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Armée de l'ombre instrumentalisant la religion ?
Déchaînement de haine et menaces de mort sur le net contre les mécréants
Publié dans Le Temps le 28 - 04 - 2011

Il fut un temps en Tunisie, où l'on risquait d'être emprisonné rien que pour avoir prié « l'aube » à la mosquée. Etre jeune et pratiquant inspiraient la méfiance. Puis le peuple se révolta contre son tyran et comme la liberté fut l'une des revendications du peuple, ces milliers de pratiquants, par le passé opprimés ont retrouvé leur liberté de culte.
Nous ne pouvons qu'être fiers d'un tel acquis et cela ne pouvait qu'adoucir les mœurs, puisque l'une des raisons importantes de la frustration qu'a connue le peuple tunisien n'avait plus de raison d'être.
Seulement, et malgré cet acquis, on continue encore de crier au loup contre l'Islam. Hijab sur la carte d'identité, libre pratique, libre choix vestimentaire n'auraient apparemment pas suffi à rassurer les Tunisiens sur « le sort de l'Islam ».
Pis encore, aujourd'hui, nous avons l'impression que certaines personnes, extrémistes ou même non pratiquantes « cultivent un goût de vengeance ». Leur vengeance ne va pas à l'encontre de ceux qui les ont opprimés autrefois, mais elle est plutôt portée à bâillonner n'importe qui en droit, osant d'émettre une critique ou faire part d'une inquiétude face à certaines pratiques hors normes. Les personnes exprimant leurs opinions politiques et qui n'auraient même pas évoqué le volet de l'Islam, tels les partisans de la laïcité ou les fervents de la démocratie sont aussi ciblées.
Les exemples sont nombreux et les personnes publiques tout comme des simples citoyens subissent aujourd'hui la même dictature qu'autrefois et la même « assignation au silence ». On aurait parfois l'impression que seul le dictateur a changé de visage.
Et si autrefois nous savions de qui nous méfier, aujourd'hui, l'anonymat couvre et aide à propager cette incitation à la haine, cette violence, cette « dictature » et ce déni même des acquis de la liberté de la Révolution.
Tous sont devenus des combattants, des héros, et il ne leur manque plus que l'épée et le cheval pour partir en Jihad contre les « croisés, les mécréants, les ennemis de Dieu » et défendre la religion.
Ils sont parfois des jeunes à l'apparence moderne, parfois des extrémistes qui ne le cachent point. Des gens qui n'ont aucun rapport avec la religion, aux plus érudits se sentent impliqués et investis par cette « sainte et sacrée bataille ! ».
Trois écrivains ont été jusque là ouvertement attaqués. Slim Sassi qui lors d'une réunion du comité de la protection de la révolution a « osé » dire que l'Islam appartenait à tout le monde et que la politique ne devrait pas s'y mêler, s'est vu « arracher de la scène » et on l'a carrément passé à tabac…
Ainsi, quand Yiadh Ben Achour exprima lors d'une interview son attachement à la démocratie en répondant à chaque question ; quelle est ta religion, quelle est ton identité, quelles sont tes croyances (…), rien que par le mot « démocratie », il fut aussitôt attaqué et lynché.
Ce qui est pire qu'une idiotie, car il est clair que Ben Achour voulait simplement relever l'importance d'instaurer la démocratie et qu'il ne faut pas beaucoup d'intelligence pour le comprendre, c'est l'instrumentalisation d'une pareille interview. On l'a alors propagée sous un commentaire des plus éloquents « voilà Tunisiens à quoi aurait servi votre révolution, on veut éradiquer l'Islam de cette terre, félicitations pour votre nouvelle religion ! ». Et le pire est qu'il y a eu des dizaines qui ont vite été attisés par ce commentaire et n'ont pas manqué de maudire Yiadh Ben Achour et de se déclarer prêts à défendre « corps et âme » l'Islam, que cet « infâme » osait attaquer.
Si cela venait d'Al Qaïda, on aurait peut-être compris, mais ces réactions viennent de personnes ayant grandi ici et ayant normalement été « tenues à l'écart » de toute tendance extrémiste.
Personnes publiques, simples citoyens, auteurs, penseurs, artistes, tous y passent et tous reçoivent leur lot d'injures pour une simple opinion émise en toute liberté, cette liberté à laquelle dont est justement assoiffé tout le peuple tunisien. Même la ligue des droits de l'Homme a été attaquée pour avoir dénoncé ces vagues de « Takfir », accusations de mécréances.
Qui tente aujourd'hui de manipuler ainsi les jeunes et cela profite à qui der voir les Tunisiens s'entre-déchirer ?
Cela peut justement servir ceux qui veulent créer ou approfondir une islamophobie déjà existante. Cela mène au retour à la restriction de la liberté du culte puisqu'on va devoir « prendre des mesures » contre cette montée de l'intégrisme et surtout le lot de violences qui peut s'y découler. Et même ceux qui ne l'ont pas vécu, savent très bien ce qui s'est passé au lendemain « des incidents du vitriol » et des attentats dans les hôtels lors des années 80.
Les contre attaques que suscite cette violence pourraient également servir aux extrémistes qui se présenteraient alors comme victimes. Et la Tunisie sera de nouveau ce pays « tyran » qui avec ou sans Ben Ali rejette et combat l'Islam et nous savons tous ce qui s'en suivait, surtout si Al Qaîda se proclame vouloir combattre les « infidèles » ici et soutenir les musulmans opprimés et interdit de pratiquer leur culte…
La Tunisie sombrant dans la violence, le déchirement, les luttes, cela ne servirait qu'à affaiblir notre pays et de le rendre plus vulnérable…
Hajer AJROUDI

Témoignages
Sofiène : «Attaqué pour avoir défendu la laïcité »
Il a suffi que je participe à des manifestations pour la laïcité et que j'en parle lors d'une émission Radio portant sur le sujet pour que la « campagne » commence à mon encontre. Ce fut un déchaînement. Non seulement on m'a insulté, menacé, accusé de combattre l'Islam, simplement car je suis aussi athée, mais ils ont aussi publié des conversations privées en les partageant sur le net. Il est vrai que je suis athée, mais je n'ai pas attaqué l'Islam et si je suis pro laïc, cela ne concerne que moi. On m'a accusé d'être franc-maçon et d'être aussi l'agent du Mossad. On m'a menacé de me brûler vif ou alors de me pendre haut et court. Le plus étrange est que non seulement je recevais des menaces de la part des extrémistes, mais également de la part de jeunes qui me disent « attends que je vide ma bouteille et je vais te montrer ce que je vais faire ». Comme j'ai des amis Islamistes, ils m'ont expliqué que ces jeunes, vivant dans le péché, ont simplement trouvé en ma personne une manière de déculpabiliser, comme quoi, même s'ils ne sont pas pratiquants, ils défendent l'Islam et ce sont de bons croyants. Et puis, on a commencé à m'accuser de choses que je n'ai pas commises. Comme quand le compte de Rached Ghannouchi a été piraté ou alors celui des « jeunes d'En Nahdha » le fut aussi. Une personne a fait un faux profil se faisant passer pour Soumaya Ghannouchi, la fille de Rached Ghannouchi, et on n'a pas manqué de m'accuser, sur son profil sur Facebook et d'une manière indirecte, d'en être l'auteur. On a ainsi initié une nouvelle grande réaction contre moi, une vraie incitation à l'attaque…
Raja : «Traînée dans un conflit que je n'ai pas provoqué»
L'année dernière, des fervents ont créé un groupe « l'insecticide humain ». Ce groupe se proclamait attaquer et combattre les athées et les ennemis de Dieu et on m'a épinglé dans la liste des « mécréants » à éliminer, m'appelant à me joindre à mes semblables dans des chambres à gaz. J'ai certes participé à des conversations portant sur la religion, mais je n'ai pas affiché de l'athéisme ou alors manqué de respect à la religion. Ils y a des gens qui l'ont fait, qui ont publié des caricatures sur le prophète ou mis en doute l'existence de Dieu et ils ont alors suscité des réactions. Seulement et bien que je n'appartienne pas à ces gens-là, on m'a mise dans le même panier.
Cette année et suite à la manifestation pour la laïcité, les mêmes personnes ont publié ma photo, nom et prénom, ainsi que ceux des personnes ayant aussi manifesté avec nous et ils ont appelé encore une fois à nous éliminer. Ainsi je reçois des accusations d'hérésie et des menaces de mise à mort. Cela s'accompagne bien évidemment d'insultes et d'injures…
J'ai l'impression de me trouver face à une vraie armée de l'ombre. Ces gens ne font que ça à leurs heures. Ils invoquent des arguments pour appeler à la haine et citent le Coran et le Hadith pour appuyer leurs injures et leurs menaces de mort… »


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