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Commémoration à Tataouine du 55è anniversaire de la bataille d'Agri et de Ghar Ejjani en présence du doyen des militants arabes, M.Hassin Triki Symboles
La ville de Tataouine, à son tour, vient de rendre hommage à Hassine Triki, compagnon de parcours de feu Salah Ben Youssef, qui consacra sa vie à défendre partout dans le monde la cause des peuples arabes colonisés, ce qui lui valut d'être deux fois condamné à la peine capitale, en 1947 par les tribunaux de France en raison de sa lutte au sein des factions armées relevant du parti du Destour et sa collaboration avec les forces de l'Axe, puis en 1957 par les tribunaux mis en place par Bourguiba pour pourchasser ses détracteurs, et une troisième fois par les services secrets israéliens qui mirent sa tête à mort, après avoir échoué de le corrompre en cherchant vainement à acheter au prix très alléchant sa démission de la mission qui lui avait été confiée en tant qu'ambassadeur et porte -parole de la cause du peuple palestinien en Amérique Latine, et précisément en Argentine où il élut domicile. Une semaine après le vibrant hommage qui lui avait été rendu à Djerba, le doyen des militants tunisiens et arabes avait de nouveau rendez-vous avec cette région du sud-est, sur invitation de l'Union des associations de la société Civile de Tatahouine, englobant entre autres l'Association des Amis de la Mémoire de la Terre ( aamtt ) et l'Association de Sauvegarde du patrimoine de Tatahouine, et qui a tenu cette année pour la première fois dans l'histoire de la Tunisie indépendante, à commémorer le cinquante cinquième anniversaire de la sanglante bataille d' Agri et de Ghar Ejjani survenue le 29 mai 1956. Il était impensable, avant la révolution bénie du 14 janvier, d'entreprendre une telle initiative pour les raisons que nous connaissons. Pour longtemps interdits de libre expression et de lecture objective de l'histoire, les organisateurs de la manifestation étaient décidés cette année à tirer de l'anonymat l'avènement de cette bataille héroïque passée pour longtemps sous silence et au cours de laquelle, pourtant, des combattants de la région payèrent chèrement le prix de leur fidélité à Salah Ben Youssef et périrent atrocement sous les bombes ennemies, avec la complicité tacite du nouveau pouvoir fraîchement mis en place. Des dizaines de martyrs, une soixantaine selon les témoignages recueillis, furent lâchement persécutés, et leurs cadavres ignoblement abandonnés en proie aux prédateurs sauvages, privés même du droit à une sépulture digne. Le travail de longue haleine, fait d'études livresques, de minutieuses enquêtes et de recherches sur le terrain, entrepris inlassablement par une poignée de « justiciers » mus par le désir de connaissance de la vérité, a permis de faire la lumière sur toutes les péripéties, les tenants et les aboutissants de ladite bataille, et une liste nominative de cinquante martyres a été déjà constituée, en attendant le reste. La cérémonie qui a eu lieu dimanche 29 mai, au complexe culturel de Tataouine était inédite et inaccoutumée : en présence de Si Hassine Triki, cette icône vivante du mouvement youssefiste, et de quelques rares survivants de la bataille, un hommage émouvant a été rendu à la mémoire des valeureux martyrs de la nation . Ce symbole du militantisme panarabe a ému l'assistance, dans un discours fluide, cohérent et passionnant, dans lequel il a passé en revuef les péripéties de sa riche expérience tant politique que diplomatique et de son parcours de militant itinérant, sans jamais être trahi par sa mémoire, sans jamais perdre le fil conducteur en dépit des nombreuses digressions ayant marqué son discours, évoquant au passage ses souvenirs, les bons et les mauvais, et prodiguant, en guise de conclusion, ses précieux conseils d'homme chevronné et aguerri.