose tendre, la mousse vert clair de leur feuillage naissant. Il y a, au moins, dix espèces d'arbres dans le bois de Gammarth. Les abeilles ont recommencé à butiner et les passereaux : pinsons, fauvettes, bulbuls qui répondent si volontiers aux sifflements d'appel, font entendre, de nouveau, leurs chants qui leur servent à délimiter leur territoire.
Les rosettes des premières orchidées printanières : les Ophrys tenthredinifera – dont les racines « stérilisent » les hommes volages ! – et les Orchis collina – qu'on croyait avoir disparu du pays ! – s'épanouissent. Il existe plus d'une dizaine d'espèces d'orchidées sauvages à Gammarth.
Parfois, un chacal traverse la piste. Quelquefois, un couple de perdrix s'envole en piaillant. La hulotte lance son « hou, hou, hou » amoureux. Tout parle de Biodiversité dont l'Homme fait partie et qui assure sa survie.
Ne pourrait-on pas confier aux jeunes le soin de reboiser et d'entretenir quelques unes des parcelles déboisées ? Combien coûterait le salaire d'un gardien, doté d'un vélomoteur et d'un téléphone portable, qui signalerait au poste de police voisin les « voyous » qui viennent y déverser des remorques entières de déchets ?
Quand, un archéologue chevronné, aidé par une équipe de jeunes diplômés, entreprendra-t-il une campagne de fouilles sur cette colline dont le sous-sol, creusé de tombeaux d'époque romaine, recèle encore des pavements de mosaïque et des citernes ?
Que faire du bois de Gammarth en cette « Année de la Forêt » ? D'abord, le sauver de la rapacité des promoteurs, ensuite, le rendre, agréable et reboisé, à toute la population tunisienne dont il est le patrimoine naturel et historique.


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