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Les quatre priorités pour la relance de l'économie tunisienne Stratégies - Emmanuel Noutary, délégué général d'ANIMA Investment Network et directeur du programme Invest in Med
1/Fidéliser les investisseurs étrangers et impliquer la Diaspora dans la relance économique du pays 2/Renforcer les politiques de développement dans les régions défavorisées 3/L'Union européenne doit tendre la main à la Tunisie 4/Renforcer le partenariat avec les pays du Sud L'économie tunisienne passe par une période difficile. L'enjeu est d'arriver à se servir de cette transition comme accélérateur de développement. Si la transition démocratique réussit, les conditions à un décollage économique seront favorables. En tant qu'observateur du terrain, du comportement des entreprises et des opérateurs économiques, Emmanuel Noutary délégué général d'ANIMA Investment Network et directeur du programme invest in Med, la plate-forme multipays de développement économique de la Méditerranée basée à Marseille a précisé durant le forum de Réalités que ce programme de la relance de l'économie tunisienne passe tout d'abord par le maintien autant que possible de ses revenus extérieurs « Il faudrait éviter l'hémorragie au niveau des investissements directs étrangers a-t-il précisé. Selon l'observatoire des investissements et des partenariats que nous suivons chez ANIMA depuis 2003 avec l'appui du programme Invest in Med, la Tunisie accuse une chute de ses IDE de plus de 30% au premier trimestre par rapport à l'an dernier. C'est mieux qu'en Egypte (-50%) la Libye et la Syrie où il n'a quasiment plus d'annonces d'investissements depuis que des mouvements démocratiques se sont manifestés. Pourtant en montant, la Tunisie est plutôt épargnée au premier trimestre, grâce à deux gros projets gaziers de l'autrichien OMV et de l'italien ENI. Et contrairement à l'Egypte, il y a eu peu de départs d'entreprises étrangères de la Tunisie depuis la révolution. Du coup, dans cette période de transition, il convient probablement de mettre en place des stratégies d'after pour fidéliser les investisseurs étrangers présents sur le territoire et travailler avec eux sur des extensions ou des réinvestissements. Cela peut passer par de l'assistance à ces entreprises dans la recherche de nouvelles opportunités de croissance dans le pays, l'animation des filières sectorielles pour susciter des opportunités de nouveaux développements, la prospection ou l'appui au développement de sous traitants pour aider ces entreprises à asseoir leur ancrage dans le pays. Dans la même logique, cette transition est l'occasion de faire appel aux talents expatriés de la diaspora. S'il y a bien parmi les étrangers une population qui souhaite être utile pour la Tunisie aujourd'hui, ce sont eux. Les possibilités sont nombreuses : les associer comme relais d'opinion pour rassurer les étrangers sur la situation en Tunisie, les impliquer dans des projets de développement, de formation, d'aide à l'entreprenariat, les solliciter avec des opportunités d'investissements, les aider à créer de nouvelles entreprises. Ceci sans oublier de relancer le tourisme car les revenus du tourisme sont essentiels pour l'économie tunisienne et les efforts doivent être déployés pour consolider ce secteur au plus vite
Renforcer les politiques de développement dans les régions défavorisées C'est évidemment une attente forte de la part des populations de ces régions qui sont de surcroît celles qui ont catalysé l'élan révolutionnaire dans le pays. Mais comment renforcer les politiques de développement dans ces régions ? Emmanuel Noutary explique en ces termes « la politique agricole est un axe important de développement, pour des raisons d'indépendance alimentaire, mais aussi de renforcement des exportations. L'enjeu est la modernisation, la montée en gamme, le marketing. Le sujet n'est pas déconnecté d'un certain tourisme agricole, qui pourrait se développer, comme en Italie. L'Union Européenne a publié le 8 mars dernier un panel de nouvelles priorités pour accompagner les transitions démocratiques parmi lesquelles figure un appui au développement agricole et rural. Il faut les prendre au mot et faire des propositions. Au-delà de l'axe sectoriel, il faut noter que la Tunisie s'est dotée au cours des années passées d'un des systèmes les plus complets de la région pour soutenir le développement des entreprises dans les régions : pépinières, sociétés régionales de capital risques, centres techniques, zones industrielles, zones d'offshoring dotées de dispositifs très incitatifs. Il y a là un cadre existant à renforcer. Peut-être qu'il faut réformer les gouvernances si c'est nécessaire, donner plus de moyens, mieux décentraliser et mettre en place des dispositifs de motivation des personnels, mais il y a là indéniablement un acquis sur lequel on peut capitaliser.
Ancrage à l'Europe : développer un partenariat renforcé Les valeurs qui se sont exprimées dans le mouvement démocratique sont partagées par les pays européens : égalité des droits, liberté d'opinion, laïcité. « L'Union Européenne a estimé le directeur du programme invest in Med devrait donc se saisir de cette occasion pour tendre la main à la Tunisie, sans doute aussi aux Egyptiens, et renforcer son partenariat avec ces pays. Mais renforcer son soutien ne veut pas simplement dire des moyens supplémentaires, même s'il est évident que l'aide à la Tunisie est très en-dessous de ce que propose l'UE à ces voisins à l'Est de l'Europe. Cela inclue probablement une offre de partenariat étendue qui renforce les mouvements de biens et services sans restriction, les mouvements de capitaux et les mouvements des personnes. Un nouveau pacte pour la démocratie et le développement est possible dans cet espace euro-méditerranéen » La Tunisie est certes un petit marché très tourné vers l'export. « La transition qui s'ouvre est l'occasion de se positionner comme un hub entre Europe et Afrique, et avec les pays voisins méditerranéens. Il est temps que la Tunisie travaille à une intégration au Sud. L'accord d'Agadir qui est soutenu par l'UE est associé à l'Egypte et à la Tunisie, les nouveaux démocrates, en plus du Maroc et de la Jordanie, il est probablement un outil sur lequel la Tunisie pourra construire un projet ambitieux » a affirmé Emmanuel Noutary délégué général d'ANIMA Investment Network et directeur du programme invest in Med.