L'euphorie des insurgés libyens après l'adoption de la Résolution 1973 du Conseil de sécurité tourne à la déception. Non seulement le mandat onusien n'a autorisé qu'une zone d'exclusion aérienne, mais l'intervention militaire de l'OTAN a été loin de paralyser la machine génocidaire de Kadhafi. Pis encore : on a enregistré, hier, la deuxième « bavure » des forces de l'Alliance Atlantique qui a touché les rebelles. Avec l'impuissance de ces derniers de réaliser une avancée tangible contre les forces de Kadhafi, le conflit libyen se complique, risque de durer et on ne saurait forcément donner gain de cause aux rebelles. Loin de verser dans la théorie du complot, la lenteur des opérations atlantiques laisse perplexe. Certains analystes et experts n'excluent pas des calculs politico-économiques pour expliquer la situation. L'alliance capable militairement de détruire les forces de Kadhafi, ne peut pas, logiquement offrir le pouvoir sur un plateau à des rebelles pas encore bien organisés et dont la ligne politique et idéologique n'est pas claire. Toutes les spéculations tournent autour des orientations de la future classe dirigeante en Libye. L'actuel Conseil national à Benghazi n'est que transitoire. La question devient plus importante pour les puissances occidentales au vu de l'importance de la manne pétrolière libyenne et des contrats économiques juteux qui se profilent à l'horizon pour la reconstruction d'un pays largement détruit par l'artillerie lourde de Kadhafi. Autre raison d'explication et non des moindres : l'absence d'un « pilotage politique commun », entre ces pays. Si ces pays sont tous d'accord sur le départ de Kadhafi, ils sont en revanche divisés quant à la future Libye. Entre la France de Sarkozy qui a pris l'initiative contre Kadhafi et reconnu les rebelles et l'Italie de Berlusconi qui risque de perdre sa place de premier partenaire économique de la Libye, un total accord n'est pas aisé. Quant à l'hyperpuissance américaine, qui tire, in fine, les ficelles de l'intervention militaire, elle est plutôt préoccupée par la stabilité de toute la région avec, en filigrane, le risque terroriste. En somme l'OTAN avance à reculons tandis que Kadhafi continue de sévir et que le peuple libyen en paye le lourd tribut. C'est triste mais la politique n'a jamais été une affaire de principes ni de charité.