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La nouvelle coqueluche
Portrait - Abdelfattah Mourou
Publié dans Le Temps le 29 - 03 - 2011

• «Certains utilisent les mosquées pour des objectifs bassement politiques. D'autres n'ont aucun sens du patriotisme et s'entêtent à faire ancrer dans notre pays une approche de la religion importée des pays d'Orient ».
Par Hechmi GHACHEM - Fondateur du mouvement « Ennahdha », il faisait depuis le début figure d'out-sider-trop modéré pour les ténors de l'islamisme tunisien purs et durs de l'époque ?
Il n'en demeurait pas moins dangereux pour autant, le pouvoir de Bourguiba se méfiait viscéralement de tout ce qui avait trait au religieux.
Epargné par la grande répression qui a frappé les militants de « En-Nahdha » pendant les dernières années du règne du plus laïc des chefs arabes dans un premier temps et, quelques années plus tard, par les sbires de l'ultra-tortionnaire Ben Ali qui avait fait de sa lutte contre les islamistes son atout le plus puissant, Mourou avait fait carrière dans des instances extraterritoriales.
Depuis l'avènement de la Révolution en Tunisie, il n'a manqué aucune occasion pour se montrer au public et s'adresser à lui. Première apparition, à l'aéroport, venu accueillir parmi d'autres chefs historiques du mouvement celui qu'on présentait comme son chef incontournable et effectif : Rached Ghannouchi. Depuis on l'a revu comme invité d'honneur sur Nessma puis plus récemment sur Hannibal.
Séducteur hors pair
Et ces deux apparitions provoquèrent un véritable branle-bas de combat. L'homme s'avère être un séducteur hors pair. Tout d'abord l'habit qui –même s'il ne fait pas le moine- fait l'imam. Tout en soie brodée, chemise blanche immaculée. Ensuite cette élégance on ne peut plus tunisienne (on ira jusqu'à dire tunisoise) est accompagnée par une éloquence digne des grands maîtres de la rhétorique teintée par ce trait d'humour improvisé nécessaire à tout séducteur qui se respecte. Ajoutons à cela un patriotisme tunisien tout en dentelles et savamment distillé, une lucidité d'analyse et un courage qui font généralement défaut à ceux qui parmi les chefs se réfèrent à l'islam comme force de fonctionnement majeure du genre de sociétés qui est la notre.
Tout le monde est sous le charme. Surtout les femmes! A tel point que Salma Baccar, présente sur le plateau de Hannibal, lui demandera avec les cils battants d'une toute jeune groupie : Oh, je voudrais tellement en tant que cinéaste filmer tous vos prêches du vendredi tellement je les trouve géniaux.
Et puis plus tard, après qu'il eut déclaré qu'il était, avec tous les membres de sa famille, un grand fan du quatrième Art et qu'il va souvent au cinéma : « oh..! espérons que vous apprendriez à ceux qui viennent vous écouter à la mosquée d'aimer les arts et de les encourager! ». Grand seigneur, il la rassure avec un petit zeste d'humour, « dernièrement, je suis allé voir un film à la salle de l'Africa. Tous les présents me regardaient au lieu de regarder l'écran ». Tout comme le premier ministre, cet homme est indélébilement imbibé du savoir-faire bourguibien. Parler juste. Parler simplement. Faire rire pour ensuite attaquer les choses ou les êtres qui ne lui plaisent pas.
«Certains utilisent les mosquées pour des objectifs bassement politiques. D'autres n'ont aucun sens du patriotisme et s'entêtent à faire ancrer dans notre pays une approche de la religion importée des pays d'Orient.
Il faut séparer religion et politique. La fonction du savant religieux est de dire ce qui est permis et ce qui ne l'est pas. C'est tout ! Il ne doit en aucun cas dépasser ces prérogatives. Si quelqu'un me demande ce que dit la religion à propos du vin, je lui dirais que c'est péché. Libre à lui ensuite de boire ou de ne pas boire. Je dois respecter ses choix et ne pas le diaboliser ni le haïr dans le cas où il choisirait un acte jugé mauvais. Chacun est libre et doit assumer en toute responsabilité les résultantes de ses actions.
L'homme politique doit avoir en main la machine qui lui permet de régner et de réprimer s'il le faut. L'homme de religion ne doit jamais en être le maître. Il doit demeurer démuni de l'outil d'exercer le pouvoir ».
Non…mais je rêve!
Cet homme est une source intarissable de modernité !
Si c'est ça l'islamisme, tout le monde va se ruer pour en faire partie. Donc nous aurions eu peur d'un mouvement diabolisé ?
Et même si certains l'ont surnommé à tort « le renard », cet homme est rassurant à force de tendresse, de modération et d'ouverture d'esprit. En un mot, c'est un champion ès démocratie.
Quant à l'éventualité de fonder ou pas un parti, la question demeure posée.
Je me permets de prendre cette décision à sa place : puisque vous ne cherchez pas le pouvoir, ne fondez pas de parti. Demeurez libre tel que l'on vient de vous connaître. Sinon, nous serions quelques-uns à être déçus. Car ne vous y trompez pas. Il y a encore en Tunisie une poignée de tordus qui ne voient aucune utilité à ce que peut amener de bon, le cultuel, dans une société postrévolutionnaire. Ceux qui sont morts l'ont été pour la liberté, la dignité et le droit à un travail honorable. On n'a jamais entendu ni vu, pendant le déclenchement de cette révolution, un slogan ou un mot d'ordre appelant à plus de foi, à plus de lieux de culte mais à l'ouverture des horizons devant les générations à venir et à plus d'espoir. Sur terre et non dans les cieux.
Aujourd'hui alors que nous sommes encore vivants et nullement demain après que nous serions bel et bien morts.
HG
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Mémoire du temps présent
Par Khaled GUEZMIR
Religion et politique :
Soyons constructifs et solidaires !
La bande à Walid Zaraâ (Hannibal-TV) a frappé un joli coup en invitant deux « leaders » bien médiatisés : Mme Selma Baccar cinéaste émérite avec entr'autres ses chefs-d'œuvre : « Khochkhach (fleur d'oubli) et la danse du feu sur Habiba Msika, et l'emblématique Cheikh Abdelfatah Mourou du mouvement islamiste Nadha.
Le débat était très animé et sans concessions (bidoun Moujamala) en conformité avec la ligne éditoriale de l'émission.
De Cheikh Mourou, il me revient ce lointain souvenir des années soixante où par une après-midi printanière, un grand jeune homme élancé portant habit traditionnel du Sud tunisien, est apparu pour la première fois en public pour haranguer les foules estudiantines du côté du palais de la « bourse du travail » à Tunis – Marine. C'était lors d'un meeting de la « corpo » de la faculté de droit de l'UGET (Union générale des Etudiants tunisiens) en présence du président du conseil des ministres de l'époque feu Si Bahi Ladgham en personne.
Dans son intervention le jeune tribun a ébloui l'assistance par sa fougue enflammée, mais surtout par ses références coraniques et la citation des « hadiths » du prophète.
Si El Bahi n'a pas manqué de nous demander d'abord « qui est ce jeune homme »… puis en vieux routier connaisseur de la pensée islamique et Zeitounienne il s'adressa à l'assistance en ces termes : « Mes enfants faites attention ne mélangez pas la religion et la politique et rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu… L'Islam en Tunisie est malékite et spécifique ».
C'est dire que le débat sur le rapport de la religion avec la politique et la nécessité ou pas, de séparer cette dernière de l'Etat ne date pas d'aujourd'hui. Mieux encore ce processus a un bel avenir en perspective avec la montée en puissance des partis politiques islamistes bien que différenciés et non homogènes.
Essayons, pour notre part, de relativiser et de ne pas tomber ni dans la naïveté excessive, ni dans la diabolisation gratuite et infondée.
Je commencerai d'abord par un reproche à ceux qui agitent un concept qui peut porter à équivoque : « La laïcité ».
Ses racines prennent source dans l'Histoire de l'Occident chrétien du temps où il fallait séparer l'Eglise dominante de l'Etat démocratique et pluraliste naissant. Ce cheminement a été entamé depuis Saint Augustin au Moyen-âge, pour atteindre sa plénitude avec Voltaire et les révolutions libérales européennes au 18e siècle.
En fait la Tunisie a toujours été une exception à ce niveau et le Cheikh Mourou, le reconnaît lui aussi, parce que l'islamité dans notre pays, toujours a été une synthèse heureuse entre le culte, le rituel et la culture vécue et pratiquée solidairement, loin du fanatisme et de la rigueur religieuse appliquée au Moyen-Orient et dans le Golfe chiîte et Wahabite. L'Islam en Tunisie a toujours constitué une sorte « d'atmosphère » où baigne le bonheur du « vivre ensemble » et de la célébration fraternelle et joyeuse.
C'est l'école de Kairouan et de la Zitouna. C'est ainsi, du Ramadan, de l'aïd, de la Omra et du haj etc… qui sont fêtés solidairement sans rigueur excessive ni obligation prétorienne : « La Ikraha fiddin…, waddin yusr wa leiça osr » !
Des valeurs bien ancrées dans le vécu islamique de notre pays et de notre peuple même ceux qui ne pratiquent pas la religion ne sont ni mis à l'écart ni culpabilisés !
« La « Laïcité » agitée avec une certaine agressivité verbale dans ce contexte, peut être plus nocive que bienfaitrice parce que la société tunisienne est « laïque » de fait par la tolérance absolue héritée de nos grands maîtres de la Zitouna, les Cheikhs : Tahar et Fadhel Ben Achour, Chedly Naïfar, Habib Belkhoja Mokhtar Sallemi, Abderahmen Khlif et bien d'autres et avant eux les Cheikhs Salem Bouhajeb, Beyram V, Al Khedhr Hassine etc…
La pensée islamique tunisienne a toujours été libérale et progressiste et en avance sur les doctrines des autres pays musulmans.
En revanche il est légitime de revendiquer la séparation de la religion et de la pratique politique structurellement. Les mosquées sont les maisons de Dieu et non le siège de partis politiques qui peuvent prôner la violence dans le changement politique. La mobilisation politique doit se faire dans les structures civiles d'autant plus que la loi depuis la révolution a autorisé la pluralité des partis.
Encore une fois, ce dont Mme Baccar a peur et elle n'est pas la seule, c'est l'institutionnalisation d'un nouveau despotisme, et d'une nouvelle terreur sous couvert de la religion et d'une interprétation erronée de la parole de Dieu qui est en contradiction flagrante avec notre islamité tunisienne, libérale tolérante et fraternelle.
Je ne dis pas qu'il faut occulter totalement la « laïcité », mais il s'agit de nous faire l'économie de tout ce qui peut nous désunir au moment où nous avons besoin de la paix sociale et celle des cœurs. Et comme le disait si bien le Calife Al Imam Ali : « Al fitnatou achaddou minal katl ». (la sédition est plus grave que le meurtre)… !


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