Raouf KHALSI - Sale temps pour la diplomatie occidentale en cette ère de Révolution en Tunisie. A la question posée par une consoeur à l'ambassadeur de France : « Quelle leçon la France ne nous donnera pas maintenant » (et qui l'a mis en rogne !). L'un de nous aurait pu, hier, (si la conférence de presse avait eu lieu au ministère des Affaires étrangères), poser cette question à Madame Clinton : « Quelle menace nouvelle inventera l'Amérique pour tenir la Tunisie en laisse ? » L'Oncle Sam a fabriqué Ben Laden et à ses yeux, Ben Ali « se justifiait » parce qu'il représentait « un rempart contre la mouvance intégriste ou ce qu'il appelle « le terrorisme ». Et puis, les Tunisiens n'oublieront pas que Washington a pris son temps pour applaudir à la Révolution tunisienne. Et maintenant, que les choses se clarifient aux yeux de la Maison Blanche, Madame Clinton affirme « l'engagement américain a soutenir la transition démocratique tunisienne, politiquement et financièrement ». Politiquement, on sait que l'Amérique, pays d'un bipartisme de fait, serait très à l'aise si une bonne centaine de partis politiques s'installaient sur l'échiquier au nom du respect des sensibilités. Et gare à écorcher les sensibilités religieuses ! Mais sur le plan financier, on ne sait pas vraiment comment vont s'y prendre les Américains. Cela dit, la démarche américaine reste la même : sa diplomatie consiste immanquablement à faire brandir des menaces. Après Al-Qaïda, voilà que Hillary Clinton fait agiter celle de Kadhafi : « La Tunisie sait très bien que si Kadhafi ne s'en va pas, il va très probablement créer des ennuis chez vous, en Egypte et à n'importe qui d'autre, c'est dans sa nature », a-t-elle dit sur Nessma TV. Cela ressemble a du chantage. C'est comme si elle demandait à la Tunisie – comme elle y avait fait allusion en Egypte - à aider à renverser Kadhafi. Et alors, on ne sait pas vraiment ce qu'est venue faire Madame Clinton ; que nous a-t-elle apporté ? A moins qu'elle ne soit venue prendre, chez nous, la température de la Libye. Quant à la parodie de conférence de presse, elle restera dans les annales. Bel échantillonnage de liberté d'expression. Il est vrai qu'elle ne pouvait pas bouger à son aise, comme quelques années en arrière, à Sidi Bousaïd, au centre Ettadhamen et à travers les associations mafieuses d'une certaine… Leïla Ben Ali.