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Une couleuvre très mal avalée
Enseignement supérieur : Licence-Mastère-Doctorat
Publié dans Le Temps le 17 - 04 - 2011

Dans une lettre relativement récente adressée au ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique, la Fédération Générale de l'Enseignement Supérieur a demandé, entres autres, à ce que l'on procède le plus tôt possible à une évaluation et à une révision du régime d'études appelé LMD (Licence-Mastère-Doctorat) dont le projet d'établissement et de généralisation s'achève cette année, selon les prévisions officielles.
Ce système a été en effet institué sans que les principaux acteurs appelés à l'appliquer ne soient d'accord avec son adoption. Ni les étudiants, ni les enseignants ni le syndicat du Supérieur n'avaient approuvé la mise en place du LMD et pourtant, comme le dénonçait le professeur Abdessalem Mahmoud dans l'un de ses articles publié
dans le bulletin « l'Universitaire juin 2009), « malgré l'opposition et les réserves, le ministère de tutelle (était) ferme à faire avaler la pilule du LMD ». Pour confirmer
ce qu'avance notre universitaire
sur le peu d'échos que ce
régime avait recueillis auprès des
enseignants du Supérieur, nous
sommes revenus à un document
précieux présenté lors d'un séminaire
sur l'évaluation préliminaire
du système LMD, organisé le 2
décembre 2009 à la Faculté de
Droit et des Sciences Politiques de
Tunis. Il s'agit d'une enquête
effectuée auprès d'un nombre
conséquent de professeurs.
Un régime mal venu !
On y découvre que la majorité
des enseignants considèrent tout
d'abord que les projets de licences
proposés n'ont pas fait l'objet de
concertation avec les structures
concernées (départements, conseils
scientifiques, conseils d'universités,
commissions, assemblées
générales des enseignants), ensuite
qu'ils avaient une connaissance
plutôt moyenne du nouveau
régime, que d'autre part leurs établissements
n'ont pas effectué
d'évaluation de leurs moyens
humains et logistiques, et surtout
que le personnel administratif n'a
pas été formé pour gérer le nouveau
système. Dans le même sens,
l'enquête nous apprend que les institutions
n'ont pas mis en place de
moyens supplémentaires en vue
d'améliorer la formation des étudiants
et que les entreprises n'ont
contribué que très faiblement à la
création des licences appliquées.
D'autre part, les professeurs interrogés
estiment que leurs institutions
respectives ne se sont pas
dotées des équipements modernes
nécessaires et que pour les disciplines
innovantes, le personnel
enseignant n'a bénéficié d'aucune
formation spécifique. Ils considèrent,
sur un autre plan, que la mise
en place des nouvelles licences les
a encombrés de nouvelles tâches et
de davantage d'heures supplémentaires,
sans bien entendu que ce
surplus de travail ne soit rétribué.
Inflation de diplômes
et chances inégales
Pour en revenir à l'article de M.
Abdessalem Mahmoud, il résume
très lucidement l'ensemble de ces
griefs et va encore plus loin en
dénonçant les mauvais choix du
ministère de tutelle et les conséquences
désastreuses du nouveau
régime sur la formation des étudiants
et sur la valeur de leurs
diplômes. En voici quelques
extraits édifiants : « L'université
tunisienne compte actuellement
370.000 étudiants encadrés par près
de 20.000 enseignants dans presque
200 établissements qui
octroient 70.000 diplômes à chaque
fin d'année universitaire. Cependant,
la répartition inégale des
diplômés aux dépens des sections
d'engineering et des TIC les a handicapés
en termes d'employabilité.
Seuls moins de 25 % des étudiants
sont inscrits dans ces créneaux prometteurs
(…) Les diplômés des
filières littéraires, artistiques et des
sciences sociales ont souvent moins
de chances de trouver un emploi
correspondant à leur formation. Le
système d'orientation en vigueur
reste tributaire de choix politiques
dans l'enseignement supérieur.
Bien qu'il fût, au départ, informatisé
et programmé selon des critères
plus ou moins objectifs, il commençait
à devenir plus malléable et
manipulable sous l'effet d'interventions
et selon des critères ne
correspondant pas toujours aux
mérites des bacheliers. En outre, la
carte universitaire doit être mise à
jour afin de réduire les disparités
géographiques en matière d'enseignement
supérieur. Il n'est pas rare
de voir de nouvelles créations
d'institutions universitaires parachutées
dans un « désert » culturel,
scientifique et technologique
(absence de grandes bibliothèques,
de laboratoires, d'hôpitaux universitaires).
Dans la plupart de ces institutions,
le corps A est inexistant
ou presque. Le LMD va accentuer
l'inflation des diplômes et leur
dévaluation. L'emploi des diplômés
s'affaiblirait et les besoins de formation
et d'éducation permanente
seront plus prégnants. »
Arrêter le désastre
Abdessalem Mahmoud écrit plus
loin : « L'année académique 2008-
2009 a connu la création de plus
de 100 masters professionnels. Or,
pas mal de diplômés sont sans
emploi. Dans le sillage de la crise
financière mondiale, les chances
d'accéder à un emploi deviennent
encore plus minimes … Souvent,
la réalité du marché de l'emploi est
régie par des critères personnels,
clientélistes, politiques etc. Le
diplôme n'est pas nécessairement
garant d'accès à l'emploi. Il arrive
souvent que des diplômés, parfois
même des non diplômés, occupent
des postes ne correspondant pas à
leurs spécialités. L'application du
système LMD est en train de se
faire, bon gré mal gré, prétendant
hisser notre enseignement universitaire
au niveau de celui des pays
avancés. Dans ces derniers, l'environnement
social, technologique,
scientifique, politique et culturel
était plus ou moins favorable à la
spécialisation, à la mobilité horizontale
et verticale ; alors que chez
nous, il (le LMD) est appliqué audessus
de la hauteur de ses véritables
acteurs.» Maintenant que le
mal est fait et que les Tunisiens
sont conscients des retombées
désastreuses du LMD, il est peutêtre
temps après la Révolution de
repenser ce système en vue de
l'adapter à notre environnement
local et aux réelles compétences de
ceux qui sont censés participer à sa
réussite. Nous n'avons pas le
choix, surtout après avoir vécu les
conséquences dramatiques, voire
tragiques, du chômage des diplômés
sous nos latitudes.


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